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Billet de blog 6 février 2021

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Soutien à Anticor... pour l'éthique en politique !

La cérémonie annuelle d'AntiCor (contre la corruption pour l'éthique en politique) a eu lieu samedi 30 janvier à la Bellevilloise (Paris 20). C'est le moment de démontrer leur “générosité”. Des prix éthiques à des journalistes, un élu et à une chercheuse qui étudie la “délinquance en écharpe”. Moment fort aussi pour distribuer la casserole et la pantoufle à des récipiendaires méritants.

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En direct, sans public, présentée par Yann Boudier la cérémonie a été animée et agrémentée, si on peu dire, par des séquences musicales avec les Goguettes, ce trio à quatre qui a su ponctuer le sérieux des sujets avec des créatives pauses en chansons. Entre autres un Bygmalion dédié à Paul Bismuth, le changement c'est doucement en hommage à Hollande, ou un ''de Rugy aussi'' inspiré avec talent par Félicie aussi!

Après l'ouverture par la présidente Élise Van Beneden, qui a rappelé, à l'intention du premier-ministre, que l'Association était déterminée à obtenir son agrément... place à la reconnaissance de l'engagement citoyen avec les prix “éthique”. Ils ont été attribués à trois journalistes, une chercheuse et un député.

Paul Cassia (bien connu des lecteurs de Mediapart) à présenté Vincent Jauvet, journaliste, grand reporter à l'Obs auteur, entre autres de “Les voraces” (éd Robert Laffont). Une enquête qui démontre l’interpénétration entre les secteurs public et privé, avec leurs propres conflits d’intérêts, souvent niés par les intéressés voire les institutions de l’État censées les contrôler qui contribuent à la confusion et surtout à la défiance des citoyens envers les élus.

Le vice-président d'Anticor, Eric Alt, a salué le travail de thèse “Recherche sur le droit de la probité des élus de la République” de Béatrice Guillemont, doctorante en droit public et droit privé à l’Université Toulouse Capitole. Ses travaux portent sur la probité et la corruption des élus et des responsables publics, sur la transparence, la déontologie et les valeurs de la République.

Deux autres journalistes sont salués et reçoivent des membres d'Anticor la fameuse Marianne.

Le journaliste d'investigation du Midi Libre Hocine Rouagdia, pour son enquête sur les soupçons de favoritisme et de trafic d'influence autour de la SENIM, à Nîmes. Il souligne l'importance de cette Marianne car ce prix fait ressortir le rôle de la presse régionale : “Ce qui est intéressant, c'est de montrer qu'on peut aussi "sortir" des affaires en étant journaliste en région. C'est une reconnaissance du travail de toute la presse locale, qui n'est pas toujours facile, parfois même très difficile”.

Le métier de journaliste peut s'apparenter à un “support de combat” comme le prouve le parcours d'Inès Léraud, journaliste et documentariste. Elle a consacré trois ans de travail, en s'installant dans un hameau agricole des Côtes d'Armor pour mener des investigations sur l'agriculture et l'agroalimentaire bretons, dénonçant notamment les algues vertes, dont une BD et des articles entre autres dans la Revue Dessinée ont fait connaître le système breton à la sauce mafieuse! Également pour elle un prix éthique bien mérité. D'ailleurs les poursuites contre son travail se poursuivent... riches en moyens et avocats les industriels, comme le groupe Cheritel à Guingamp, portent plainte et la retirent quelques jours avant l'audience. Ils empêchent ainsi le travail des journalistes et de la justice, sans que l’État, semble-t-il n'y trouve rien à dire. Outre le fait qu'ils contribuent à la détérioration voire la destruction de l'environnement.

Anticor avait attribué l'année dernière un prix Éthique à un député. Olivier Marleix élu LR d’Eure et Loire, pour son implication dans la commission d’enquête parlementaire ayant exigé des explications sur les conditions du rachat de la branche énergie d’Alstom par Général Electric. En quelque sorte Anticor affiche ainsi bien haut “non, ce n'est pas tous pourris” tordant le cou aux discours populistes.

Cette année c'est un jeune député Ugo Bernalicis, élu FI,  qui a présidé la commission d’enquête parlementaire sur les obstacles à l’indépendance du pouvoir judiciaire. Le ministre, qui serait compétent, celui de la justice,  ne s'est pas encore “autorisé” à y donner suite. Faute de temps, d'intérêt ou parce que cela bouleverse ses plans et les instructions qu'il a reçu de l’Élysée? En tout cas, comme l'année dernière dans la représentation nationale au-delà des positions politiques de leur appartenance, il y a des élus qui contribuent à une réflexion plus large que les consignes de leur groupe et surtout soulèvent des questions (dans les deux cas) qui ont trait au devenir de la démocratie.

