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Billet de blog 2 février 2015

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INFORMER, C’EST DONNER À COMPRENDRE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Informer, c’est donner à comprendre. C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon billet précédent (Aux origines de la politique sociale-libérale vallso-hollandaise : Anthony Giddens), et dans ceux qui précèdent. Mais je ne suis pas journaliste. Je me suis donc adressé à quelques uns d’entre eux, en tant qu’experts en information. Voici, ci-après, les courriers à eux adressés (Françoise Fressoz, Marc Semo, Pierre Ivorra, Pascal Riché, Edwy Plenel)… et leurs réponses.

Mais avant, on a pu s’en rendre compte, pour Anthony Giddens, l’inspirateur de la politique de Tony Blair, « la classe ouvrière en tant que telle est désormais réduite », « Il n’y a plus qu’une économie de services », « Désormais, les lignes de fracture politique se situent pour moi […] entre modernisateurs et traditionalistes ». Pour lui, encore « Plus on permet aux gens de se retrancher dans leur emploi, plus on menace la prospérité globale de l’économie », « Chercher à tout prix à préserver le système d’assistance sociale, et c’est l’impasse garantie pour le pays », « Une chose à ne pas faire […] augmenter la contribution des tranches supérieures des contribuables ».

C’est bien de cette ligne politique que Manuel Valls se réclame : « S’il n’y a plus d’alternative globale au système capitaliste et à l’économie de marché, il reste, en revanche, une multitude de processus capables d’élargir, pour chaque individu, la palette des choix possibles […] À l’instar d’Anthony Giddens… ».

Il me semble que le rappel de ces quelques « théories » et de la filiation Vallsienne à celles-ci mériteraient d’être rappelées, permettant ainsi de mieux comprendre la politique menée par Manuel (choisi par François comme Premier ministre). En effet, derrière les prises de position d’Anthony Giddens il y a une logique, une analyse. Analyse qui certes comporte des failles (les classes ouvrières occidentales seraient devenues quantités négligeables alors que ce chantre de la mondialisation évacue l’état des classes sociales au niveau mondial, par exemple). Faire silence sur cette logique conduit la gauche radicale à se contenter de dénoncer le « quoi » en oubliant le « pourquoi », et plus « on » crie plus « on » oublie. Parce qu’« on » n’a pas grand chose à opposer, sauf un catalogue revendicatif en x points, sans projet global de société ni de logique ? J’exagère peut-être ?

Chez ceux qui se réclament de la social-démocratie, on a également tout intérêt à se taire sur la logique giddensienne conduisant à la politique vallsienne. Trop parlante.

Je me répète : « Seule la vérité est révolutionnaire » (Lénine), « C’est la vérité qui est nécessaire aux ouvriers comme instrument de l’action révolutionnaire » (Trotsky). Que l’on soit d’accord avec la politique menée par le couple vallso-hollandais ou non, il me semble encore que faire silence sur les idées giddensiennes, et ainsi faire aussi silence sur l’origine giddensienne de la politique vallsienne, de la part la grande presse notamment, permet de ne pas faire la lumière sur  le « pourquoi »  de la « chose », et pourrait alors être taxée de désinformation délibérée.

Voici donc les courriers adressés à ces journalistes… et leurs réponses.

  À Françoise Fressoz, chroniqueuse au Monde, le 24 /01/2015 :

Madame, « Valls fait du Valls. [...] Il est au pouvoir et entend profiter du pouvoir pour favoriser l'extension du   vallsisme. La rénovation que la gauche n'a pas su conduire dans ses longues années d'opposition, il entend la mener depuis Matignon, au nom du combat contre les inégalités, qui est le fondement de son camp et qu'il tente de revisiter. [...] Rien ne l'arrêtera... car le "Monsieur 5 %" de la primaire est devenu le premier ministre qui engrange quelque 60 % d'opinions favorable. Cela vaut tous les encouragements. » écrivez-vous dans votre chronique du Monde datée du 21 janvier. Non, à mon avis, Valls ne fait pas du Valls, à la faveur de la crise. Il fait du Giddens, son maître à penser semble-t-il. C'est ce que je soutiens en tout cas dans un blog de Mediapart dont je crois vous avoir envoyé un lien. Ce n'est pas un secret et je m'étonne que, depuis que Valls est premier ministre, Le Monde n'ait jamais signalé cette filiation. Je me permets donc de vous joindre ce texte.

À vous lire, peut-être ?

Réponse :

   À Marc Semo, journaliste à Libération, le 26/01/2015 :

J’ai lu votre éditorial de ce jour dans Libération à propos de la victoire de Syriza. « Ils ont exprimé leur refus d’une austérité punitive et d’une Europe mère fouettarde… » écrivez-vous. Certes. Ils ont surtout exprimé leur rejet, à mon sens, d’une Europe libérale et au service du capitalisme financier. Pasok et Nouvelle Démocratie se sont succédés  au pouvoir pour finalement gouverner ensemble. Facile, puisqu’ils prônaient la même idéologie. Celle d’Anthony Giddens, ce Lord anglais inspirateur de Blair, de la social-démocratie et chez nous de Valls. C’est cette idéologie que les électeurs grecs ont rejetée. Pourquoi ne pas consacrer dans Libération un dossier à Anthony Giddens ?

J’ai mis en ligne, à ce propos, sur mon blog de Mediapart quelques informations : http://blogs.mediapart.fr/blog/armand-ajzenberg

Bonne lecture. Et peut-être à vous lire.

