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Billet de blog 14 décembre 2015

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Cirque Romanès dans une toute petite zone libre

La situation du cirque Romanès devient intenable. Il est temps de réagir. Etat des lieux.

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Illustration 1
affiche du cirque Romanès

Vendredi soir, je suis allée au Cirque Romanès. Je l'avais connu dans le 18e arrondissement, je l'avais suivi à la porte Champerret, puis à la pelouse de Reuilly. Mais je n'étais encore jamais allée Porte Maillot, leur ultime emplacement. Une remarque préliminaire : comme les Romanès appartiennent à la grande « communauté des gens du voyage », j'imagine qu'il semble normal à tout fonctionnaire zélé de leur faire faire le tour de Paris dans un sens puis dans l'autre. Mais passons sur cet aspect des choses qui est secondaire au vu de la situation actuelle.

Imaginez la Porte Maillot, son palais des Congrès, temple triomphant du capitalisme et de la culture dominante, scintillant de mille feux, c'est Noël, ne l'oublions pas. Avenue de la Grande Armée, les voitures vrombissent, impatientes qu 'elles sont d'atteindre l'autoroute toute proche. Cette avenue, une fois traversée, nous sommes à l'orée du bois de Boulogne. Le tintamarre fait place à un silence pesant. Une allée chic, bordée d'un côté d'immeubles patriciens, protégés de la rue par des jardinets, isolés par des grilles élégantes, de l'autre le bois. Et dans ce bois, en marchant deux ou trois cents mètres, choc des cultures, on arrive au cirque Romanès. On aperçoit les caravanes d'un autre âge, on est très loin du poncif caravane rutilante tractée par une Mercedes, tout aussi rutilante. Devant le chapiteau, un brasero à l'ancienne qui réchauffe par cette froidure hivernale. Comme restauration, une salade et/ou d'excellentes saucisses cuites à la braise. L'accueil est chaleureux. Très vite, Delia, la matriarche, âme de la troupe, évoque les agressions dont ils sont victimes systématiquement, le vandalisme que subissent les caravanes et le sentiment d'étrangeté qu'ils ressentent à vivre loin de tout, dans un quartier qui est une autre planète et pas seulement pour les Tsiganes de Romanès.

Illustration 2
Roza qui exprime toute la poésie des Romanès © Dominique Sechet

Comme on disait chez moi, qui a eu cette idée aussi « sotte que grenue » ? On peut imaginer qu'en haut lieu, les brainstorming sur le thème où mettre les Romanès se sont succédés. Au nom de la mixité sociale sans doute, on va marier la carpe et le lapin, ou le lion et la gazelle. Et qui va manger qui ? C'est une situation dangereuse qui ne peut pas s'éterniser. Quand on a vu les lieux, quand on comptabilise toutes les agressions subies, une seule solution est envisageable, il faut trouver un autre emplacement digne qui permette au cirque Romanès de vivre et ne mette pas en danger l'intégrité des personnes.

En attendant une solution acceptable, il faut soutenir le cirque. Profitons des vacances de Noël pour emmener nos enfants, nos petits enfants voir « La Lune Tzigane brille plus que le Soleil ! ». Et pour tenter de finir l'année le mieux possible en faisant un pied de nez aux riverains cossus, allons au réveillon « Folie Tzigane en Zone Libre » ! Et comme on dit en Roumanie, démarrer une année avec des Gitans porte bonheur !Seul le public peut être un rempart contre la haine. Soyons nombreux au rendez-vous.

 Renseignements et réservations01 40 09 24 20 ou 06 99 19 49 59 Email : cirque.romanes@wanadoo.fr/ Site Internet : www.cirqueromanes.com

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