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Billet de blog 5 mars 2014

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La leçon « Russe »

Depuis que Poutine s’est mis en tête d’intervenir en Ukraine en utilisant la manière forte beaucoup de nos concitoyens jamais guéris de la « Zaamatia » (1) se mettent à rêver, tout haut, d’un « Poutine Tunisien », d’un homme à poigne.

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Depuis que Poutine s’est mis en tête d’intervenir en Ukraine en utilisant la manière forte beaucoup de nos concitoyens jamais guéris de la « Zaamatia » (1) se mettent à rêver, tout haut, d’un « Poutine Tunisien », d’un homme à poigne.

On a l’impression que ces derniers n’ont rien compris au demi-siècle qui vient de se clore et qui a vu l’oeuvre de deux dictateurs à poigne. Nous ne pouvons qu’en mesurer le désastre.
Une leçon « Russe »!
La leçon « Russe" vaut pour nous autres tunisiens.

Prenez aujourd’hui un président "à poigne" (Bourguiba et Ben Ali en étaient) "à la Poutine", puisque ce dernier semble faire des émules parmi nos "beaux parleurs", de ceux qui n'ont jamais bouger le petit doigt ni avant ni après le 14 janvier 2011, que peut-il faire si nous considérons que:
1° Le moteur européen est complètement "à l'arrêt". (0,2%/0,3% de croissance pour la France et l'Allemagne).
Même l'Allemagne et ses 7 millions de salariés à 400 euros ne pavoise plus en ce moment et les ploutocrates français ne la prenne plus en exemple.
2° Le cycle de "vol et de rapine" basé sur la spéculation foncière est bel et bien terminé (on est passé en un quart de siècle de 1000 millimes à 1 million (voir plus) pour le m2 de terrain à bâtir.
Et le fameux "marché intérieur" qui a connu son âge d'or durant les "trente piteuses" (privatisons, privatisons... et enrichissez-vous) s’essouffle parce que nos "couches moyennes" se réveillent avec la gueule de bois, au propre et au figuré et qu'elles sont "à sec ».
« Riches » en immobilisation immobilière, mais pauvres comme "job", aujourd'hui, parce qu'elle ne trouvent plus preneur pour leur biens immobiliers "surévalués".
3° L'arlésienne d'un marché économique maghrébin ou africain avec des frontières étanches (5% d'échanges inter-maghrébins). (4)
4° Avec un "Etat dans l'Etat" (le Ministère de l'intérieur), une administration (nationale et régionale, administration judiciaire) vérolée par la corruption jusqu'à la moelle, l'existence de véritables baronnies mafieuses (contre-bande avec la complicité des barons de la mafia/armée algérienne), et last but not least une "classe politique" à la ramasse, faisant fonction d'Harkis pour les lobbys qui se disputent nos quelques richesses (voir l'épisode de la nomination de notre premier ministre Jomaa par les "pétroliers" et sa dernière prestation télévisée...) .
Avec tout cela "avec ou sans poigne" aucun Poutine "tunisien" n'est capable de faire avancer le schmilblick.
« Message fort et au travail »!
"Comment envoyer un message fort pour arrêter le pillage et se mettre au travail ?" affirme dans un spot Mohamed Balghouthi, un excellent analyste de la politique de prédation à laquelle est confronté notre pays. Avec cette prétention toute "théologique" d'avoir déjà la réponse. Cela court dans tous ses articles: https://www.facebook.com/mohamed.balghouthi/posts/10203320110181949?comment_id=8298601&offset=0&total_comments=21 qui éclairent de manière pointue la prédation en cours.

