Une nouvelle polémique autour d'un dessin de presse. Cette fois-ci c'est parce que la photo d'Aylan, le petit garçon Syrien, trois ans, retrouvé noyé sur une plage de Turquie, a été "détournée".
En noir et blanc, le dessinateur Chaunu reproduit la photo après avoir mis sur le dos d'Aylan un cartable. Dessin intitulé C'est la rentrée. Ceci a suffit pour qu'il reçoive des menaces de mort et une virulente campagne a été lancée contre lui dans ce qu'on appelle désormais les réseaux sociaux.
 
    On peut interpréter comme on veut ce dessin. Il me semble d'une certaine manière un moment de réflexion autour de ce drame d'un petit garçon qui, comme des milliers d'autres est privé de rentrée: victimes des guerres, des occupations militaires, des apartheids sociaux et politiques. Réflexion aussi sur nos sociétés qui loin des conflits, des guerres, des violences, les petits enfants et les grands font leur rentrée, plutôt tranquillement et sans difficultés majeurs. L'annonce d'une grève des enseignants pour les prochains jours, les décisions de certains Maires de repas uniques dans des écoles à forte concentration d'enfants musulmans, l'absence de professeurs... ce sont des problèmes bien moins aigus -presque dérisoires- comparés au sort des enfants de réfugiés.
Un dessin, ce langage universel, dit parfois beaucoup plus que ce qui leur trait donne à voir. Le risque c'est qu'il soit pris au premier degré. Ce dessin me semble bien montrer l'importance et l'utilité du dessin de presse. Comme une forme d'expression libre mais aussi comme une contribution au regarde critique de l'actualité du monde.
Pour Chaunu, «ce dessin est un dessin hommage, un dessin poétique, ce n’est pas une caricature cynique». Pendant ce week-end les 5ème rencontres internationales des dessinateurs de presse se tiennent au Mémorial de Caen. En réponse aux menaces reçus, le dessinateur de Charlie Hebdo et Ouest France, entre autres, invite ses confrères à «détourner à leur tour quelques photos iconiques».
 
                 
            