C’était le soir qu’on écoutait, dans les émissions clandestines Portugaises, les chansons censurées de Zeca Afonso dans les années 60.
Chanteur du fado de Coimbra (plus ou moins bohémien et ‘académique’, pendant ses années universitaires) il a, avec sa guitare, ayant été expulsé de l’enseignement, participé à tout ce qui n’était pas interdit par le régime d’alors, comme animation et engagement politique.
Mais c’était le fascisme et Salazar (depuis 1926) la guerre coloniale (Angola, Mozambique…), la PIDE (police politique), le parti unique, la censure dans la presse, l’Eglise omniprésente et en soutien do « Estado Novo » et une émigration massive, (émigrants économiques, déserteurs, réfugiés politiques), notamment vers la France
« Ei-los que partem, novos e velhos … [ Voilà, qu’ils partent, jeunes et vieux/ cherchant la chance/autre part/dans d’autres parages/chez d’autres peuples/ voilà qu’ils partent/ vieux et jeunes] ».
Et c’est une de ses chansons, interdite à la radio, qui va donner le signal de la révolution des œillets, soulèvement des militaires, le mouvement des capitaines d’avril, le 25 avril 1974.
Grândola vila morena
Grândola ville brune
Terra da fraternidade
Terre de fraternité
O povo é quem mais ordena
C’est le peuple qui commande
Dentro de ti ó cidade
En toi, ó cité
http://www.dailymotion.com/video/x1we4l_zeca-afonso-grandola-vila-morena_music
C’est au son de «Grândola, vila morena/ terra da fraternidade» que les opérations sont déclenchées dans la nuit du 24 au 25.
Et c’est alors qui débute le processus de démocratisation du Portugal, la nouvelle Constitution, le système de Santé pour tous, la fin de la censure et le début de la liberté d'expression, la dissolution de la police politique, la libération des prisonniers politiques, la réforme agraire dans l'Alentejo, la décolonisation… Jeune démocratie, qui hésite, commet des erreurs mais qui tente de donner ses premiers pas vers le pluralisme avec beaucoup de soubresauts. Aujourd’hui bien mise à mal par la troïka (FMI, Banque Centrale, Commission Européenne) et le résultat de la politique des derniers gouvernements, socialiste et, à l’heure actuelle d’une droite bien revancharde.
Il y a trente ans (novembre 1981) José Afonso donnait un récital au Théâtre de la Ville et le 21 novembre 2012, «c’est la mémoire de cette voix rebelle et de cet éveilleur de conscience que l’on célèbre».
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-hommageajoseafonsoportugal-476
Rappelons Os Capitães de Abril, le beau film de Maria de Medeiros qui retrace, dans une fiction, un peu de cette belle histoire Portugaise!
http://www.cinemotions.com/Capitaines-d-Avril-tt221
Ce concert sera diffusé en direct et en accès libre sur mediapart.