
L’affluence festive qui envahissait hier les pelouses et les ruelles diminue. Les micros tombent en panne, les bénévoles non indemnisés portent désormais sur leurs épaules l’ingénierie nécessaire au maintien d’une initiative rare, hétéroclite, qui maille les voix entre les rives, mélange auteurs en herbe et écritures haut de gamme. Certes la poésie ne s’est jamais vraiment vendue, les éditeurs épris d’ici et d’ailleurs le savent hélas assez. Mais, contrairement aux idées reçues, l’accès gratuit à l’essentiel de la parole qui veut durer coûte cher. Pourtant la poésie résiste, les artistes de la parole déambulent et certains font leur chemin singulier jusqu’à reconnaissance locale, nationale, voire internationale.
En témoigne le parcours de Laurence Vielle, venue de Belgique dans la mouvance des éditions maelstrÖm, qui ne cesse de conquérir de l’audience. Relayée par les éditions Al Manar, pilier de la littérature méditerranéenne, notre poète-vedette est enfin, pour de vrai, diffusée dans toutes les bonnes librairies de France. Artiste authentique à l’énergie orale insatiable, son humour décalé nous délivre du phraseux. Son premier concert au Théâtre de la mer, entourée de musiciens talentueux et débonnaires, de Michel Arbatz chantant Prévert et de Diego la Onda chantant Brassens, vient de graver une danse de plus à une création originale. « On n’était pas gavé du tout ! ».
Pas sûr cependant que le prix des places occupées suffise à renflouer le festival et la vie précaire des auteurs-chanteurs saltimbanques qui font la saison. L’avenir dira.
Laurence M.
PS : J'héberge Laurence M. pour cet appel au secours salutaire afin de sauver le festival Voix vives de Méditerranée.