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Billet de blog 21 octobre 2010

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Quelle semaine délicieuse, qui voit se succéder sur nos écrans et dans nos radios les vieux barbons de la droite qui se croient obligés de nous resservir la même soupe rancie. « Ah ! Nos jeunes dans la rue quelle irresponsabilité ! Qu'ont-ils à faire des retraites, ce n'est pas leur histoire, nous les notables travaillons pour le bien public en général et pour vous les jeunes en particulier ! » On peut abaisser l'âge pénal de la responsabilité juridique à 16 ans, considérer qu'à 16 ans, le jeune est un esclave tout a fait acceptable pour aller à la production, mais on lui dénierait le droit d'avoir un point de vue.

Heureusement, les jeunes ont un point de vue sur la question. Leur entrée dans le mouvement social, comme une effraction, oblige à se poser des questions qui vont bien au-delà de la retraite. Leur avenir est badigeonné de noir, longues études pour les uns, glandouille pour les autres, et le Pôle emploi pour tout le monde ou presque. A ce jour, je n'ai pas vu les syndicats poser la question du travail pour tous. La question des retraites est bien sûr une affaire financière. Laconiquement, je dirais « Prenons l'argent où il est», supprimons le bouclier fiscal, c'est une évidence, mais aussi tous les petits arrangements entre amis qui font une décote par ci, une décote par là. Si des spécialistes mettaient leur nez dans l'ISF, trouveraient-ils le montant exact dû par les imposables ? Mais là n'est pas le propos. Y-a-t-il au jour d'aujourd'hui et dans les années à venir du travail pour tout le monde. J'en doute. Alors bien sûr on a commencé par montrer du doigt les nantis du babyboom qui partent avec un pont d'or à la retraite (ma mirifique retraite s'élève à 1600 € dont 400 de retraite de réversion, complémentaires comprises). J'admets que nous sommes des nantis car nous avons eu la chance de connaître, étudiants, les petits boulots qui permettaient de vivre comme des princes, adultes, le plein emploi, et, en prime, la liberté de vivre, de se battre, d'aimer, d'exister, et cela n'a pas de prix. Mais tous ces pseudo nantis ont pour certains d'entre nous été mis au rancart, jetés comme de vieilles éponges, mis en pré-retraite, sans le moindre égard, avec une retraite amputée d'autant. Comment peut-on croire une seconde au discours lénifiant sur le travail des seniors, pour qui la seule perspective est la mise à la poubelle. En fait l'idée sous-jacente à l'affaire des retraites est la précarité pour tous, les jeunes, les vieux et les intermédiaires.

Alors pourquoi ne pas redéfinir le travail aujourd'hui ? Puisque la structure même de l'entreprise est bouleversée, que le patronat n'est plus le patronat, et que le vrai patron, c'est la finance internationale, le fonds de pension ou le fonds tout court. Autant dire du flou, une nébuleuse qui va se nicher aux îles Caïmans, à Genève ou encore au Liechtenstein ou ailleurs. Devant cette réalité, la réflexion des organisations syndicales et politiques est inexistante. Elles continuent à faire comme si le gouvernement et les patrons avaient un vrai pouvoir. Alors que la seule ambition de ceux-ci est de garder la précieuse note AAA, dont tout le monde se gargarise, qui classe la France dans le peloton des pays respectables. Les journalistes, les commentateurs en ont plein la bouche de cette fameuse note AAA qui a fleuri sur les décombres laissées par la crise. Ils seraient sans doute bien en peine d'en donner une définition sérieuse. Mais c'est à nous de redéfinir les enjeux, redistribuons les richesses produites par tous, imposons aux banques de nouvelles règles, éloignées de la spéculation, organisons nous. Comme le disent Monique Pinçon et son compagnon, les riches s'organisent, nous pouvons en faire autant en abandonnant les vieux schémas, en réfléchissant et redéfinissant de nouvelles donnes sociales et un nouveau rapport au travail.

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