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Billet de blog 9 mars 2015

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Peut-on avoir un autre avis, sans exclure ni s'exclure?

Pour les préparatifs du septième anniversaire de Mediapart les esprits s’échauffent. Et pourtant c'est l'âge de raison, sept ans, un cycle se termine et un autre qui s'annonce. Je suis frappé, je crois que nous sommes nombreux, à observer cette tempête, avec des portes qui claquent, des ultimatums comminatoires, des exclusions ad vitam eternam, des autodafé publiques.

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Pour les préparatifs du septième anniversaire de Mediapart les esprits s’échauffent. Et pourtant c'est l'âge de raison, sept ans, un cycle se termine et un autre qui s'annonce. Je suis frappé, je crois que nous sommes nombreux, à observer cette tempête, avec des portes qui claquent, des ultimatums comminatoires, des exclusions ad vitam eternam, des autodafé publiques.

Suite à la publication d'un billet par deux journalistes de Mediapart sur les déclarations-russes de Mélenchon, commentaires et billets se sont succédés pour maudire les mauvaises intentions des irrévérencieux-journalistes. Des billets faisant appel à l’éthique, à la charte, au Syndicat des journalistes, en filigrane à la direction et, probablement, au chef !

Comme si dans un journal qui n'est ni la Pravda ni l'Osservatore Romano, autrement dit ni d'un parti ni d'une église, exprimer un avis, une opinion, même contestable, soulèverait un torrent de quolibets (ou critiques) plus ou moins inspirés. En l’occurrence, ils avaient averti en notant parti pris. C'est à dire prendre parti, étant de ce fait un choix partial voir partisan, il peut être aussi teinté de mauvaise foi.

Il est tout à fait légitime de "juger" ce parti-pris injuste, inadapté, hargneux. Estimer qu'ils -ou d'autres- n'auraient pas le droit d'exprimer avec la même liberté et la même "mauvaise foi" me semble le contraire d'un journal pluriel où de nombreuses opinions, tendances, des militants encartés ou pas, écrivent ce qui leur semble juste, opportun, pertinent et veulent faire partager leurs convictions ou leurs états d'âme.

Pourquoi le responsable en titre d'un parti serait-il "épargné" du droit de critique ? Nous traversons une période qui n'est pas "formidable" pour les valeurs de la démocratie. Ni la gauche, ni l'extrême-gauche ne rassemblent pas, en ce moment, ni des leaders ni des idées qui ouvrent à une alternative pour le pays. Après les dix ans de la Sarkozie et les bientôt trois de l'Hollandisme qui a bien du mal à cacher ses renoncements et du mal à imposer ses compromissions. Peut-être que ce constat (d'un électeur sans chapelle), éloigne de plus en plus une grande partie des citoyens de ce pays à s'engager dans le combat politique, dans la vie publique tout simplement, à croire dans l'émergence d'une volonté politique démocratique. Cette vision démobilisatrice contribue grandement à renforcer les adeptes d'un État fort, voire autoritaire.

Ces débats d'exclusion pour l'anniversaire de Mediapart me paraîssent aller à l'encontre de ce projet de journalistes que nous avons soutenu et  dont nous sommes nombreux à faire vivre par nos abonnements, à y contribuer par nos commentaires ou billets et à faire connaître autour de nous. Reste que le travail d'investigation et les résultats sur le plan journalistique de ces sept ans de Mediapart, me semblent bien plus importants que nos troubles-de-clubistes, même bien intentionnés...!


L’anniversaire. Goscinny – Sempé

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