Mythes et réalités
Dans un article pompeusement intitulé : « Où en est le processus révolutionnaire tunisien »... (http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35163), Dominique Le rouge alias Alain Baron, syndicaliste retraité de SUD fait le point de l’effervescence sociale qui touche le pays, 100 jours après la composition du gouvernement « NINA » (Nida/Nahda) d'Essid sous la férule de la vieille rombière de la Destourie : Béji Caîd Essebsi...
Cet analyste perspicace se mêle les pinceaux dès l'introduction en affirmant une énormité :
« Après l’effervescence ayant entouré le 14 janvier 2011, les mobilisations sociales se sont stabilisées puis ont reflué. Elles n’ont redémarré vraiment qu’après le départ des islamistes du gouvernement en janvier 2014 : fin octobre 2014 le nombre de jours de grève depuis le début de l’année avait déjà dépassé le total du record enregistré pour toute l’année 2011. Pendant le premier semestre 2015, on a assisté à une véritable explosion de grèves ».
Les luttes auraient redémarré après « le départ des islamistes » ; alors que ces derniers ont magnifiquement négocié leur retrait des charges gouvernementales et rendu leurs tabliers ministériels à la suite de la double pression intérieure et extérieure :
- intérieure par la montée en puissance d'une contestation multiforme de leur politique gouvernementale néo-libérale
- extérieure : la liquidation physique de leurs principaux alliés, les Frères Musulmans en Égypte par le nouveau dictateur Sissi et la quasi disparition du champs politique égyptien de leur organisation sœur.
Cette tactique leur a permis de se présenter aux dernières élections législatives en limitant les dégâts et rafler quand même près d'un million de voix (947 034, 27,79 % et 69 députés.) (http://www.lemonde.fr/afrique/article/2014/10/27/net-recul-des-islamistes-aux-legislatives-tunisiennes_4512928_3212)
C'est fort de ce résultat et tenant compte du nouveau rapport de force que Nahda a finalement accepté de participer au gouvernement Essid, fut-ce au prix d'une petite représentation ministérielle : un ministère, celui de l'emploi et la formation professionnelle et quelques secrétariats d'Etat... (http://www.jeuneafrique.com/33892/politique/tunisie-habib-essid-a-pr-sent-son-nouveau-gouvernement-voir-la-compositio)
Nous ne savons pas sur quelle statistique monsieur Baron/Lerouge se base pour affirmer que l'année 2014 « a dépassé le total record enregistré pour toute l'année 2011. » !
Outre qu'il ne s'en sort pas facilement de son affirmation que « les mobilisations sociales se sont stabilisé puis reflué », on ne voit pas de liens entre la démission des « islamistes » (en fait la Troïka) et le mouvement social.... et son remplacement par le gouvernement « technocratique » du représentant des « pétroliers » Mehdi Jomâa.
L'UGTT à la croisée des chemins
Après une description somme toute banale d'un paysage social, en particulier dans les régions laissées pour compte qui n'ont jamais baissé les bras depuis la chute de Ben Ali, et contre lesquelles tout a été essayé par les gouvernements Jébali/Larayedh : tir à la chevrotine, répression larvée, condamnations, notre Baron/Lerouge se penche sur l'attitude de l'UGTT :
« La direction de la principale centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a connu une longue période de bon voisinage avec le syndicat patronal UTICA dans le cadre du « dialogue national » visant à mettre un terme aux violences islamistes. L’UGTT avait proposé cette orientation dès le 18 juin 2012 et avait fini par la mettre en place en octobre 2013. »
Pour notre syndicaliste à la retraite, la manœuvre de la direction de l'UGTT n'aurait été qu'une « longue période de bon voisinage avec le syndicat patronal »... Tient donc ; quand une direction sensée défendre les intérêts matériels de ses adhérents travailleurs, privilégie de magouiller avec la patronne des patrons Bouchamaoui (dont le nom apparaissait dans le mic mac de la mafia du pétrole voir l'article de Nawaat :http://nawaat.org/portail/2014/01/09/le-cas-bouchamaoui-et-le-ministere-de-lindustrie-la-gestion-bananiere-des-ressource) cela devient une volonté « de mettre fin aux violences islamistes »... drôle de conclusion.
Ce qu'oubli notre Baron/Lerouge c'est que ce « dialogue national » vient conclure une longue période de trahisons des directions politiques se réclamant de la « gauche » qui ont pondu après l'assassinat de deux dirigeants du Front Populaire Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi, rien moins qu'une alliance contre-nature, au sein d'un Front de Salut National (FSN) avec Nida Tounes, l'auberge espagnole de la Destourie à laquelle se sont joint des renégats de différentes formations dite de gauche (Ettejdid/El Massar, Ettakatol,) ainsi que d'anciens dirigeants syndicalistes de l'UGTT. (http://www.jeuneafrique.com/33892/politique/tunisie-habib-essid-a-pr-sent-son-nouveau-gouvernement-voir-la-compositio).