Pour terminer la cérémonie, les auteurs-compositeurs-chanteurs les Goguettes , que beaucoup parmi nous ont découvert avec bonheur pendant le premier confinement, ont reçu un Prix éthique pour leur répertoire humoristique et renversant qui met en chanson et parodie des manquements à la probité (Bygmalion, Pénélope Fillon, De Rugy…), remis par Didier Melmoux, administrateur et coordinateur des groupes locaux d’Anticor.

Bygmalion - Les Goguettes (en trio mais à quatre)***YouTube · Les Goguettes

Casserole & pantoufle !

L'Association Anticor, dans une démarche de salubrité publique, souligne aussi les qualités de celles et ceux pour qui la corruption des valeurs démocratiques et du bien commun n'a pas de limites se livrant à des paroles, faits et gestes qui vont à l'encontre de l'éthique et du bien commun.

Cette année une “casserole” pour la ministre Agnès Pannier-Runacher et ses petites-perles qui ne font pas rire, «C'est plutôt le moment de faire des bonnes affaires en Bourse aujourd'hui» (10 mars 2020). Mme la ministre méritait bien qu'on s’intéresse à elle après “avoir tenté de dissuader plusieurs élus d’opposition de saisir le Conseil constitutionnel sur le projet de loi ASAP (Accélération et de Simplification de l'Action Publique)”.

La “pantoufle” pour le magistrat-avocat Eric Russo. Après cinq ans comme vice-procureur au sein du Parquet national financier (PNF), qui incarnait la lutte contre la fraude fiscale ce “spécialiste reconnu, est parti apporter ses compétences au cabinet d’avocats américain, Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, défenseur de sociétés soupçonnées d’évasion fiscale”. Sans doute une bonne prise pour les adeptes de la fraude fiscale.

 En attendant l'agrément, qui a peur d'Anticor ?

La cérémonie, en direct suivie par vidéo, a été aussi l'occasion de rappeler que l'Association attend, dans le cadre de la procédure de renouvellement, son agrément ministériel, l’autorisant à saisir la justice ou à se porter partie civile dans une procédure.

Déposée en août 2020, et après l'avoir ''égaré'' les services du Ministère de la Justice procèdent depuis le 2 octobre à son instruction. Du fait de la plainte d'Anticor contre le ministre ''pour prise illégale d'intérêts'', c’est au Premier Ministre qu’il revient de prendre la décision avant le 3 février. Entre-temps il y a eu l'épisode de la demande du gouvernement de la liste des ''gros'' donateurs d'Anticor. L'Association a refusé de la fournir et a saisi la CNIL qui vient de lui donner raison.

Lire avec intérêt l'article très documenté de Jérôme Hourdeaux La Cnil appelle le gouvernement à respecter l’anonymat des donateurs d’Anticor* Ce sera le 10 février (semble-t-il) que le gouvernement apportera une réponse.

Comme l'écrit la présidente d'Anticor “Il appartient au Premier ministre de prendre la mesure de l’enjeu. [...] “En matière de corruption, si nous sommes tous victimes dans les faits – le coût de la corruption a été chiffré à 120 milliards d’euros par an en France – personne ne peut se prétendre victime au sens procédural : le simple citoyen n’a pas d’intérêt à agir contre un élu corrompu. C’est là qu’interviennent les associations anti-corruption. En représentant l’intérêt général, elles permettent d’éviter que des scandales politiques soient enterrés”. Élise VAN BENEDEN

Adhésion, une façon de participer et d'élargir le champ de l'anti-corruption

Adhérer à Anticor c'est un soutien citoyen, urgent et qui nous concerne tous. La cotisation de base est de 35€ et pour jeunes, étudiants, demandeurs d'emploi elle est de 12€. Même sans la liste des “donateurs...” il est vraisemblable que les services de Darmanin nous guettent...  En attendant il me semble important d'élargir le plus possible le nombre d'adhésions à Anticor. Il y a va de l’anti-corruption et de l'éthique en politique aujourd'hui mais aussi du devenir de la démocratie pour demain.

C'est ici, pour adhérer ou faire un don:  https://anticor.espace-adherent.org/adherer/

Et si on a le temps, pendant le week-end, la Cérémonie de remise des prix Éthiques et des Casseroles et Pantoufles 2021, mérite bien d'être vue et applaudie... https://www.youtube.com/watch?v=KhUnFDP3cfY&feature=youtu.be

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