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Billet de blog 27 juin 2015

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Du "RIFIFI" chez Nidaa Tounes à l'attentat de Sousse!

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Du RIFIFI chez Nidaa Tounes

Écoutez bien les propos de celui qui vient de prendre les rênes de l'auberge espagnole: Nidaa, Mohsen Marzouk, le nouvel homme fort.(1) Ce dernier passe pour avoir gagner la "guerre" contre les différents clans qui se déchiraient les lambeaux de cette organisation après la nomination de leur vieille rombière à Carthage.

Cela sentait la poudre entre les jeunes loups de Ben Ali, les renégats de la première heure, les Gouja, Belhadj Ali, Dhaouadi et les ex-Watad et les ex-communistes, les ex-UGtistes, les ex-droit-de-l'hommiste, bref une bataille à couteaux tirés entre beaucoup d'ex... pour disposer de l'appareil de la Destourie et de ses finances pour les prochaines batailles batailles électorales; les municipales étant en principe prévue pour 2016.

Donc notre Marzouk, dans cette interview donnée quelques heures après l'attentat de Sousse, souhaiterait, comme en Algérie, précise-t-il, (durant la décade sanglante) que le gouvernement mette sur pied des milices encadrées par le ministère de l'intérieur, (il n'a pas précisé si ces milices devaient être armées) pour qu'elle suppléait, en devenant "les yeux et les oreilles" de la police comme aux heures glorieuses de la dictature destourienne...

Selon Marzouk il va falloir dépasser les préjugés de l’ancien régime en qualifiant les citoyens en relation avec la police de "collaborateurs", "c’est ainsi que tous les pays du monde affrontent le terrorisme, le citoyen doit s’inscrire dans la lutte contre le terrorisme en livrant les informations concernant la planification et l’imminence des attaques" a-t-il déclaré.

La nouveauté dans les déclarations fracassantes concerne la privatisation de l'usage des armes.

Les sociétés privées doivent participer aux efforts de sécurisation de leurs locaux car les effectifs del’État ne suffisent pas. Le secrétaire général de Nidaa Tounes propose la création d’un nouveau corps sécuritaire initié par le secteur privé "comme c’est le cas dans les pays développés".

Dernière mesure proposée par Marzouk, la fermeté vis-à-vis de ceux qui cherchent des excuses aux terroristes. "Nous sommes en guerre et nous devons appliquer la loi avec fermeté. Plus aucun discours dans ce sens ne doit être toléré dorénavant".

Le ton utilisé et la fermeté du propos viennent comme en écho de ceux tenus par la vieille rombière de Carthage, BCE, qui a réclamé lui-aussi, "le soir même" insista-t-il, que le gouvernement se réunisse et qu'il prenne des mesures d'"interdictions de certaines organisations politiques". Il a pointé du doigt les actions du type de celle "Ounou El Betrol" (2) en les considérant comme responsables de l'acte terroriste de Sousse. Rien de moins.

A qui profites le crime?

D'où notre question: a qui profite le crime?

Acte 1. Les derniers mois furent des moments de fortes mobilisations sociales de tous les secteurs de la société: salariés de l'enseignement, de la santé, des transports, de la sidérurgie El Fouledh, des chômeurs, des démunis de toutes sortes...

Acte 2. L'essentiel de l'activité du gouvernement durant ce premier semestre fut de rechercher de manière éperdue des crédits auprès des bailleurs de fond internationaux pour combler les déficits des budgets;

- de négocier une protection, via un statut de partenaire privilégié de l'OTAN,

- de donner la permission aux marines d'utiliser le port de Zarzis pour établir une base pour occuper le Nord Ouest libyen,

- de faire adopter par le parlement une batterie de mesures en faveur de l'implantation des capitaux étrangers dans le pays.

Acte 3. Face aux nombreuses mobilisations et surtout face à la campagne "Ounou El Betrol", les seules réponses furent la répression la plus sauvage, l'emprisonnement des protestataires, et une volonté de briser dans l’œuf cette révolte qui tendait à devenir nationale, menaçant sérieusement le gouvernement...

Tous les moyens ont été mobilisés, par le gouvernement, pour atteindre ses objectifs.

D'importantes failles dans les protocoles de sécurité

L'attentat de Sousse qui se déroule dans une région où les services de sécurité sont sensés être sur le qui-vive, nous rappelle celui du Bardo avec cette incroyable faille dans les protocoles de sécurités.

Rappelant que le musée du Bardo se trouve à quelque encablures du Parlement et que cette zone aurait du être sous contrôle strict, étant donnée son importance stratégique.

