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Billet de blog 17 mai 2013

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«Il était une fois un petit enfant qui vivait dans un petit pays tourné vers le grand océan. On disait que dans ce pays, des grands hommes et des hommes de toutes les tailles s'étaient embarqués sur la mer à la recherche d'autres pays et d'autres hommes. Mais ceci s'est déroulé il y a si longtemps que le petit enfant dont nous parlons n'avait jamais baigné ses pieds dans la mer...» C'est ainsi qu'Igor Gandra, commence l'histoire de Baltazar, dans son spectacle de marionnettes à la biennale internationale des arts de la marionnette.

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«Il était une fois un petit enfant qui vivait dans un petit pays tourné vers le grand océan. On disait que dans ce pays, des grands hommes et des hommes de toutes les tailles s'étaient embarqués sur la mer à la recherche d'autres pays et d'autres hommes. Mais ceci s'est déroulé il y a si longtemps que le petit enfant dont nous parlons n'avait jamais baigné ses pieds dans la mer...» C'est ainsi qu'Igor Gandra, commence l'histoire de Baltazar, dans son spectacle de marionnettes à la biennale internationale des arts de la marionnette.

C'est l'histoire d'un petit garçon né quelque part dans un petit village de l'intérieur du Portugal, une période triste, où la vie simple et soumise est prônée par l’État, qui nourri son peuple des trois F (football, Fatima et fado...), pendant que les villages se vident, clandestinement, avec les migrants qui partent loin, au-delà des Pyrénées. Et Baltazar grandit dans cette atmosphère où on parle doucement car les murs ont des oreilles, où plus de trois personnes ensemble dans la rue risquent d'être accusées d'agitateurs. Le petit garçon ne parle pas, mais il n'est pas sourd et observe tout...!

Il y a comme un «blanchissement du fascisme» aujourd'hui au Portugal et pour l'auteure de l'histoire, Regina Guimaraes, il y a «un sentiment d'urgence: les nouvelles générations n'ayant pas connu le régime de Salazar, plus de trois décennies après la révolution des œillets, ont tendance à atténuer, voire nier, la noirceur des années de dictature».

Mise en scène, scénographie et marionnettes, par Igor Gandra qui nous raconte l'histoire et joue avec des marionnettes-statuettes, qui entourent le monde de Baltazar. Ses parents, son frère mort dans la guerre d'Angola, son village, l'hôpital, de la ville, de la procession, des militaires, des pèlerins à genoux vers Fatima ... dans une inventive et surprenante utilisation des aimants qui accrochent, qui figent, qui retiennent les marionnettes, ces personnages dans l'enfermement d'un pays silencieux dans la nostalgie du fado ou bruyant dans la frénésie du foot!

 C'est un très beau texte, en portugais qui mériterait une publication, astucieusement mis en scène dans un spectacle très pédagogique dans son choix de transmission, pour donner à voir et à garder la mémoire, de l'histoire toute récente de ce petit pays mais qui en dit quelque chose sur l'universalité des victimes de tous les totalitarismes: Dure Dictature.

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