Vers une économie "humaine" ?
Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux,
au prisme de notre temps
DIR.: LAURENT LOTY, JEAN-LOUIS PERRAULT, RAMON TORTAJADA
Cet ouvrage offre un regard indisciplinaire sur cinq intellectuels liés entre eux et inspirés à la fois par le christianisme et le marxisme : Henri Desroche (1914-1994), Louis-Joseph Lebret (1897-1966), Henri Lefebvre (1901-1991), Emmanuel Mounier (1905-1950) et François Perroux (1903 -1987). Par delà leurs différences, ils partagent l’idée selon laquelle il serait possible d’humaniser l’économie. Leurs thèses et leurs pratiques s’enracinent dans l’histoire. Elles invitent à réfléchir aux relations entre pensée et action, au rôle des institutions pour réduire les conflits, à l’insuffisance de l’idée de croissance par rapport à l’idée de développement appliquée à toutes les dimensions de l’être humain. Elles éclairent la diversité des articulations possibles entre l’individu et le collectif, la personne et la communauté. Elles incitent à s’interroger sur l’idée même d’économie. Ces intellectuels ont cherché à jouer un rôle auprès des institutions, avant la guerre, pendant la guerre (y compris, pour certains, sous Vichy), après la guerre où ils ont eu toute leur place. L’étude de la genèse de leurs conceptions, de la portée et des limites de leurs actions, de leurs aveuglements ou de leurs réussites, permet de repenser les moyens politiques de lutter, aujourd’hui, contre l’inhumanité de l’économie.
Contributeurs : Armand Ajzenberg, Ahcène Amarouche, Alain Amintas, Leonore Bazinek, Philippe Béraud, Yves Berthelot, Didier Bévant, Gustavo Britto, Alain Clément, Roland Colin, Sylvie Constantinou, Franck Cormerais, Didier Da Silva, Ludovic Frobert, Aliette Geistdoerfer, Hubert Gérardin, Pascal Glémain, Remi Hess, Enrico Ivaldi, Jacques Le Goff, Laurent Loty, François-Régis Mahieu, Andrea Mairate, Alexandre Mendes Cunha, Jean- Louis Perrault, Jacques Poirot, Virginia Pontual, Hughes Puel, Camille Rabineau, Marie-Lise Semblat, Maria Cristina Silva Leme, Ricardo Soliani, Rogério Luiz de Souza, Claire Toupin- Guyot, Ramón Tortajada, Christophe Vandernotte, Gabriele Weingand.
SORTIE EN LIBRAIRIE 22 SEPTEMBRE 2014
ISBN : 978 2 7056 8907 0
Collection : HORS COLLECTION
618 pages - 17x24 cm - 34 €
POUR UN INTERHUMANISME, PORTEUR D’UTOPIES
ET DE PROGRÈS ÉCONOMICO-POLITIQUES (extrait)
Pourquoi cet étrange néologisme « interhumanisme » ?
Pour échapper à l’idée d’humanisme comme valorisation de l’Humanité avec un grand H, sorte de transcendance, et signifier que l’important est le bien-être de chacun des êtres humains, dans leurs relations interindividuelles.
Pour répondre aujourd’hui à la question qui se posait après guerre autour du mot « humanisme », qui devient un mot courant en 1945 seulement, quand les courants de pensée marxiste, chrétien, existentialiste se battaient pour affirmer que le véritable humanisme était marxiste, chrétien ou existentialiste. « Interhumanisme » suggère que, s’il n’est pas possible de clairement définir ce que doit être l’humanisme (et tant mieux, chacun doit lui donner un sens), en revanche, c’est probablement par la pluralité des humanismes et leur interaction que l’on parvient à éviter le dogmatisme, et finalement l’anti-humanisme (dont les plus ardents défenseurs ont été Heidegger et Althusser). Les cinq auteurs que nous étudions ici ont peut-être échappé aux dogmatismes des Églises, chrétiennes ou marxistes, parce qu’ils étaient attirés, chacun à sa manière, à la fois par le marxisme et le christianisme.
Laurent Loty
ooooo
Un nombre appréciable d’auteurs de cet ouvrage – Vers une économie humaine ? - se revendiquent de la pensée d’Henri Lefebvre. Entre autres, Leonore Bazinek, Remi Hess, Ahcène Amarouche, Armand Ajzenberg… Ci-après le résumé de l’article de ce dernier.
LA PRODUCTION DU TEMPS (éléments)
Temps assujettis, temps non-assujettis ? Point de départ d’une réflexion sur une alternative au néo-libéralisme financiarisé. Question méthodes : concept de Mode de production, modernisé par celui de Critique de la vie quotidienne d’Henri Lefebvre, et sa méthode d’analyse dite « régressive-progressive ». On part ainsi d’une « fin » réalisable dans un temps infini, un temps où il n’y aurait plus ni différence ni opposition entre temps assujettis et non-assujettis. Cette « fin », utopique, n’a de sens que pour faire retour à une tendance, elle, possible et réelle…
Le temps annuel de travail (temps assujetti) a diminué de presque moitié de 1948 à 2002. L’espérance de vie à la naissance des Français a été multipliée par presque trois durant la même période. Parallèlement, on assiste au raccourcissement des temps de vie des machines et des produits fabriqués, plus par obsolescence que par usure. Les richesses produites et détruites (PIB) entre 1950 et 2010 ont été multipliées par près de 80. Aujourd’hui on détruit plus de capital qu’on n’en épargne, ceci en France depuis 1970…
Aujourd’hui la quasi-totalité de l’accumulation élargie de capital (Formation Nette de Capital Fixe) pouvant s’investir ailleurs que dans la simple reproduction de l’existant est réalisé par les établissements financiers. FNCF qu’ils produisent, à partir essentiellement de la Consommation de Capital des secteurs productifs (amortissements). Cette situation est signe d’un Mode de production, capitaliste financiarisé, finissant. On propose alors, comme possible, un Mode de production écologiste fondé non sur les gaspillages et les pillages mais sur une économie de l’économie (nature, énergie, temps, espaces, exploitation des hommes…).
Armand Ajzenberg
Dans le cadre de ses conférences
Retour de Marx et nouvelles pensées critiques
Espaces Marx vous invite à une rencontre
« REDÉCOUVRIR HENRI LEFEBVRE »
par André Tosel
Philosophe
"Après une longue éclipse qui en France a limité sa pensée à la sociologie de la ville-dont il fut un inventeur internationalement reconnu, il est temps de rendre, après d'autres chercheurs, à Henri Lefebvre la place qui est la sienne, celle d’un philosophe marxiste original et d'un militant communiste critique qui dès les années 1930 fit de grands efforts théoriques pour acclimater, étudier et diffuser en notre pays la pensée de Marx sans la simplifier. Il fut un des premiers à donner leur importance aux Manuscrits de 1844, à souligner la fonction centrale de la praxis et de la théorie de l'aliénation, à articuler critique de l'économie politique et critique de la vie quotidienne, à enraciner la transformation révolutionnaire à la base, en cherchant à élaborer un sens commun nouveau, unissant romantisme révolutionnaire et réalisme politique. Défenseur d'un marxisme ouvert et autocritique, il se confronta aux sciences sociales avec la conscience croissante des difficultés rencontrées par le mouvement communiste, mais sans jamais renier son engagement communiste".
Mardi 7 octobre
De 18 à 20 h
Salle des conférences
Espace Niemeyer
6 avenue Mathurin Moreau
Métro Colonel Fabien
Contact : Patrick Coulon pcoulon@internatif.org