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Billet de blog 28 juin 2017

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Platon : le bonheur de la réminiscence.

Si l'on ne se laisse pas abuser par une lecture simpliste de la pensée de Platon, son dualisme s'efface au profit d'une asssociation corps-esprit source d'immortalité.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La philosophie de Platon se donne comme finalité la connaissance du réel. Accéder à la dimension intelligible du monde est la condition nécessaire à l’accès à la vérité donc au bonheur. En effet, pour Platon, distinguer l’illusion de la réalité est un apprentissage qui permet à l’homme de découvrir son origine « céleste ». Autrement dit, la philosophie, selon lui, réside dans la reconnaissance de l’ignorance qui est la nôtre, motivation susceptible de nous fournir le mobile de la quête de vérité, de sagesse, de séparation entre l’ordre et le désordre, l’équilibre donc que seule une contemplation du cosmos, éclairé, dans toute sa beauté, par la lumière solaire -symbole, par excellence, d’intelligence et de lucidité, de justice et de raison- est à même de conférer à l’humain,  dans l’instabilité de sa condition mortelle puisqu’il est physiquement affecté par le vieillissement et la mort, du fait même de la matière qui le compose, son immortalité, grâce à l’existence de l’âme en lui.

Pour bien comprendre la complexité et la subtilité de la théorie de la Forme chez Platon, il faut avoir à l’esprit que la Forme ou l’Idée est ontologique par définition. C’est-à-dire, qu’elle est le moyen par lequel l’homme se souvient à nouveau, ou encore, reprend conscience de son immortalité, dans la mesure où il participe, comme, d’ailleurs, les objets du monde qu’il perçoit, de cette réalité intelligible à l’origine de tout ce qui est.

En effet, la dualité corps/esprit qui scinde l’homme en deux substances inconciliables n’est qu’apparente. La matière, le corps par l’intermédiaire duquel nous nous manifestons et existons ici-bas, est tantôt désigné par Platon comme un « tombeau (de l’âme), tantôt comme un signe (de cette même âme), car le philosophe utilise le terme grec « soma » qui l’exprime en jouant sur sa proximité graphique et sonore avec les noms qui lui permettent ce très significatif jeu de langage. Ainsi un très mauvais usage du corps, ne le considérant que comme une source de jouissances infinies, dans lesquelles l’homme en arrive à s’enliser et à dont il devient l’esclave (que l’on songe aux plaisirs excessifs provoqués par une alimentation mortifère ou à l’abus du tabac, des drogues diverses,etc…) le transforme en un véritable tombeau qui nie la spécificité humaine dans sa globalité. En revanche, traiter le corps comme le réceptacle précieux et fragile car périssable, altérable, de la vie et lui prodiguer les soins qu’il réclame, rend possible son illumination intellectuelle, cette merveilleuse corporéité que célébrera Montaigne au XVIe siècle.

Par ailleurs, la sépulture est aussi le lieu sacré renfermant la dépouille du défunt, son enveloppe charnelle, la matière qui le composa et devant lequel on se recueille, on prie, on se souvient. Là encore, le fait d’ensevelir ses morts est un fait culturel, qui bien sûr peut prendre des formes diverses, un signe d’humanité de la société qui la distingue radicalement des autres groupes animaux.

La conception de l’âme chez Platon est tributaire de sa croyance en une forme de vie avant son incarnation, autrement dit avant la naissance des êtres et après la mort du corps. Afin de rendre sa théorie de la transmigration des âmes accessible à l’intellect, le philosophe a recours à des mythes dont le plus élaboré sur ce sujet est celui de « l’Attelage ailé ».

                                                                                  Réflexion sur Platon à suivre...

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