L'oubli amnésique de notre Baron/Lerouge, s'explique par le fait que celui-ci était un ardent défenseur de cette catastrophique tactique du FSN qui a conduit à l'explosion du Front Populaire ....
Débouché politique en panne
Vient le passage sur « l'absence de débouché politique ». Là encore notre rédacteur va se contorsionner pour faire oublier les tares d'une gauche versatile et pusillanime et ses propres tares puisque notre Baron/Lerouge fut un soutien indéfectible à tous les zigzags suivis par des directions d'organisations d'une gauche qui ne fut radicale que dans son incapacité à traduire en propositions et mots d'ordre adaptés, l'aspiration des masses populaires en effervescence constante depuis l'hiver 2010/2011. C'est cette même gauche « radicale » qui de recul en débandade a fini par faire élire ses heureux députés (15 députés et 3,66%) sur une assemblée réactionnaire avec des scores au ras des pâquerettes (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_tunisiennes_de_2014)
Monsieur Baron/Lerouge nous explique calmement qu' « un hiver islamiste de près de deux ans avait suivi les élections du 23 octobre 2011 » pour mieux faire passer la somme de trahisons extraordinaire de ceux qui occupèrent le devant de la scène avec le label de « révolutionnaires »...
Démolition du Conseil National de Protection de la Révolution et acceptation d'une Haute Instance avec des membres cooptés pour instruire les premières élections à la Constituante. Nous connaissons tous le déroulé de cette tragique histoire : c'est Nahdha qui emporte le morceau face à une « gauche radicale » qui s'est présentée en ordre dispersée , après un bref rassemblement dans le Front du 14 janvier, et qui récoltera le sobriquet infamant de Sfir Facel (0 ,)
Ensuite, ce furent les trahisons successives du « FSN » et du « Dialogue National ».
Pour finir le quarteron de dirigeants du Front Populaire, qu'aucun congrès n'a élu, se sont évertués à vider et le programme et les rangs de ce dernier par un spectacle de bouffonneries à répétition.
Discours contradictoires à propos des alliances avec Nidaa. Appel à voter pour la vieille rombière BCE contre Marzouki, flou artistique quant au contenu programmatique du front aux élections législatives et un Hamma Hammami candidat « Ould Echâab » qui n'a pas brillé par une campagne à la hauteur des véritables enjeux d'une révolution en cours...
Monsieur Baron/Lerouge a longtemps avaler toutes les couleuvres de ses alliés politiques et syndicaux pour ne point se souvenir de ces points de détail.
« Malgré cela, le Front n’a pas éclaté. Il a multiplié par 2,5 le nombre de ses députés et est arrivé en troisième position aux présidentielles avec 7,8 % des suffrages. De plus, il a exclu toute participation ministérielle, n’a pas voté le budget 2015 et a refusé de voter la confiance au gouvernement.
Le Front populaire s’est ainsi positionné comme le leader de l’opposition politique au gouvernement néolibéral dirigé par Nidaa Tounès et Nahdha. »
On ne sait pas où notre retraité va chercher ses informations, mais nous sortir un pourcentage (2,5 %) pour nous expliquer que le Front a multiplier le nombre de « ses » députés, alors que le Front en question se présente pour la première fois avec le résultat décrit plus haut.
Ensuite, affirmer que le Front Populaire est devenu le « leader » de l'opposition à Nidaa c'est prendre ses désirs pour la réalité.
Nos valeureux « députés frontistes » n'ont, jusqu'à aujourd'hui, fait la moindre déclaration ou mené la moindre bataille décisive ( comment le pourrait-ils eux qui s'apparentent à des députés potiches)...
« Ce Front rassemble aujourd’hui l’essentiel de la gauche, et aucune nouvelle force politique de gauche ayant un minimum de poids n’a été en capacité de se constituer depuis 2011. Même certain-e-s des militant-e-s qui ne ménagent pas leurs critiques à son égard se félicitent de l’existence du Front et estiment qu’il constitue une force susceptible de se radicaliser ».