Réponse :

  À Pierre Ivorra, chroniqueur à L’Humanité, le 26/01/2015 :

Nous nous sommes rencontrés, brièvement, à la présentation du livre Vers une économie "humaine" ?. Merci pour ton compte-rendu dans L'Humanité. Ce courrier, à l'heure où Syriza ouvre une brèche en Europe, pour attirer ton attention sur ce paradoxe : alors que le vote grec "ouvre la possibilité de remettre en cause, à une échelle beaucoup plus vaste, le dogme de l'Europe libérale, de la concurrence libre et non faussée..." - je cite ici l'éditorial dans L'Humanité de Jean-Paul Piérot de ce jour - le silence plane sur l'idéologue de ce dogme : Anthony Giddens. Lord anglais inspirateur de Blair, de la social-démocratie et chez nous d'Emmanuel Valls qui s'en réclame. Ceci pour dire que, certes, il faut combattre cette idéologie mais qu'à mon avis il serait extrêmement profitable à ce combat d'en montrer les sources. Pourquoi pas un dossier consacré à Anthony Giddens dans L'Humanité ? Ou pour le moins dans l'une de tes chroniques à lui consacré ? J'ai écrit sur mon blog de Mediapart un texte à ce propos que je te joins en fichier attaché au format PDF.

Réponse :

Je me souviens très bien de notre rencontre. Tes informations sont très intéressantes, je vais voir quelles suites il est possible de leur donner.

   À PASCAL RICHÉ, JOURNALISTE À L’OBS, le 26/01/2015 :

J'ai lu votre article de ce jour dans L'OBS à propos de la victoire de Syriza en Grèce. Comme vous, je m'en réjouis : « la victoire de Syriza peut entraîner une remise en question profonde de la politique économique de la zone euro, qui, engluée dans une logique financière et comptable, s'est révélée terriblement néfaste, » écrivez-vous. Certes. Vous remarquez encore que François Hollande « se retrouve au centre du jeu », et que « de son attitude dépendront  les chances de voir l'euro prendre un visage plus humain et plus social. La question, ce 25 janvier, n'est donc pas seulement "Que va faire Alexis Tsipras de cette victoire ?". Elle est aussi : Que va faire Hollande de celle-ci ? ». Cependant, il se trouve que chez nous François Hollande a comme Premier ministre Emmanuel Valls et que la gouvernance de celui-ci se réclame ouvertement de celle de l'idéologue Anthony Giddens, celui qui fut l'inspirateur de la politique de Blair, de Gerhard Schröder et de bien d'autres. Pour que Hollande mène cette politique plus humaine et plus sociale, il faudrait donc qu'il désavoue Valls et qu'il choisisse un autre Premier ministre ? Tout ceci pour dire que, certes, il faut combattre la politique européenne actuelle, mais aussi qu'il serait très profitable à ce combat de divulguer les sources de cette politique européenne. Pourquoi pas un dossier consacré à Anthony Giddens dans L'OBS ? J'ai écrit sur mon blog de Mediapart un texte à ce propos que je vous joins en fichier attaché au format PDF.

Réponse :

Merci de votre message qui va nourrir nos réflexions.

Pascal Riché, L’OBS

   À EDWY PLENEL, JOURNALISTE À MEDIAPART, le 27/01/2015 :

Dans L'OBS d'hier (26/01) Pascal Riché disait se réjouir de la victoire de Syriza. Je crois qu'il est sincère. D'éminents membres du PS disent aussi se réjouir. Moi de même, d'ailleurs, mais peut-être ne s'agit-t-il pas des mêmes réjouissances ? On peut vouloir embrasser pour mieux étouffer. Toujours est-il que Pascal Riché notait dans son article que « la victoire de Syriza peut entraîner une remise en question profonde de la politique économique de la zone euro, qui, engluée dans une logique financière et comptable, s'est révélée terriblement néfaste ». Certes. Il ajoutait que François Hollande « se retrouve au centre du jeu", et que "de son attitude dépendront  les chances de voir l'euro prendre un visage plus humain et plus social. La question, ce 25 janvier, n'est donc pas seulement "Que va faire Alexis Tsipras de cette victoire ?". Elle est aussi : Que va faire Hollande de celle-ci ? ». Cependant, il se trouve que chez nous François Hollande a comme Premier ministre Emmanuel Valls et que la gouvernance de celui-ci se réclame ouvertement de celle de l'idéologue Anthony Giddens, celui qui fut l'inspirateur de la ligne politique de Blair, de Gerhard Schröder et de bien d'autres. Il y a là une contradiction majeure. Il faudrait alors que Manuel Valls fasse repentance, ou alors, pour que Hollande mène cette politique plus humaine et plus sociale, qu'il désavoue Valls et qu'il choisisse un autre Premier ministre ? Impensable. Tout ceci pour dire que, certes, il faudrait combattre la politique européenne actuelle telle qu'elle est menée, mais encore que la politique vallso-hollandaise fasse marche arrière. Ce qui n'est pas annoncé. Il me semble que serait très utile à ce combat, pour une politique plus humaine et plus sociale, et en Europe et en France, de divulguer les sources idéologiques de ces politiques. Qui proviennent d'Anthony Giddens. Pourquoi ne pas consacré un  dossier, réalisé par des journalistes, à ce Lord dans Mediapart ? « Seule la vérité est révolutionnaire » (Lénine), « C’est la vérité qui est nécessaire aux ouvriers comme instrument de l’action révolutionnaire » (Trotsky). Il se trouve que j'ai écrit sur mon blog un texte à ce propos, que je vous joins en fichier attaché au format PDF. Mais un blog n'a qu'une visibilité limitée.

Réponse :

À GÉRARD FILOCHE :

Renouvelant mon abonnement à DÉMOCRATIE SOCIALISTE, revue dont Gérard Filoche est rédacteur en chef, je lui avais adressé en même temps le texte (au format PDF) du billet envoyé aux journalistes ci-dessus.

 Réponse :

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.