Que puis-je jouer comme musiques signifiantes au l'heure du chamboulement tout azimut des repères ontologiques?
Comment épouser en sons et en musiques une époque qui voit ressurgir le spectre bien vivant du fascisme et du totalitarisme, enserrant corps, âmes et esprits dans le zeitgeist de la banalité du mal?
Ces questions, comme d'autres, hantent mon devenir d'artiste sonore et de dj et je ne cesse, par l'entremise de ma collection de disques, de ma culture musicale et de quelques idées plus ou moins abouties, d'imaginer les contre-feux aux logiques implacables nous entrainant collectivement dans un chaos total, tandis que le cauchemar, qu'évoquaient Dardot et Laval il y a quelques années déjà, se mue en dystopie présente.
En deleuzien que je suis, je crois aux intensités qui se nichent dans les artefacts de la culture populaire. Plus précisément, par le continuum de la pensée guattari-deleuzienne qu'a déployé Mark Fisher au travers de ses écrits, une évidence m'est apparu récemment : que la réalité qui ne cesse de nous échapper se niche au sein de ce que l'on interprète généralement comme des produits de l'imaginaire, de la créativité artistique et même et surtout du capitalisme (de l'en-dehors) lui-même.
Je prends ainsi toujours plus au sérieux ce paradigme : le réalisme capitalisme et sa cohorte de déformations du réel véritable nous engloutit toujours plus et la parade réside, notamment, en cherchant dans les productions de la culture populaire les signes, symboles, traces et devenir d'une réalité humaine, transgressive et peut-être même révolutionnaire.
Pour le dernier épisode de mon émission radio Open Sky, je suis allé chercher cette réalité dans un répertoire musical, croisant poésie, chants, jazz, musique folk issues du tout-monde archipelique français, marocain et syrien.

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Bonne écoute!