ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

842 Billets

2 Éditions

Billet de blog 1 décembre 2023

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Immigration : l’inhumain inscrit dans la loi ?

C’est le rejet, l’exclusion, la stigmatisation que des femmes et des hommes, élus.es de la Nation, se préparent à consacrer dans la loi immigration, présenté par Darmanin avec l’aval du Président et la volonté de la cheffe du gouvernement d’éviter le 49.3... Et l’humain dans tout ça ? Est-ce que les questions d’immigration sont du ressort exclusif du ministre de la police et de la répression ?

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La terre entière s’est mise en confinement il y a à peine trois ans, toutes les populations dans tous les continents étant concernées en alerte et en suspens. Il y a deux ans, une guerre en Europe est venue mettre en branle les économies, l'énergie et les productions agricoles dans tous les pays... et pendant ce temps-là des élus d’un pays comme la France ‘‘confortable par ses moyens économiques et financiers’’, s’agitent et agissent contre celles et ceux dont la misère sociale pousse à venir en Europe sans frapper à la porte.

Un projet de loi, avec les amendements du Sénat qui cherche à ‘‘rendre encore plus difficile le parcours des personnes immigrées sur le territoire’’, comme si elles étaient illégitimes par nature.

 ‘‘Nous appelons au sursaut collectif ’’ 

Comme le rappelle un collectif avec la Cimade ; Oxfam France ; l’’ATD Quart Monde ; la secrétaire générale de la CFDT ; la Fondation Abbé Pierre ; France terre d’asile, entre autres : ‘‘des mesures régressives plus stupéfiantes les unes que les autres : en durcissant les conditions d’accès à un titre de séjour ; en supprimant l’aide médicale d’État, rendant encore plus difficile l’accès aux soins de première nécessité des étrangers en situation irrégulière ; en rendant quasi inopérant le dispositif de régularisation par le travail ; en supprimant le droit aux prestations familiales, à l’allocation personnalisée d’autonomie, à plusieurs prestations concernant les personnes en situation de handicap ou le droit au logement opposable pour les étrangers résidant en France depuis moins de cinq ans (contre six mois aujourd’hui) ; en rétablissant le délit de séjour irrégulier ou encore en supprimant l’automaticité de l’acquisition de la nationalité à 18 ans pour les personnes nées en France de parents étrangers.’’

Et le ministre soucieux de son futur électoral dit banco aux jusqu’au-boutistes du Sénat, et avec le gouvernement, ‘‘a glissé dans le texte des mesures brutales non prévues dans le projet de loi initial. Ils constituent d’importants reculs pour le droit des étrangers et le droit d’asile : rétention administrative des demandeurs d’asile, restriction du champ de la réunification familiale pour les bénéficiaires d’une protection internationale, recul de l’intervention du juge des libertés à quatre jours (au lieu de deux) pour les personnes en rétention et limitation des possibilités de libération…’’

Les médias s’accordent à écrire que Darmanin sait ‘‘que l’opinion est derrière lui’’. Oui, une opinion publique dont les incartades du ministre travaillent depuis longtemps... ‘‘leur rendre la vie impossible’’ (Le Monde nov 2022) à propos des migrants sous OQTF ou la phrase ministérielle digne de sciences-po ‘‘Être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants’’.

Et sur le terrain l’arbitraire se poursuit...

Que dire d’un État de droit dont le Préfet interdit les distributions alimentaires dans un quartier de Paris pour un mois. Interdiction qui débute le jour même de la Journée internationale de lutte contre le sans-abrisme (10 octobre). Comment comprend la destruction de campements avec des départs forcés, comme hier à Calais et Dunkerque, avec l’intervention de la police à 5 heures du matin. Arrestation de migrants qui n’ont pas eu le temps de récupérer leurs maigres affaires.

Comme cite Le Monde de ce jour, ‘‘L’évêque d’Arras, Mgr Olivier Leborgne, qui s’est rendu sur place, a souligné que les évacuations se font sans prévenir, ni faire de diagnostic social, déplorant que ‘‘la seule porte d’entrée est sécuritaire...Est-ce qu’elle pourrait être humanitaire ? D’abord est-ce qu’on peut respecter le droit ?’’ , a-t-il lancé, rappelant les propos du pape à Marseille sur le risque de « naufrage de civilisation » dans la peur et l’indifférence opposées au phénomène migratoire.’’

‘‘A Calais, 400 à 800 personnes ont été délogées, a indiqué le Secours catholique, dénonçant des « expulsions forcées » car certaines de ces personnes ont été poursuivies, voire contraintes de monter dans des bus. Véronique Devise, présidente du Secours catholique qui était sur place jeudi, a demandé « une ouverture du plan Grand Froid de façon plus souple », pour héberger les migrants sans les expulser.’’

‘‘Yassin Omar, un Soudanais de 18 ans arrivé à Calais il y a quatre mois, a raconté à l’Agence France-Presse que lui et ses compagnons soudanais dormaient quand la police est arrivée vers 5 heures. Certains ont été pris par la police, ‘‘on ne sait pas où ils les ont emmenés.. Quand je suis revenu sur le camp, je n’ai pas retrouvé mon sac, ma couverture, rien. Je ne comprends pas pourquoi la police fait ça.’’

L'humanité passe par l'Autre!

Oui, et l'humanité dans tout ça? Nous sommes aussi sourds et aveugles à la détresse du dehors comme nous le sommes souvent à la détresse du dedans? Le taux de pauvreté en France augmente... Il est passé de 13,6 % de la population en 2020 à 14,5 % en 2021, selon les données encore provisoires de l’Insee. Malgré la fragilité des indicateurs pour l’année 2020, l’Insee souligne que «la France sort de l’épisode Covid en 2021 avec un taux de pauvreté supérieur à celui qu’elle avait quand elle y est entrée», selon Libération (24 nov 2023). 

Avec 25 000 millionnaires supplémentaires entre 2021 et 2022, la France se distingue de la plupart des autres pays européens : le Royaume-Uni, l'Italie ou l'Allemagne, notamment, où le nombre total de millionnaires diminue. (France-Inter 16 août 2023).

"L'Universel, c'est le local moins les murs" s’exclamait le poète et écrivain portugais Miguel Torga, en 1954 au Brésil, dans la volonté d’une fraternité faite de convictions et d'échanges... L'Universel dans la France des années Macron c'est le local avec ses amis Mckinsey, faite d’affaires, de jonglage de mots, de com' et de serviteurs comme le ministre de la police toujours prêt à dégainer. En attendant Le Pen & consorts affinent leurs armes et à Calais ou Dunkerque en auraient fait autant !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.