ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

846 Billets

2 Éditions

Billet de blog 4 juin 2013

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

La fille du 14 juillet

La France n'a plus d'argent, elle n'a que du fric, dit un des personnages dans la fille du 14 juillet,film d'Antonin Peretjatko présenté à la quinzaine de réalisateurs au Festival de Cannes. Et la fille du défilé (belle interprétation de Vimala Pons) vend ce jour là le journal la Commune, à la criée. Ainsi que des accessoires en harmonie avec la commémoration, une petite guillotine par exemple! Elle montre la recette à sa copine, deux pièces bien dorées de zéro euro!

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La France n'a plus d'argent, elle n'a que du fric, dit un des personnages dans la fille du 14 juillet,film d'Antonin Peretjatko présenté à la quinzaine de réalisateurs au Festival de Cannes. Et la fille du défilé (belle interprétation de Vimala Pons) vend ce jour là le journal la Commune, à la criée. Ainsi que des accessoires en harmonie avec la commémoration, une petite guillotine par exemple! Elle montre la recette à sa copine, deux pièces bien dorées de zéro euro!

Et pendant ce temps, avant-hier Sarkozy, hier Hollande, comme on les a jamais vus, on suit leur installation dans la tribune officielle. Le propos est posé, le pouvoir, l'argent, l'Europe, les conventions, sont joyeusement égratignés dans une comédie qui a fait rire Cannes et nous amuse par ses gags à la mode des Pieds Nickelés, par ses clins d’œil jamais anodins sur la vie qui va.

L'histoire: un 14 juillet, Hector voit une jeune brune, comme une apparition derrière une statue grecque au musée du Louvre, là où il est gardien. Il tombe amoureux de la vision et de la vraie et, pour la conquérir ils partent à cinq vers la mer. Lui et son copain Pator (joué par Vincent Macaigne), elle et sa copine, plus le frère inévitable de la copine.

«Road-movie» à la française, qui traverse la France en direction de l'océan, sans qu'ils se rendent compte que les juillettistes rentrent et les aoûtiens aussi, car Sarkozy rappelé aux affaires face à la crise et pour sauver les banques, décide d'avancer la rentrée d'un mois!

Les péripéties du voyage font que le groupe se disloque, et voilà Pator à la recherche de Truquette, embarquée avec autorité-séductrice par le frère de sa copine. Dans leur quête commune, ils se rêvent, en personnages romantiques à la Tchekhov et nous suivons tantôt hilares, tantôt souriants, mais toujours dans l’allégresse cette folle chevauchée, avec des figures un peu loufoques, qui traversent ce film pour mieux l'enrichir du présent et des interrogations que leur avenir-fragile suscite.

Ici ou là on parle des multiples références cinématographique de l'auteur, à des acteurs, des réalisateurs, on a même dit que le bikini de Truquette fait penser à Pauline à la plage, mais dans un Rohmer à l'envers. Même si on entend la bande jouer du fellini, les vignettes-cinématographiques ce sont celles qui nourrissent l'inconscient des amoureux du cinéma. Et Antonin l'aime et nous le fait encore aimer davantage.

La séquence «désopilante» de la guillotine, parcours le film, prenant de l'importance avec d'autres expériences de magicien. Elle finit par montrer son efficacité avec un royaliste bon teint! A tel point que, très gentillement on a demandé au réalisateur s'il était un admirateur de Robespierre. «Pas plus que ça, je ne suis vraiment pas un spécialiste de la Révolution. On dit qu'il y a eu beaucoup de morts et c'est vrai, mais avant il y avait eu beaucoup plus», a-t-il répondu lors de la présentation du film au Forum des Images.

C'est le premier long métrage d'Antonin Peretjatko (après dix ans de cinéma) et il nous invite avec une comédie à cette impertinente vision (anar disent certains) d'une jeunesse chercheuse qui s'élance pour ses dernières vacances d'été. La fille du 14 juillet, dans sa panoplie des objets commémoratifs, vendait un pavé... en mousse! Son film, qui sort en salle ce mercredi 5 juin, est ce pavé qui surprend et qui fait rire. On pourrait souhaiter qu'il dérange quelques esprits endormis!

*  * La Fille du 14 juillet. Film français d'Antonin Peretjatko avec Vimala Pons, Grégoire Tachnakian, Vincent Macaigne (1h28).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.