Depuis presque dix ans Georges Wolinski apportait sa contribution à PortoCartoon, manifestation internationale du dessin de presse, à l'initiative du Musée National de la Presse à Porto. En 2005 il a participé au lancement du Musée Virtuel du Cartoon et depuis il présidait le jury qui chaque année sélectionne le meilleur cartoon (selon le thème) ainsi que le meilleur portrait-caricature. Un prix du public est également ouvert sur le cyberespace (*).
Le postulat du Directeur du Musée, Luis Humberto Marcos, signe leur engagement, «L'affirmation du cartoon comme un des langages les plus universels est ici bien manifeste, à travers une large et créative diversité de styles et messages de l'humour. Dans l'ensemble, la galerie démontre que le cartoon est un bon baromètre de la liberté et de la démocratie. Nous sommes devant le rire du monde qui nous aide à créer un monde meilleur».
Le dessinateur français, grand Ami de Porto était par son talent, sa personnalité et son expérience un acteur essentiel dans cette manifestation annuelle. C'est dire si la disparition de Wolinski et de ses camarades, et les conditions de leur meurtre ont ému et révolté les démocrates de Porto. Dès le vendredi 9 janvier une manifestation a eu lieu devant l’Hôtel de Ville, avec un long portrait de Wolinski suspendu à la façade, en présence notamment du Maire de la ville et de beaucoup de jeunes dessinateurs. En plus, pendant plusieurs jours des rencontres formelles et informelles ou encore des petits rassemblements autour de la statut du «ardina» (vendeur de journaux à la criée, au cœur de la ville, en pleine praça da Liberdade -place de la Liberté- où lui est rendu hommage à côté d'une ancienne boîte aux lettres. C'est ce même symbole que j'ai inséré pour mon blog de Mediapart).
Charlie Wolinski
Le Musée National de la Presse, qui accueillait tous les ans Wolinski, a décidé de lui consacrer une exposition, très rapidement et de la meilleure façon. En faisant connaître au public, bon nombre des couvertures de Charlie Hebdo faites par lui et quelques Unes de Cabu. On découvre aussi le fac-similé de certains de ses articles et dessins consacrés au PortoCartoon dont un d'avril 2014. Beaucoup de ses livres et albums sont également exposés, notamment les traductions en portugais. Également une note de la Direcçâo Geral de Segurança, datée du 29 abril 1971 avec la liste des publications étrangères interdites dont, en français, Charlie Hebdo, J'accuse, Africasia... trois ans plus tard les œillets ayant fleuri elles sont passées la frontière!
Une de Charlie Hebdo, signé Wolinski, (n°248) en août 1975, un an après la révolution des œillets, l’Église exprimait ouvertement son soutien à quelques manifestations et incendies contre les locaux du Parti Communiste Portugais, notamment à Braga
L’exposition, est ouverte jusqu'à la fin mars. Et si vous en avez l'occasion, c’est une façon de lui rendre hommage mais surtout, en dehors du contexte français, de se rendre compte de l'importance de ce combat pour la liberté de la presse au-delà des Pyrénées. [info pratique: Estrada Nacional 108, n° 206 -à côté de Ponte do Freixo- bus 1 ou 22 à partir du métro Campanhâ].
Rappelons que Wolinski avait reçu au Musée, en juin 2014, le titre du premier citoyen honoraire de Porto capital du Cartoon. Et lors de l'édition de 2014 il avait fait un joli clin d’œil à la ville qui l'accueillait, «Chaque année, je viens boire mon porto à Porto, sur les bords du Douro. Un jour j'achèterai une ruine et je finirai mes jours dans ce pays sans prétention...». La violence sous couvert de fanatisme religieux, avec des méthodes fascistes, a mis fin à ce projet de «retraite sans prétention»...
(*) J'inscris dans le commentaire le thème de PortoCartoon 2015.
http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/220714/portocartoon-le-rire-du-monde