ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

841 Billets

2 Éditions

Billet de blog 17 août 2015

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Quelques plaies en Lusitanie !

Les feux de forêt sont fréquents en été et au Portugal, cette année, dans les premiers dix jours du mois d'août il y a eu la destruction de neuf mil hectares d'arbres, arbustes et de toute la vie d'une faune que ces incendies ont disséminé. La ministre de l'administration interne (ministre de l'intérieur) se félicite car, selon elle, “les forces sur le terrain, ont répondu positivement” au défi du feu.

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les feux de forêt sont fréquents en été et au Portugal, cette année, dans les premiers dix jours du mois d'août il y a eu la destruction de neuf mil hectares d'arbres, arbustes et de toute la vie d'une faune que ces incendies ont disséminé. La ministre de l'administration interne (ministre de l'intérieur) se félicite car, selon elle, “les forces sur le terrain, ont répondu positivement” au défi du feu.

Selon les statistiques officiels de l'ICNF (Institut de conservation de la nature et des forêts), pendant les sept premiers mois de l'année ont été enregistrés 10.340 feux et 28.781 hectares de surface brûlée. Dimanche, 9 août, 382 signalements de feu. Depuis le début de l'année, 65 suspects de crime d'incendie sont poursuivis dont 34 se trouvent en prison, d'après les informations de la PJ, publiées par l'agence portugaise, Lusa.

 Dimanche dernier, dans une forêt d’eucalyptus à Vouzela, région du Centre, un adolescent de 13 ans a provoqué un important incendie, qui a mobilisé 65 pompiers, 16 véhicules et deux moyens aériens. Le garçon, a expliqué son acte disant qu'il aime voir son père, pompier, se battre contre le feu, comme vu dans un reportage à la télé. Également un “madeireiro”, négociant de bois, a été pris en flagrant délit à Penacova, proche de Coimbra. Il s'est justifié disant avoir agit sous l'effet de l'alcool.

Le temps chaud, le bois mort très sec, la basse humidité des sols, les forêts et les bois non entretenus, sont facteurs qui contribuent à la propagation des incendies. On peut dire que l'origine, criminelle ou pas, est la plupart du temps du fait de l'homme. Objets abandonnés (le verre, les boîtes de conserve, ordures jetés dans les sacs plastiques, les cigarettes mal éteintes...) sont souvent des causes involontaires. Il y a aussi des actes criminels, comme les conflits de chasse, les pressions pour des commercialisations ou utilisation des terrains, la vente de matériel pour les pompiers, mais aussi la pyromanie ou le vandalisme.

Au nord du Portugal, le dimanche dernier où on voyait sur les collines autour de Caminha, frontière avec l'Espagne, des nuages de fumée très denses, un résident et déjà habitué à ces dramatiques spectacles, nous expliquait en s'insurgeant car il savait qu'un des représentants et vendeurs en articles pour les pompiers y compris les uniformes, c'était un ancien pompier, aujourd'hui retraité. Sans affirmer qu'il aurait une responsabilité directe, il estimait toutefois qu'un ancien pompier ne devait pas être autorisé à exercer cette activité. Il incriminait de la même façon les intérêts privés qui s'occupent des moyens aériens de lutte contre le feu dont les rotations sont extrêmement chères.

Et de l'autre côté de la frontière, plusieurs foyers d'incendie ont mobilisé des centaines de pompiers (parmi lesquels 104 volontaires Portugais en signe de solidarité) notamment dans la région de l'Estrémadura, (pas loin de Badajoz) où plusieurs villages ont été évacués notamment 1.000 habitants de Hoyos, après 1.400 en début de semaine.

Il est souvent dit que le Portugal consacre davantage d'argent à la lutte contre le feu qu'à la prévention et on se trouve dans ce non-sens, faire des économies là où les moyens dictés par une volonté politique permettrait peut-être de mieux faire face aux impondérables du climat et de la nature.

Et pendant ce temps là, la corruption se porte bien

 Et pendant ce temps-là, du côté de la corruption chez les “possédants” on apprenait un peu plus. On sait que l'ancien premier ministre socialiste Socrates est en prison préventive depuis neuf mois pour “fraude fiscale qualifiée, corruption et blanchiment d'argent”. Récemment il lui a été proposée sa libération avec un bracelet électronique, ce qu'il vient de refuser.

Il y a cinq jours, un autre ancien ministre socialiste, Armando Vara, a été arrêté puis assigné à résidence vendredi dans le cadre de l'affaire de corruption impliquant l'ex-Premier ministre José Socrates. Il est soupçonné de “corruption, fraude fiscale aggravée et blanchiment de capitaux”, a indiqué le ministère public dans un communiqué vendredi soir. Par ailleurs, cet ancien secrétaire d’État aux Affaires intérieures, puis ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement entre 1995 à 2002, avait déjà été condamné en septembre 2014 à cinq ans de prison ferme pour trafic d'influence, un jugement dont il a fait appel.

A son tour, un banquier, Ricardo Salgado, le “maître” de la banque Espirito Santo, BES, est en résidence surveillée. Philippe Riès a publié plusieurs articles sur cette saga Faillite de la banque Espirito Santo: comment régnait le « maître de tout ça » . Depuis le 24 juillet il est “détenu” à son domicile, sans bracelet électronique, et ne peut sortir qu'avec l'autorisation du juge. Les enquêtes en cours ont conduit à six poursuites, soupçonnés de crimes de falsification, falsification informatique, fraude aggravée, abus de confiance, fraude fiscale, corruption dans le secteur privé et le blanchiment d'argent”.

 Le journal SOL, http://sol.pt/,  hebdomadaire de Lisbonne, dans son édition du 14 août, publie l'information que le banquier, avant la chute de sa banque, avait transféré pour le compte de sa femme et de ses trois enfants, tous ses biens , c'est à dire 273 immeubles et 346 appartements, d'une valeur de 1,8 mil millions d'euros. Cette manœuvre n'a pas empêché la justice, pour le moment, de les saisir.

En toile de fond, l'ancien Président de la République, Mario Soares, sous couvert d'amitié, a visité le banquier chez lui dans sa luxueuse demeure-prison. Soares avait déjà rendu visite à Socrates en prison, quelques jours à peine son incarcération à Evora. Il le fait au nom de l'amitié, selon ses déclarations. On peut cependant voir là une pression manifeste sur le déroulement d'une procédure de justice. Une intolérable confusion des places et des rôles où, dans le cas de Salgado, c'est le politique qui vole, si on peut le dire ainsi, au secours du banquier.

 Parallèlement, une manifestation a eu lieu à Lisbonne le 10 août des immigrés en vacances (deux autres avaient eu lieu à Paris en mai et juin), organisée par le MEL (movimento dos emigrantes lesados) qui avaient déposé leurs économies dans cette banque avant la débâcle et qui risquent de perdre une partie de leur épargne.

Mario Soares et José Socrates

 Sans grand respect pour cette détresse ni pour le bon déroulement de la justice, Mario Soares, une des figures historiques avec Alvaro Cunhal de la résistance et de la lutte contre le fascisme sous Salazar, déroule ainsi le tapis de la bienveillance à des usurpateurs du bien commun.

Certes, les incendies et la corruption politico-financière à Lisbonne n'a pas de lien “direct”. Mais pendant que le pays brûle, le Pouvoir politique se complaît dans la défense des intérêts des mandants.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.