Quant aux réponses, Mohamed Balghouthi reste coincer, de par sa formation universitaire, dans une vision verticale. Ce sont « les experts » qui nous aideront à trouver les solutions! Et ils sont nombreux à penser de la sorte. Oublieux de simplement se rendre à l’évidence: même les meilleurs « cerveaux » se verront écrabouiller par la force des forces réactionnaires qui se coalisent pour que rien ne changent. Seule la mobilisations des classes laborieuses populaires peuvent bloquer par leur mobilisation enthousiaste les forces réactionnaires minoritaires (3). De plus il y n’a pas que les « expertises » aussi douées soient-elles qui peuvent cerner les dessous des problèmes. Seules les masses citoyennes mobilisées et structurées en forces organisées ayant leur mot à dire dans ce qui touche à leur vie quotidienne peuvent arrêter la contre-offensive des forces contre-révolutionnaires.
Aucune prétention de notre part de prétendre avoir une réponse globale, ni un programme ficelé.
Ce dernier ne peut être que l’œuvre de la mise en mouvement des principaux intéressés, parmi lesquels nous privilégions les couches laborieuses populaires et l’ensemble du monde du travail et ils sont majoritaires dans notre pays.
Mais on peut déjà, nous l’avons souvent écrit se mobiliser autour de questions qui rassemblent le maximum de forces pour stopper cette « vente à la découpe » de nos richesses et au final de notre pays:
1° la récupération de nos biens spoliés en mobilisant notre diaspora pour "pourrir" la vie aux gouvernants occidentaux qui font la sourde oreille pour faciliter le travail des juges, celui des enquêteurs, afin que les biens spoliés soient répertoriés, mis sous scellés et enfin rendu à la collectivité nationale.   
2° le refus de payer "leurs dettes". Les dettes contractées par la dictature sont des dettes « odieuses » sans aucune contestation possible. De plus nous avons remboursé le principal et ne reste que les intérêts multipliés par la technique du crédit revolving connu de tous les consommateurs pris dans la nasse du crédit à la consommation.
3° l'égalité fiscale, parce que les « forfaitaires »(2) au nombre de 400 000, ne payant que l’équivalent d’une facture d’un petit déjeuner en tout et pour tout sur l’année, comportent beaucoup des 6500 millionnaires répertoriés. Une campagne de redressement fiscal menée par une administration fiscale à laquelle seront donnés tous les moyens d’investigation reste une tâche urgente à accomplir.
4° la saisie de tous les hangars de la contre-bande, la mise sous scellés des biens de leurs propriétaires et un bon redressement fiscal à la clé, l’arrêt de l’importation, payée en devises fortes du surplus de la « robafekia » (5) occidentale et autres circuits mafieux des vêtements usagés.
5° la nationalisation du secteur bancaire sous contrôle conjoint des salariés du secteur et des citoyens. Nous refusons l’option libérale qui consiste à « payer deux fois »; une fois pour renflouer les « dettes » et une seconde pour payer ce qui nous revient de droit: le crédit. Celui-ci devra être mobiliser pour des projets à moyens et long termes pour réaliser nos projets d’électrification à base d’énergie solaire et éolienne en continuant à prospecter tout ce que recel ce secteur d’innovations possibles. Nous pouvons nous endetter afin d’exploiter rationnellement nos richesses minières. La mobilisation du crédit servira à préparer l’après voiture individuelle par la mise en place d’un vrai réseau de voies ferrées alimentées par des sources d’énergies alternatives aux énergies fossiles.
6° la nationalisation de TOUTES nos richesses minières avec création d'une pôle unifié de prospection, de gestion, et d'exploitation.
7° la dissolution de l'Etat dans l'Etat (le ministère de l'intérieur) et son remplacement par une administration décentralisée dont les fonctions "régaliennes" de contrôle et de "répression" sont mises sous la tutelle d'une autorité judiciaire indépendante.
8° la nationalisation du secteur touristique, avec une vraie stratégie de de développement d'éco-tourisme en lieu et place du "tourisme de masse" qui nous coûte déjà la bagatelle de 1000 milliards. (Total de la dette du secteur)
9° l’unification de notre système éducationnel, la nationalisation de tous les établissements privés. Du niveau de base à l’université réorienter notre cursus de formation pour répondre à nos urgences d’auto-satisfaction en matière nutritionnelle, en matière énergétique, en matière d’organisation urbaine par la démolition/reconstruction de nos villes et nos cités pour y favoriser la prise en charge par les citoyens de leurs affaires de gestion (du ramassage recyclage des déchets usagers, en passant par la gestion des lieux de détentes, théâtres, cinémas, cafés citoyens, piscines, aires de jeux etc…).
10° Nationalisation des terres domaniales privatisées et réorientation de celles-ci pour la satisfaction de nos besoins nutritionnels.
Ce ne sont qu’une ébauche. A chacun de compléter selon son domaine de spécialisation et de savoir faire.

Notes:

1. De "Zaim" (fuhrer, chef,)

2. "Forfaitaires": régime de payement de l'impôt au forfait. La moyenne de l'impôt payé par ceux-ci est de 70 dinars alors qu'un(e) instituteur ou un salarié moyen reverse l'équivalent d'un mois de salaire par an (600 dinars).

3. Un nombre incalculable de "cerveaux" formés aux meilleures écoles (ENA, grandes écoles, universités de renom) et occupant des postes de haut rang ont été durant ce demi siècle "mis au placard" ou tout simplement évincés parce que jugés "trop dangereux" pour le commun des bureaucrates de l'Etat.

4. Avec le reste du continent africain, c'est moins que 5% résultat du découpage coloniale de ce continent et de la prévarication des nombreuses "Lumpen-bourgeoisie"

5. "Robafekia" argot arabo-sicilien pour décrire la frippe.

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