Ce podcast est issu du projet de la recherche "Les cités Michelin, patrimoine vivant pour la ville de demain" porté par les chercheuses Amélie Flamand, sociologue, et Bénédicte Chaljub, architecte et historienne de l'architecture et enseignantes à l'ENSACF. Ce projet porte sur les cités ouvrières de la Manufacture française des pneumatiques Michelin, à Clermont-Ferrand, édifiées au début du XXe siècle. Bien qu’en partie démolies, elles forment encore aujourd’hui une des identités fortes de la ville, rappelant son histoire industrielle.

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Édifiées pour une grande partie pendant l’entre-deux guerres, les cités Michelin illustrent une volonté paternaliste assez unique en France. Les cités Michelin sont d’abord conçues comme des ensembles de maisons jumelées en série, au confort de l’époque, issues d’une ambition de rentabilité du chantier et des coûts, mais toujours accompagnées de jardins.
La méthode taylorienne de production des pneus est ici appliquée à la construction des maisons jumelées (construire rapidement et peu cher selon la logique de la série), accompagnée par une pensée urbaine hygiéniste. Les dispositifs architecturaux et urbains varient ensuite après la seconde guerre mondiale, allant des maisons en bande, jusqu’aux processus de construction Castors, et se concrétisent enfin sous la forme d’immeubles.

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Concernant les cités composées de maisons (jumelées ou en bande), elles forment des ensembles cohérents, fortement marqués par la présence des jardins, et à la différence des lotissements, elles proposent des équipements publics accompagnés parfois de places publiques qui structurent la trame urbaine des parcelles des habitations et jardins. Mais on observe que, depuis qu’elles ont été vendues par Michelin, les cités font l’objet de transformations sensibles et variables, d’un point de vue architectural comme sociologique, selon qu’elles sont gérées par des bailleurs sociaux ou rachetées par des particuliers.
Dans ce contexte, Le travail engagé par les deux chercheures, regroupant une équipe pluridisciplinaire comprenant botaniste, zoologue, illustrateur, artiste sonore, paysagiste, poursuit l'ambition de se pencher sur le devenir de ces ensembles, en interrogeant la place de ce patrimoine, matériel comme immatériel, au regard des enjeux écologiques qui traversent la ville du XXIè siècle.
Il s’agit ainsi de saisir, inventorier et enregistrer les traces de ce mode d’habiter ouvrier, considéré comme un patrimoine matériel (habitations, jardins, écosystèmes) et immatériel (récits de vie, pratiques et usages, relations sociales), et de mettre en évidence les évolutions, transformations, les potentialités d’adaptation et d’invention qu’il suscite.
Il convient, d’autre part, pour tenter de construire une “culture du vivant”, d’observer, de relever et d’inventorier plus particulièrement les jardins et leurs composants, qui ont joué et jouent encore un rôle de grande importance, par leur capacité vivrière, par leur statut d’espace de transition entre le logement et le domaine public de la rue (ou de la venelle), par leur relation au grand paysage, par leur support à la biodiversité et à la cohabitation entre humains et non humains.

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Pour restituer ce travail au long court, les chercheures se sont réinventées autrices pour réaliser une série de podcasts composée de six épisodes et d’un bonus, un programme teaser programmé cet été 2023 dans le cadre de la Biennale Internationale d'Architecture de Venise. C’est un format de plus en plus utilisé dans le monde scientifique, permettant à la fois de rendre compte de leurs arpentages, rencontres et analyses, et de s'adresser à un public élargi, au-delà du monde de la recherche.
Ce projet sonore a été accompagné et suivi par l'atelier clermontois Musique pour l'Imaginaire
La série est à l'écoute ci-dessous (et sur l'ensemble des plateformes d'écoutes) :