En prélude au festival Les Suds d'Arles, quelques mots sur Rocio Marquez, cantaora flamenca et figura en devenir.

En décembre 2009, Rocio Marquez, accompagnée par Guillermo Guillen, donnait deux concerts acoustiques à la peña Flamenco en France. Instants mémorables. Elle a une voix puissante, qui lui permet toutes les prouesses vocales. Mais elle ne le fait pas au détriment de la sensibilité. Elle chante avec une générosité rare. Personnellement, sur l'ensemble des deux concerts, j'ai sans doute préféré le premier, celui du vendredi. Elle paraissait plus libre. En particulier, les tangos qu'elle a chanté en symbiose parfaite avec son guitariste. C'est ce point de jonction miraculeux où le talent, l'harmonie et la complicité se rencontrent pour donner la poésie absolue qu'est le duende.
Le fait de chanter sans la contrainte du micro lui donne une liberté de mouvement étonnante. En particulier, quand elle chante la siguiriya, le long Ay qui annonce le chant, ce cri qui fait basculer dans l'indicible, elle va le chercher loin en elle et le pousse loin devant. Elle se penche, au point d'être quasiment coupée en deux, et se relève pour expulser ce Ay qui n'en finit pas. Son corps chante aussi. Elle sort des sentiers balisés avec des inventions musicales hardies qui sont un vrai plaisir car cela impose une redécouverte, une réécoute de certains chants. La farruca qu'elle chante sur un tempo plutôt lent et qu'elle termine par une guajira est un plaisir pour l'oreille. La malagueña qu'elle conclue par des caracoles est elle aussi une heureuse surprise. L'orthodoxie impose souvent de terminer la malagueña, chant de Malaga, par des verdiales, plus festifs, eux aussi de cette région. Et elle reste malgré tout dans une pureté originelle. La peña était bondée les deux soirs, bienheureux ceux qui avaient pu entrer.
Mais il y a séance de rattrapage dans un cadre somptueux. Rocio Marquez fera la première partie de Diego El Cigala le 16 juillet au Théâtre Antique, dans le cadre du festival Les Suds d'Arles.
Pour en savoir plus sur Rocio, lire l'article de Marie Ningres sur le site toutpourlesfemmes.com