Chaque été, mon rituel se répète. Je ne peux m’en dégager, il se rappelle à moi, inlassablement, au cœur de l’été, lorsque chacun·e s’occupe à oublier le poids de l’année écoulée et tente d’oublier le feu qui brûle devant nos yeux.
Chaque été, je retrouve Willard et son rafiot, voguant dans la folie du monde, spectateur de la décadence d’une civilisation signant son épiphanie à grands coups de napalm.
Apocalypse Now
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Apocalypse Now pourrait être le dernier acte du monde, le film que l’on projette le jour final, lorsque la nuit prendra définitivement la main pour rendre son obscurité à un monde fétide.
Apocalypse Now constitue définitivement la matrice auto-destructrice d’un occident malade de sa puissance et de sa domination, telle cette communauté française campée dans sa plantation dont le fantasme du passé colonial les promet à une mort certaine.
Apocalypse Now est un film de zombies, Coppola scrute les morts-vivants, soldats perdus, surfeurs déchus, playmates violées.
Apocalypse Now est le dernier western, celui qui voit les indiens défoncés les cowboys, les tordre et les éviscérer, vengeant ainsi une histoire bâtie sur le mensonge du progrés.
Apocalypse n’est pas un film sur le jugement dernier. Ce dernier a déjà eu lieu et les hommes ne sont pas rendus compte. Les hommes l’ont ignoré, préférant le décor d’un monde à sa vérité. En cela, Apocalypse Now constitue une histoire du cinéma américain, ce même cinéma qui a construit le récit national étasunien, récit devenant vérité mensongère dont personne n’est dupe mais dont personne ne souhaite briser le simulacre.
Le cinéma a aujourd’hui transpercé l’écran. L’image est devenue quotidienne et banale. L’image génère jour après jour le mensonge. Alors, chacun·e use de ses petites tactiques pour juguler la psychose qui couve lorsque le faux est défendu comme le vrai. Le yoga nous sauvera, disent-i·elles.
This is the end, beautiful friend
This is the end, my only friend