Notre Baron/Lerouge continu à prendre ses désirs pour des réalités et les « militant-e-s qui ne ménagent pas leurs critiques » cités pour conforter sa position, c'est Ahlem Belhaj, membre de la LGO et ancien dirigeante des « femmes démocrates » qui n'a jamais brillé par une quelconque lumineuse analyse de la situation se satisfaisant d'avoir été cooptée à la fameuse « Haute Instance » et depuis silence radio.... (https://www.facebook.com/ahlem.belhadj/notes)
« Reste au Front à surmonter une série de faiblesses. Il y a tout d’abord sa difficulté à préciser son orientation en termes d’indépendance de classe, ainsi qu’à élaborer son programme. Il y a ensuite sa difficulté à se structurer. »
Là notre Baron, soutien de tous les revirements et zigzags, chausse ses lunettes de « Lerouge » (quel mouche la piqué en choisissant ce pseudo, alors que dans la réalité, il est le parfait modèle du militant français, opportuniste voir même un tantinet cabotin pour ne pas dire plus et aggraver son cas..) « Lerouge » parle de « faiblesses et de difficultés à se structurer » et assène un gravissime constat quant à l'absence d'une « indépendance de classe » de l'orientation du Front...
Oublier son soutien au FSN, oublier ses nombreux articles signés « Alain Baron » où il se fait le supporter de toutes les manigances de la direction du Front Populaire, des associations telles la FTCR qui est devenue le porte voix des soutien à Nidaa... Pour un militant soucieux de l' « indépendance de classe », cet épisode est facheux... Il faut commencer par balayer devant sa porte...
Mirages et réalités
Pour finir comme notre Baron/Le rouge appartient à la squelettique « IV Internationale », il conclut son papier en apportant un éclairage sur l'organisation « sœur » : la LGO.
Concernant ce minuscule groupuscule qui se réclame du « trotskisme » et dont les effectifs n'ont jamais dépassé la cinquantaine de membres avant d'assister à une scission provoquée par le sulfureux Jalel Ben Brik, frére de l'inènarable Taoufik Ben Brik qui est devenu un véritable « bouffon » des médias à defaut d'être un « fou du Roi... », terminer son article sur cette minuscule organisation nous éclaire sur les motifs idéologiques qui animent ce dernier... Il faut rappeler que le support de son article Europe Solidaire (ESSF) est animé par Pierre Rousset son camarade de la IVe Internationale, qui a adopté une facheuse habitude de ne donner la parole qu'à leurs affidés...
Après nous avoir décris par le menu les batailles picrocholines de ce groupuscule Baron/Lerouge nous prévient que ce dernier a une « certaine influence politique au sein du Front populaire, notamment par la présence de deux membres à la direction du Front populaire, qui sont également députés. L’opportunité s’ouvre à la LGO de jouer un rôle actif dans l’élaboration des réponses aux questions auxquelles le Front doit faire face aujourd’hui. »
Il faut bien qu'il finisse son papier en cirant les pompes de ses camarades de la LGO dont l'influence au sein du Front est mesurée par leur capacité à avaler des couleuvres et dont l'élaboration des réponses auxquelles le Front doit faire face, attendront que les poules leur poussent des dents.... (https://www.facebook.com/fatcham1/posts/844373112304591,) Dans le dernier post de Chamkhi Fethi : « le député du peuple », ce dernier nous décrit par le menu sa récente participation à la commission d'audit de la dette grecque. Il cire les pompes aux membres du CADTM qui le financent pour le bureau loué à Tunis et les éphémères actions à propos de la dette tunisienne et termine son post par son souhait « de poursuivre avec les camarades de Raid, du Front Populaire et avec les citoyen-ne-s tunisien-ne-s, qui le désirent, le combat pour faire la vérité sur la dette publique de la Tunisie. ». Quand on réécoute ses interventions à la fameuse assemblée du peuple, on est pas frappé par la divulgation de secrets d'Etat longtemps cachés au pauvre peuple en question..., lui qui a le nez fourré dans les affaires de l'Etat en question. Que nenni le député en question brille par son mutisme complet et ses collégues du Front ne font pas plus de bruits.
Cela se comprend quand on écoute attentivement « Ould Echaab » le porte parole du Front nous expliquer qu'il ne veut pas participer à la bataille sur la transparence concernant le domaine des hydrocarbures parce que des « Ayadi Khafiya » ( forces occultes) s'en sont emparées ; quand on le voit réclamer des instits et des nombreux secteurs en lutte, qu'ils mettent un peu d'eau dans leur vin et tiennent compte de la situation comptable du pays, ainsi que des mêmes « Ayadi Khafiya » qui voudraient mettre le pays à feu et à sang... Discours somme toute d'un dirigeant complice du gouvernement « NINA »..
Hamadi Aouina
22 juin 2015