‘‘Il n’a plus d’internet’’ et le dr. Ezzideen, médecin à Gaza, a réussi à envoyer un message malgré l'arrêt d'internet. Et ce qu’il dit, nous alerte sur l’impuissance dans laquelle nous nous trouvons devant tant de violence, de mensonges que le gouvernement d’Israël répand en massacrant le peuple de Gaza et en le réduisant au silence!
Le monde aussi est, en quelque sorte, réduit au silence car, à chaque fois qu’une voix se lève dénonçant ces actes inhumains contre le peuple palestinien, une avalanche d’accusations, notamment d'antisémitisme, nous exclue avec l’assentiment honteux des gouvernements occidentaux.
"Silence pour Gaza"
D’où cet appel pour un black-out numérique journalier de 21h à 21h30 pour le peuple palestinien.
"Silence pour Gaza" est né! Et tous les jours, nous sommes invités à éteindre totalement nos portables et toute autre connexion. L'idée c'est que chaque jour, à la même heure, des millions d'utilisateurs dans le monde entier deviennent complètement silencieux sur les réseaux sociaux pendant 30 minutes. Cette action collective non-violente enverra un signal numérique fort aux algorithmes et témoignera notre solidarité avec Gaza.
Voici le message que le dr. Ezzideen, médecin à Gaza, a réussi à nous envoyer. Ces mots décrivant la réalité qu'il traverse vont au plus profond de nous mêmes et nous mobilisent devant tant d'inhumanité. Je l'ai lu, relu, en silence, à voix haute et je pense qu'il est important de le partager le plus loin, le plus large possible...
* * *
"Il n’y a plus d’internet.
Plus de signal. Plus de son. Plus de monde au-delà de cette cage.
J’ai marché pendant trente minutes à travers les ruines et la poussière. Non pas pour chercher à fuir, mais pour trouver un fragment de signal, juste assez pour murmurer : «Nous sommes toujours en vie.»
Pas parce que quelqu’un écoute, mais parce que mourir sans être entendu, c’est la mort ultime.
Gaza est maintenant silencieuse.
Pas d’un silence de paix, mais d’anéantissement.
Pas un silence de calme, mais d’étouffement.
Ils ont coupé le dernier câble
Aucun message ne sort. Aucune image n’entre
Même le chagrin nous est interdit.
J’ai croisé les cadavres de bâtiments, de maisons, d’hommes — certains respirant encore, d’autres non.
Tous effacés par la même main qui a effacé nos voix.
Ce n’est pas seulement un siège de bombes.
C’est un siège de la mémoire : une guerre contre notre capacité à dire « Nous étions ici. »
Les bombardements n’ont jamais cessé, surtout à Jabalia.
Ils pilonnent les rues où les enfants mendient de la nourriture.
Ils pilonnent les files où les mères attendent de la farine.
Ils pilonnent la faim elle-même.
Pas de nourriture. Pas d’eau. Pas de sortie.
Et ceux qui essaient… ceux qui tendent la main vers l’aide… sont abattus.
Les gens meurent ici, et personne ne le sait.
Non pas parce que les tueries ont cessé, mais parce que la coupure de la connexion a réussi.
L’internet était notre dernier souffle.
Ce n’était pas un luxe ; c’était la dernière preuve de notre humanité.
Maintenant, il n’est plus.
Et dans l’obscurité, ils massacrent sans conséquence.
J’ai trouvé ce faible signal eSIM comme un mourant trouve une étincelle de flamme.
Je me suis tenu sous un ciel brisé, risquant la mort, non pour être sauvé, mais pour envoyer ceci :
Un seul message.
Une dernière résistance.
Si vous lisez ceci, souvenez-vous :
Nous avons traversé le feu pour le dire.
Nous n’étions pas silencieux.
Nous avons été réduits au silence.
Et quand les câbles seront rétablis, la vérité saignera à travers les fils, et le monde saura ce qu’il a choisi de ne pas voir."
Dr Ezzideen, Médecin à Gaza
* * En préparant ce billet, j’ai trouvé celui de Marina Combe, publié le 4 juin, dans son blog ‘‘ça suffit!’’, /silence-numerique-pour-gaza, qui m’avait échappé.
*** Dans le premier commentaire l’origine de ce billet et le mode d’emploi du black-out ‘‘silence numérique’’... Silence pour Gaza! (7 juillet, rectifié le nom du dr. Ezzideen, médecin à Gaza)