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Billet de blog 15 mars 2018

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Un président ne devrait pas dire ça!

Le président de la République a fait une visite de trois jours en Inde. Beaucoup de retombées sont annoncées, réjouissant les milieux d'affaires. Nous vivons dans l'ère des présidents-VRP, c'est ainsi on ajoute le mot commercial à la politique! Forcément, le président a aussi fait du tourisme, une "visite privée". Il aime le montrer, le faire savoir, mais ne supporte pas qu'on le lui demande...

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Lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron, à Bénarès, une journaliste pose une question sur la visite privée au Taj Mahal, célèbre monument de marbre blanc, lieu touristique par excellence, construit au XVIIème siècle par un empereur moghol: "Monsieur le président, est-ce que vous pourriez me donner votre définition du mot "privé" ? Puis-qu’hier, il y avait beaucoup de caméras, beaucoup de photographes pendant votre visite privée du Taj Mahal".

Le président s'est montré agacé et l'a exprimé : "Je tiens à vous remercier de l’intérêt de votre question après une visite de trois jours dans un pays comme l’Inde, qui manifeste toute la richesse que vous avez dû tirer de ce déplacement, tout l’intérêt que vous portez à ces questions stratégiques", a-t-il dit tout d'abord. "Je voulais dire par là que je n’étais pas accompagné par des officiels (...) Si la frustration de ceux qui n’étaient pas là les conduit à poser des questions de ce type, c’est en effet à se poser la question jusqu’au bout de savoir si ça ne devrait pas être totalement fermé aux médias"[...] "Je tiens vraiment à vous remercier pour la grande qualité dont vous venez de faire preuve. S’il y a des questions de fond, je les prends toutes..."

On peut discourir sans fin sur les bonnes ou moins bonnes questions des journalistes, des pertinentes, des impertinentes, de leur intérêt ou de leur banalité, de leur qualité ou de leur médiocrité. Le propre d'une conférence de presse est la liberté de poser des questions comme celle ou celui qui est interpellé a la liberté de répondre comme il l'entend.

Ce qui paraît ici surprenant c'est l'agacement du président, ne comprenant pas que les journalistes comme les citoyens aient constaté que sa "visite privée" ne l'était vraiment pas. Le monument était fermé aux touristes, il y a avait des enfants avec des drapeaux français et indiens le long du cortège, pour le saluer. Deux avions avaient amené des journalistes de l’Agence France-Presse, de France 2, de TF1, de Paris Match et de l’agence photo Best Images, pour immortaliser une "visite qui se disait privée".

L'agacement du président on peut cependant le comprendre car la question de la journaliste, sans aborder des points stratégiques ou de questions qu'il juge de fond, aurait touché juste et mis en demeure le président de dévoiler un peu plus sa façon d'imposer sa communication. Et en même temps, de déconsidérer publiquement tout ceux, ici celle, qui peuvent questionner sa toute-puissance sans le droit de l'interroger.

Comme dit un de ses proches: «Il faut faire attention à comment l'opinion peut percevoir ce genre de moment très people, ce n'est pas forcément une bonne idée. En plus, ça fait un peu touriste, tout le monde va au Taj Mahal, ce n'est pas vraiment du niveau d'un président.» cité par Le Monde du 11 mars.

Le sujet, en fin de compte est banal, mais révélateur des mœurs ou plus précieusement des rapports que le pouvoir politique entend imposer sur son "appropriation" de la République!

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