Une visite exceptionnelle à l'exposition "Vies d'Exil", des Algériens en France pendant la guerre d'Algérie (1954-1962) qui a lieu à la Cité Nationale de l'histoire de l'immigration, CNHI, (jusqu'au 19 mai 2013). Le guide ce matin était Benjamin Stora, commissaire de l'exposition, bien connu des lecteurs de Mediapart.
Dans cette exposition, il s'agit de donner à voir et à comprendre la destinée de cette population qui deviendra ouvrière, pour travailler dans le bâtiment, la métallurgie, en suivant la carte industrielle de la France. Immigration essentiellement économique qui va s'installer dans les foyers, les cafés-hôtels, et plus tard dans les bidonvilles notamment celui de Nanterre ou Gennevilliers, un des plus importants qui accueillera aussi l'immigration familiale. Cette immigration qui participera aux luttes sociales et surtout s'engagera dans le processus qui conduira leur pays à l'indépendance non sans faire des victimes notamment lors des manifestations parisiennes (celles moins connues du 14 juillet 1953, et du 9 mars 1956, qui a causé la mort d'onze Algériens, ou celle du 17 octobre 1961, sous le Général de Gaulle et son préfet Maurice Papon et la cinquante de cadavres d'Algériens repêchés dans la Seine).
L'esposition décrit bien avec un matériel abondant la vie de cette population, son engagement politique, sa vie sociale et professionnelle et le milieu culturel dans lequel les immigrés s'inscrivaient.
L'autre comissaire de l'exposition, Linda Amiri, explique ainsi le message de l'exposition: "Nous avons cherché à mettre en lumière une immigtration qui a une histoire, son quotidien en état de guerre, également à souligner les liens de solidarité tissés entre elle et les Français, les intellectuels, les artistes, les associations comme la Cimade". Et Benjamin Stora ajoute "n'oublions pas la gauche chrètienne, très active dans le soutien aux immigrés, particulièrement la Mission de France qui regroupe les anciens prêtres-ouvriers dissous par le Vatican au début des années 1950 et, bien sûr, les dissidents du PCF, les meilleures pourvoyeurs de l'armée des 'porteurs de valise". Peut-être aurait-il été important d'y ajouter une référence aux autres immigrations du début des années 60 qui ont côtoyé et souvent fraternisé avec les immigrés Algériens.
http://www.histoire-immigration.fr/2012/1/vies-d-exil-1954-1962-des-algeriens-en-france-pendant-la-guerre-d-algerie
* * *
La Cité Nationale de l'histoire de l'immigration, CNHI, a ouvert ses portes, très discrètement, le 10 octobre 2007. Le Président de la République d'alors, fier de son "ministère de l'identité nationale" ne se voyait pas couper le ruban à la Porte Dorée. Il faut dire que le nouveau Président ou son gouvernement, n'ont pas encore eu non plus le temps d'honorer ce lieu qui contribue à faire connaître l'apport des immigrés à la vie économique, sociale, culturelle et sportive de la France. On pourrait s'attendre à une autre dynamique ou à un autre enthousiasme des nouveaux responsables politiques à l'égard de ce lieu. Initiative de M Jospin en 2001, annoncé dans le programme de M Chirac en 2002, lancé par un comité interministériel en 2003 et mise en chantier en 2005, avec M Toubon à sa tête, actuellement président du Conseil d'Orientation.
Une bonne nouvelle, dans un mois la Cité lance une carte d'abonnement permettant un plus grand nombre de visiteurs réguliers. Et peut-être pourrait-on songer à la création d'une Association des Amis de la Cité de l'histoire de l'immigration, ouvrant ainsi un engagement civique en hommage aux "soutiers" de ce pays.
Si vous avez l'occasion, visitez la Cité, une façon aussi de mieux comprendre ce qui a construit l'hexagone: http://www.histoire-immigration.fr/sites/all/themes/cnhi/logo.png