C’est une anecdote plutôt cocasse, qui prête à sourire et que l’on pourrait oublier aussi vite qu’elle est arrivée. Cependant ce comportement plutôt inhabituel peut nous amener à nous interroger : nous courons tous après l’argent, que ce soit pour mener la grande vie ou simplement pour vivre correctement. Et si finalement, cette course effrénée nous tuait à petit feu plutôt que de nous permettre de vivre.
Reprenons au début de cette histoire. En 2013, Jane gagne à seulement 17 ans, 1 million de livres, soit 1,2 million d’euros. Comme le rêve tous les joueurs de loterie, elle mene la grande vie, shopping à gogo, voyage paradisiaque et soirée grand luxe ! Elle se paye également « un physique de rêve » : au programme nouvelle poitrine et injection de Botox. Passé le plaisir de dépenser sans compter, elle se rend finalement compte que « sa vie est vide ». Elle se sent seule et exclue, en menant un train de vie qu’aucun de ses amis ne pouvait suivre et ne pouvant plus faire confiance à ses nouvelles rencontres, trop souvent attirées par l’appât du gain. Finalement, elle retourne vivre chez sa mère et reprend un travail dans une friterie.
On s’interroge alors, se
remplir
les poches veut-il dire vider sa vie ?
Difficile d’y répondre, mais pourtant, nous avons l’habitude de voir ces grands gagnants du Loto finir par tout perdre, leur argent ou leur tête, ou bien les deux. On entend souvent « les gens » s’indigner des sommes pharaoniques et proposer de diviser ces gains parmi un plus grand nombre de gagnants. Bref, l’argent ne semble plus être (toujours) roi. Certains semblent même décidés à ne plus se contenter d’en parler mais à « contourner le système ».
N’avez-vous pas vu pulluler, notamment grâce aux plateformes collaboratives et aux réseaux sociaux, le retour du troc, tel qu’on pouvait le faire avant.
- Facebook voit apparaître des groupes de troc dans chaque ville, et donne ainsi une belle exposition à ce qui n’était avant que quelques annonces sur le bon coin.
- Chez MesBonnesCopines.com, un service rendu = un bisou (symbolique bien sûr), que vous pouvez vous-même utiliser pour acheter un service.
- Le magazine du futur Usbek & Rica a lui créé sa propre monnaie le Usbek. En échange d’un j’aime, d’un commentaire ou du partage d’un article vous gagnez un Usbek. Vous pouvez ensuite dépenser vos Usbeks sur la boutique en ligne du magazine. Certes cette boutique ne contient que quelques produits et l’intérêt est avant tout une belle communication, mais n’est-ce pas tout de même intéressant de réussir à transformer des usages déjà existants en un système commercial ?
- Les monnaies alternatives sont, elles aussi, très nombreuses ; notamment ces monnaies locales permettant de pousser l’économie circulaire, de réinvestir dans l’économie locale, celle qui a du sens parce qu’elle est palpable et que ses retombées sont visibles.
Et BAM, si c’était ça, la réponse : le sens ! Si pour remplir ses poches sans vider sa vie, il fallait gagner du sens pour gagner de l’argent ? Pour ceux dont le sens de la vie tourne dans le même sens que les aiguilles de leur Rolex, ça a toujours fait sens. Mais pour les autres, il faudra peut-être aller à contre-sens.