Le gouvernement se gargarise d’avoir découvert et mis fin à ce ‘‘produit’’ Shein, alors que depuis au moins quatre mois il était dans le catalogue du site (ainsi que des ‘‘armes’’ de poing…). C’est une internaute et la revue ‘‘60 millions de consommateurs’’ (publication que le gouv-Lecornu prévoit de s’en débarrasser grâce au projet de finances 2026) qui ont alerté la répression des fraudes fin octobre, comme Le Canard de la semaine le révèle… -bercy-avait-refuse-de-s-en-meler : ‘‘Le gros dodo de Bercy face aux poupées pédos’’.
Et quand on dit Sheine en France, on dit BHV et son ‘‘sulfureux patron’’ [/en-pactisant-avec-shein-le-sulfureux-patron-du-bhv], mais on dit aussi l’ancien ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, oui celui des gilets jaunes et du covid !
De déc 2024 à mai 2025 il a été embauché "comme conseiller par l’entreprise chinoise de fast-fashion Shein" via, dit-il, sa société de conseil Villanelle, qui se présente, sur Likedin, comme un cabinet «spécialisé en conseil en affaires publiques, affaires gouvernementales et relations institutionnelles». L’entreprise dit avoir choisi l’ancien-ministre pour bénéficier de ses «conseils en matière d’environnement». On n’était pas au courant qu’il se connaissait en écologie quand il était place Beauvau!
Castaner, «conseils en matière d’environnement»
Pour de vrai, Shein cherchait à faire pression grâce au carnet d’adresses de Castaner, sur le débat en cours contre la proposition de loi destinée à réduire l’impact environnemental de la fast-fashion avec la création d’un malus et l’interdiction de leur publicité. Texte voté en 2004 à l’Assemblée et qui arrivait au Sénat. A l’origine ambitieux, il a été un peu édulcoré lors de son passage en commission au Sénat et, selon la version qui en est sortie, le malus serait indexé sur un critère moins exigeant et seul le recours à des influenceurs serait interdit. Il a été voté en juin 2025. Finalement le ‘‘deal’’ Castaner n’a pas trop marché...
Mais l’ancien-ministre s’était battu comme un lion, avec des arguments de poids : « Shein est une entreprise jeune, qui a connu une croissance rapide. Elle arrive à une étape de maturité qui lui permet d'adopter une démarche d'amélioration continue sur chacun de ses marchés, le marché européen faisant aussi partie de ses priorités. Et elle a compris qu'il lui incombait, en tant qu'acteur important, de prendre des initiatives vertueuses » [in la Tribune Dimanche 12/01/2025]. Et s’insurgeant avec virulence "on est en train d'inventer une TVA sur les produits des plus pauvres. Moi, je trouve ça assez dégueulasse", estimant que "c'est vraiment un réflexe de feignant de considérer que, quand il y a un problème, il faut faire une taxe". [in BFM.TV 28/01/2025]. Les "initiatives vertueuses" ne sautent pas aux yeux!
Apparemment ses « conseils en matière d’environnement » n’ont pas été suffisamment entendus et voilà le résultat, dans une vidéo de l’AFP, 7 nov, "Si vous allez voir Shein, vous verrez qu'il n'y a plus la marketplace [...], première victoire", se félicite Serge Papin, nouveau ministre des PME et du Commerce, et n’a pas l’intention de répondre ni de rencontrer le patron de Shein.
Il doit être meurtri, le pôvre M Castaner que son travail n’ait pas été reconnu et qu’on lui ait caché les poupées dont on parle tant. Ce bon filon commercial pour lancer son installation rue Rivoli à Parsis et la bonne affaire pour remplir les poches des réseaux pédocriminels. Mais bien sûr aucune question sur la nature d’une d'entreprise dont le chiffre d’affaires provient aussi de sa marchandise à nourrir les fantasmes "pédophiles" de ses potentiels clients? Il paraît qu'ils ont promis et fait enlever les poupées-sexuelles de leurs catalogues... ah bon! mais pas d'arrêter de les diffuser ailleurs et autrement, c'est qu'il y a des clients qui attendent! Et surtout, Shein va s'installer le 18 novembre à Dijon et Reims et le 21 novembre à Grenoble, même si le Maire de la ville s’y oppose.
Lors de l’ouverture de Shein au BHV à Paris, des opposants ont manifesté avec des pancartes qui dénonçaient la fast-fashion un ‘‘modèle qui détruit des vies là-bas et notre société ici’’.
L’hypocrisie du système est criante, ‘‘La fast-fashion, qu’elle s’appelle Shein ou Temu, triomphe parce que le commerce mondial le permet. Son modèle exploite chaque interstice du droit international : franchise douanière sur les petits colis, contrôle aux frontières défaillant, retard du mécanisme d’ajustement carbone européen, prévu seulement pour 2026. Le paradoxe est frappant : l’Europe se rêve championne de la vertu économique – traçabilité, droits sociaux, durabilité – tout en ouvrant ses frontières à des produits qui violent ces principes. On dénonce les poupées obscènes, mais on tolère la logique commerciale qui les rend possibles. On s’indigne des conditions de travail en Chine, mais on célèbre le pouvoir d’achat qu’elles génèrent. La suite est prévisible : les poupées disparaîtront du site. Mais la mécanique, elle, restera intacte’’, comme l'écrit Nicolas Cori [in Les Jours du 7/11/2025]
Entre les allers-retours public-privé, monnaie courante en Macronie, qui représentent les transferts des personnages politiques et la passoire de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, laissant filer (avec réserves mais sans s'y opposer), les anciens-ministres comme M Castaner, les actions de surface engagées par le gouvernement sans toucher à l’essentiel de ce que représentent ces entreprises-modèle du capitalisme outrancier et destructeur de vies et de l’environnement, nous voilà à l’apogée des quinquennats Macron.
Les anciens-ministres passent, mais le système qui produit les Shein reste et les poupées à caractère sexuel perdureront (ici ce sera sous le manteau) mais on les trouvera ailleurs car les chaînes de fabrication et montage en Chine ne seront nullement démantelées.
Merci Man pour ce dessin [Man Dessinateur]