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Billet de blog 18 octobre 2017

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DE LA VIOLENCE QUOTIDIENNE

Nous pensons que le fantôme de cet enseignant, nourri d’anxiolytiques et d’antidépresseurs, croisé, avec effroi, durant nos premières années d’enseignement, est une image effacée de notre mémoire. Cependant, tant que l’Education nationale sera cette mère bienveillante mais aveugle, cette grinçante mécanique géante et implacable, elle continuera de broyer et de dévorer ses propres enfants...

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Ce qui relève de la violence quotidienne de la part de l’Education nationale à l’égard des enseignants, qu’elle devrait pourtant tout faire pour  conserver actifs, heureux et performants, du fait même de l’évident défaut d’attractivité du métier aujourd’hui, c’est qu’elle puisse disposer des droits suffisants sur la fin de carrière d’un fonctionnaire, (après vingt-cinq ans de travail et les félicitations de son inspectrice pour l’heureuse maturation de son enseignement), fonctionnaire par ailleurs travailleur handicapé ;

ce qui relève donc de la violence ordinaire et quotidienne de la part de l’Education nationale,  c‘est qu’elle puisse disposer des droits suffisants, disions-nous, pour exiger de cet enseignant, travailleur handicapé, qu’il se rende chaque jour, du lundi au jeudi, dans un collège classé en Réseau d’Education Prioritaire, à une demi-heure en voiture de son lieu de résidence -à condition qu’il parte de chez lui une demi-heure trop tôt pour éviter la densité de la circulation et le retard conséquent, s’il n’agissait pas de la sorte, à sa première heure de cours de la matinée-

 un collège classé en Réseau d’Education Prioritaire donc car situé au cœur d’une cité très populaire de la ville où il se trouve, qui l’a bien entendu excentrée, ( comme l’on tient un objet répugnant entre le pouce et l’index le bras tendu le plus loin de soi possible) ; collège où il se voit imposer la présence d’un élève, nécessitant manifestement un suivi psychologique, puisqu’il a décidé d’empêcher ledit enseignant de dispenser son savoir, au reste des vingt-cinq autres élèves de la classe, par un comportement totalement inadapté, composé de soliloques à voix haute, de répétions de bribes de propos tenus par l’enseignant, et de fréquentes questions posées, sans autorisation préalable accordée, impertinentes, bien entendu, mais en vue de déclencher l’hilarité de ses camarades, fascinés par le spectacle d’une telle insolence aussi ouvertement permise par l’établissement, car sanctions et rapports demeureront inefficaces puisque cette attitude inadmissible, il n’en fait montre que durant le cours de cet enseignant-là par conséquent nécessairement suspect d’une quelconque défaillance pédagogique…

On ne se demande pas ce qu’il peut exister comme nature du discours paternel encourageant l’attitude du fils à agir de la sorte durant le cours de cet enseignant,  pour qu’il se comporte ainsi sans donner aucune justification alors que l’enseignant ne fait preuve d’aucune discrimination à l’égard de l’adolescent, non. On préfère abandonner le professeur au débordement névrotique de l’élève qui, faute de digues imposées, gagnera, peu à peu, c’est-à-dire au bout d’environ sept à huit semaines de cours, l’ensemble de la classe agissant comme une meute obéissant au chef, une foule dont l’inconscient collectif n’est autre que celui de l’indiscipliné tant il est vrai qu’il est beaucoup plus facile et agréable de céder au principe de plaisir qu’à celui, contraignant mais édifiant, de réalité !

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