On croit donc au grand changement, au bouleversement de ce petit monde régi par ces grandes méchantes banques ; qui sait, le consommateur pourrait reprendre les commandes. Ne vous réjouissez pas si vite, l’effet Pschittt devrait vite arriver !
Reprenons depuis le début ! De quoi s’agit-il ? Une loi pour faciliter la vie du client souhaitant changer de banque, et souvent découragé par la complexité de la démarche. Une bonne chose donc ! Le client ne sera plus prisonnier de sa banque, et pourra, grâce à cette concurrence plus forte, faire des économies. Le changement est donc louable, oui mais, car il y a toujours un MAIS ! Derrière les belles allures de cette loi, on se rend finalement compte que tout n’est pas rose, tout n’est pas beau et surtout tout n’est pas neuf.
Une tempête dans un verre d’eau ?
En effet, sous ses semblants de révolutions cette loi n’est qu’une simple évolution. Depuis 2004 plusieurs mesures ont été prises, d’abord au bon vouloir des banques, elles sont devenues contraignantes avec la Loi Hamon de 2014.
La preuve en est, chaque banque proposait déjà un service facilitant la mobilité bancaire à la carte. Résultat des courses, aujourd’hui elle dispose de 2 services : celui à la carte et le service de la loi Macron dans l’objectif d’un transfert total. 1er Pschittt !
Comme l’a pointé UFC que choisir, le service de mobilité facilite un peu le transfert du compte courant. En revanche pour tous vos autres placements (livret, PEL, CEL, Assurance-vie…), débrouillez-vous ! Vous avez un crédit ? Même combat ! Avec ces 2 obstacles, cette nouvelle loi ne devrait donc pas entrainer de départs massifs des clients de leur banque traditionnelle. 2ème Pschitt !
À qui profite le crime cette loi ?
Si les clients s’en vont, on le sait, le plus souvent, c’est pour moins cher ! Les grandes gagnantes seront donc les banques en ligne. Le seul hic, c’est que même si elles surfent depuis cette semaine sur la « facilité de changer de banque », elles n’ont pas attendu la loi pour recruter en masse de nouveaux clients. Avec des campagnes de communication agressives et surtout, à la clé, des primes de 80€ à l’ouverture, Boursorama, ING Direct et les autres banques en ligne, n’ont pas attendu la loi. 3ème Pschitt !
Dommage collatéral de cette tendance, toutes les grandes banques - à qui appartiennent d’ailleurs ces banques en ligne, (et oui rien de neuf dans le paysage bancaire) - sont en plein bouleversement de stratégie et donc les effectifs en pâtissent. Le syndicat FO pointe du doigt une très forte augmentation des licenciements, en cours et à venir. Bref, on a beau vouloir être en rupture avec le système actuel, la loi Macron ne vient que renforcer les modèles habituels : on change de banque pour une banque soi-disant différente, qui n’est en réalité qu’une filiale d’une banque actuelle, qui emploie beaucoup moins de personnes grâce à la digitalisation, ce qui permet de licencier (pour des motifs disciplinaires contestables qui plus est). Dernier Pschittt et non des moindres !
Nous voilà au point de départ, sous couvert de grands changements, d’un pas de plus vers le monde de demain, on se rend compte que l’évolution est finalement circulaire. Tout ça pour ça : ça n’a servi à rien ! Détrompez vous il reste tout de même un grand gagnant : Super Macron ! Et oui, on entend son nom partout dans les médias cette semaine. Une belle pub, gratuite et libérée du poids du discours pour la présidentielle, qui nous laisserait croire que « le changement c’est maintenant » (ah non, ça c’était il y a 5 ans).
Bref, un tout petit pas pour le consommateur, un pas en arrière pour les salariés du secteur bancaire, mais un grand pas vers l’avant pour la marche de Macron !