Et pourtant, on en n'a pas beaucoup parlé en France. Occupés que nous sommes avec cette campagne électorale qui n'en finit pas de bouleverser le fonds de commerce que les partis de gouvernement imposent depuis longtemps, le succès de ce référendum des voisins Suisses, s'il n'est pas passé inaperçu, il n'a pas mobilisé outre mesure notamment les réseaux sociaux comme on dit. Le nouveau gouvernement était encore dans la phase d'installation et la nomination de Nicolas Hulot restait la nouveauté...
Et pourtant, même insuffisante, imparfaite, où «tout (ou presque) reste à construire» selon le journal suisse Le Temps, c'est un pas en avant pour l'environnement. Il rend légitimes et opérationnels les plans pour développer les investissements des énergies renouvelables. D'autant plus important que la position (attendue) de Trump cherche à fragiliser toute idée ou projet innovateur dans ce sens partout dans le Monde.
Je reste, pour le moment, dans l'attente (et lui souhaitant de réussir) que le nouveau ministre à «la Transition Écologique et aux Solidarités» saisisse cette opportunité pour s'exprimer sur la décision du peuple Suisse et clarifier la position du gouvernement. À remarquer que la Fondation Nicolas Hulot, dans son espace Presse, où sont publiés les communiqués, n'a pas «communiqué» sur le référendum suisse. Étant une fondation «pour la nature et l'homme», on est en droit d'espérer que la Fondation ait quelque chose à dire!
Le Brevet des Collèges «promeut» l'énergie nucléaire?!
Et on comprend le peu engouement médiatique, quand on découvre qu'au sein même de l’Éducation Nationale le sujet de la tâche environnementale semblerait minée par des visées pro-troisième énergie. En effet, dans le sujet de sciences du Diplôme National du Brevet donné à Pondichéry, il est question d'une classification des énergies pour le moins originale (les énergies non renouvelables, les énergies renouvelables… et l’énergie nucléaire).
Ce sont deux enseignants et formateurs en Physique-chimie de l’Académie de Lyon, Jacques Vince, Julien Machet, qui ont révélé l'affaire, en explicitant aussi ce qui est proposé sur les éoliennes: «Dans la partie de physique-chimie, il s’agit de montrer pourquoi le développement de l’énergie éolienne n’a pas été fait «à grande échelle» (entendre «sur tout le territoire français»). Pour ceci, après avoir fait estimer qu’il faudrait couvrir l’équivalent d’un département français d’éoliennes actuelles (aucune allusion aux innovations techniques à venir dans le domaine) pour répondre à la consommation actuelle, on demande aux candidats de formuler uniquement un avis «à charge» en formulant deux arguments pour conclure que l’énergie éolienne ne peut pas être le seul choix pour répondre aux «besoins croissants» en électricité (efficacité et sobriété énergétiques ne sont jamais évoquées)».
De son côté l'observatoire du nucléaire, dans un communiqué du 3 juin, publie une adresse au Ministre d’État M Hulot: «Par ailleurs, les auteurs du sujet bafouent allègrement la vérité scientifique,lorsqu'ils prétendent noir sur blanc à l'existence de trois catégories d'énergies, les énergies renouvelables, les énergies non-renouvelables et... le nucléaire, ce dernier étant placé à part alors qu'il fait officiellement et incontestablement partie des énergies non-renouvelables : le combustible du nucléaire, l'uranium, est un minerai dont les réserves diminuent et qui ne "repousse" pas».
On peut toujours se gargariser sur l'attitude rétrograde et soumise aux intérêts économiques des puissants alliés en Amérique... espérons que le prochain discours du Président Macron sur l'environnement, après la réponse en anglais à Trump, soit en français sur sa politique de transition énergétique!
* * Dans la page Club, Fred Oberson a publié un billet * Les Suisses disent NON au nucléaire ! * Avec l'éditorial du journal Le Temps du 21 mai 2017.