‘‘Une assemblée de femmes’’ [version palestinienne]
C’est la comédie d’Aristophane qui a inspiré Roxane Borgna et Jean-Claude Fall, a créer cette version palestinienne dans une mise en scène inventive et énergique sur un sujet qui est universel : le combat pour l’émancipation et l’égalité de l’autre moitié du monde, les femmes !
Huit personnages, cinq femmes et trois hommes, jouent, racontent, partagent cette idée utopique et combien impertinente, comme le dit Praxagora, la ‘leadeuse’, au peuple d’Athènes ‘‘vous pouvez encore être sauvés. C’est aux femmes qu’il nous faut abandonner la cité’’. Et pour cela elles se déguisent, prenant les vêtements de leurs hommes, arrivent avant les autres à l’Assemblée pour proposer de changer les lois… et réussissent !
Le jeu des cinq combattantes est dynamique, plein d’humour, d’astuces et malices pour arriver à convaincre l’Assemblée. Les hommes, perdus au réveil, cherchent leurs femmes et leurs vêtements dans la maison, et sont réduits à sortir avec l’accoutrement de leurs femmes...
En fond de scène, trois draps suspendus où seront projetés des témoignages, des récits, des moments de débat collectif entre femmes, qui situent d’entrée de jeu la pièce sur cette ‘‘moitié de l’humanité, dominée, violée, incestée, exterminée’’. Images du film-documentaire, projeté en deuxième partie, avec le recueil de témoignages de femmes de Palestine, qui retrace le chemin parcouru par Roxane Borgna, avec la complicité talentueuse de Jean-Claude Fall et Laurent Rojol, metteurs-en-scène et réalisateurs.
On peut voir ce spectacle-théâtral sans le film ou vice-versa, mais l’ensemble est riche et avec une grande force émotionnelle et un questionnement qui nous alerte, où la scène et le film se complètent et prolongent avec acuité la touche d’Aristophane.
C’est à l’invitation de l’Institut français de Jérusalem que Roxane Borgna, metteure en scène, a créée ce spectacle avec le Théâtre National Palestinien. Et l’idée de faire ‘‘dialoguer’’ la comédie grecque antique et la vie des femmes palestiniennes d’aujourd’hui prend ici tout son sens et pertinence pour ce que cela nous apprend et nous interpelle sur la réalité des femmes avant notre ère, celles d’aujourd’hui, en Palestine… et aussi ailleurs.
"Une Assemblée des Femmes" d'Aristophane, en tournée en Palestine en 2021 où le correspondant de France Culture [Frédéric Métézeau], à Jérusalem a suivi la première de l'Assemblée des Femmes, le 6 déc 2021.
Extrait : "Dans L'Assemblée des Femmes, Aristophane proclame l'égalité absolue, la fin du salariat et de la propriété. Ces femmes Palestiniennes parlent aussi franchement et sans tabous. L'actrice Mays Assi est impressionnée par la force de leurs témoignages : "Elles veulent être libres de sortir, choisir leur partenaire, où vivre, en famille avec un mari ou bien de façon indépendante. Les femmes veulent juste la Liberté comme toutes les femmes dans le monde"... [/l-assemblee-des-femmes-d-aristophane-en-tournee-en-palestine-2881701]
Pour le film-documentaire, Roxane Borgna et Laurent Rojol ont parcouru les campagnes et les villes de Palestine en collectant des interviews de femmes. "En Cisjordanie, Roxane Borgna a rencontré des figures très fortes, alors elle les a toutes filmées. "C’était le film infaisable. Ces femmes sont ultra-vivantes. Elles ont un immense humour.’’ L’équipe les a suivies dans leur quotidien afin d’observer les comportements à travers la fine grille de l’expérience vécue. Ils ont dialogué afin de décrypter l’espace du dedans, de connaître leurs rêves, leurs cauchemars, leurs obsessions. Pourtant, la Cisjordanie est une société d’hommes. La réalisatrice ne voulait pas parler de l’occupation, même si elle est partout, dans une suite de portraits. Il y a des tabous qui pèsent lourd. Les femmes ont les droits, mais la société impose des freins." Le film titré, "A Palestinian Women Assembly", a reçu la participation de l’Institut français de Jérusalem et de l’Alliance française de Bethléem.
La compagnie a été invitée par le Théâtre du Soleil pour deux week-ends (11/12 et 18/19 octobre), c’est peu et ce travail artistique nécessaire et urgent aurait mérité plus… si on peut encore y aller, c’est important! "Émouvant spectacle… à voir de toute urgence !", nous disait une spectatrice à la sortie dimanche dernier. [Pour réserver au Théâtre du Soleil c'est le 01 43 74 24 08].
Dans le premier commentaire, les raisons qui ont amené Ariane Mnouchkine a recevoir cette ‘‘Assemblée de Femmes’’ en octobre après un premier refus en janvier, racontées à Roxane Borgna lors d’un interview.
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Le spectacle, avant..., se terminait par une fête où on chantait, on dansait, on riait mais aujourd'hui, nous dira une comédienne au moment des salutations au public, on ne peux pas faire la fête. Et tout le public a compris que l'heure est à la résistance face à la violence militaire et politique. Et le besoin d'Assemblés de Femmes reste entier, aussi bien pour celles de la Palestine comme celles d'Israël et d'ailleurs... Et Ariane Mnouchkine, l'explique bien: "Ce projet qui ne parle pas de la guerre mais de quelque chose de beaucoup plus grand, de beaucoup plus universel, rien de moins que de la moitié de l’humanité. Ce projet parle de la lutte parmi les luttes, celle des femmes. Celle de la moitié de l'humanité".