Alors deuxième question: comment se fait-il que dans les deux cas les protocoles de surveillance de zones sensibles soient aussi facilement approchés par les terroristes?

Est-ce une défaillance des protocoles? auquel cas; c'est à une remise en cause des équipes en charge de la supervision de subir les conséquences de leurs actes et d'être démis de leurs fonctions et remplacer par des professionnels plus qualifiés.

Mais on ne peut s'empêcher au vu des nombreuses questions restées sans réponse d'émettre l'hypothèse suivante:  comme en Italie, pour l'attentat de la gare de Bologne en 1980, c'est un secteur de l’État profond qui a pris en charge de semer la zizanie en adoptant la stratégie dite "stratégie de tension"...

Voici ce qu'écrit Daniel Bensaïd dans son livre "Une lente impatience"(Stock): "Les spécificités de la situation italienne tiennent peut-être à la genèse d'un Etat-nation tardif, imposé d'en haut, au traumatisme du fascisme, (...) aux intrigues d'un appareil d'Etat mafieux (largement confirmées depuis par les révélations sur le réseau Gladio et par les opérations "mains propres", à la souveraineté limitée imposée par l'OTAN, au poids d'un prolétariat industriel récent et d'une immigration intérieure venue des région rurales du Sud (ces ouvriers désignés comme des terroni ou "péquenots"), aux effets d'une urbanisation brutale, à une tradition catholique fervente réinvestie dans une gauche radicale justicière."

"Etat-nation tardif imposé d'en haut", n'est-ce pas le cas de la Tunisie avec ce Zaïm nourrie aux mamelles du "Mussolinisme" dont il a imité jusqu'au coup de menton dans ses discours. Comme Mussolini, Bourguiba est un étrange caméléon attiré par la "social-démocratie". Mussolini fut le grand dirigeant socialiste italien avant de devenir le fasciste connu. Lénine aurait dit à propos de sa défection des rangs de la social-démocratie que les socialistes ont perdu un grand dirigeant. "Traumatisme du fascisme" et ce dernier dura vingt année. Les tunisiens ont connu deux vagues de dictatures qui ont duré plus du double. La dernière, avec l'adjudant devenu général, par la grâce d'une alliance matrimoniale étant une répétition de la première s'est terminée en farce. "Intrigues d'un appareil d’État mafieux": chaque jour apporte son lots de révélations sur la lutte sanglante entre les clans et cliques encouragés par la disparition du Bonaparte.... "Souveraineté limitée imposée par l'OTAN": c'est ce que viennent de négocier la clique au pouvoir en obtenant le statut de "partenaire privilégié"... "Poids d'un prolétariat récent d'origine rurale": vous ne voyez aucune similitude avec les diverses vagues d'immigrations du Sud et des régions de l'intérieure. Ces "ouvriers qu'on désigné comme terroni ("pequenots") ne vous rappelle-t-il pas le snobisme des "Baldiya" faisant la moue devant les "basanés" que d'aucuns nomment "bougnoules" comme au bon temps des colonies... "Urbanisation brutale": il n'y a qu'à se balader dans le pays pour voir les lézardes de cette politique d'auto-construction favorisée par plusieurs décennies de dictature. Enfin, "tradition catholique fervente réinvestie dans une gauche radicale justicière": Ne voyez vous pas le lien entre ces traditions catholiques ferventes du Mezzogiorno italien et la ferveur musulmane réinvestie dans ces fractions "fréristes" radicales.... Notre "gauche" se calfeutrant dans cet apartheid social, politique et mental des "couches moyennes urbaines" ne pouvait à aucun moment de son histoire représenter le "Mezzogiorno" tunisien...

Le proche avenir nous le dira!

(1)http://www.shemsfm.net/fr/actualite/mohsen-marzouk-propose-la-creation-de-cellules-populaires-de-veilles-chargees-de-collaborer-avec-le-mi-113423

(2) La campagne "Ounou El Bétrol" (Où est notre pétrole?) voulait porter l'attention sur les nombreuses zones d'ombres qui touche le secteur des hydrocarbures. Elle mobilisa plusieurs milliers de personnes dans la rue. La réponse des autorités et des médias aux ordres fut de nier en bloc une quelconque malversation dans ce secteur alors que les révélations aussi bien officielles (la cour des comptes) qu'officieuses apportaient de l'eau au moulin des contestataires.... Elle fit réagir la patronne des patrons, Madame Bouchamaoui, dont la famille exploite quelques puits ainsi que le président BCE, qui avec son frère étaient aussi liés à des transactions concernant les hydrocarbures.

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