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Billet de blog 19 août 2024

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Macron : un premier-ministre, pour quoi faire?

Premier-ministre, ‘‘pour quoi faire? à quoi bon ? à quoi ça sert? ’’ C’est la question qui vient quand on sait que ce président dirige tout, fait tout, a la main sur tout, réglemente tout. D’ailleurs il l’a dit en avril 2017, «Je resterai le maître des horloges, il faudra vous y habituer, j’ai toujours fait ainsi». S’asseoir sur la démocratie, voilà qui est dit et qui est fait.

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Ainsi, Macron a convié -convoqué- les présidents des groupes parlementaires et les chefs des partis représentés au Parlement à «une série d’échanges» le 23 août.

Sans doute pour les écouter et recevoir leurs ‘‘cahier de doléances’’, numéro qu’il a déjà servi, auprès des ‘‘gilets jaunes’’ et sous d’autres formes auprès des élus et de la population lors de ses sorties en bras de chemise. C’est après que «la nomination d’un premier ministre interviendra dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions», a également annoncé la présidence, selon l’AFP.

Les résultats des élections européennes et des législatives, sont bien enregistrés ‘‘mais c’est moi qui dit quoi faire et à quel moment’’, pourrait-on l’entendre pérorer car c’est bien comme cela que ça se passe depuis sept ans.

Premier-ministre ‘‘collaborateur’’...

Alors, à quoi ça peut servir un premier-ministre qui, comme le disait Sarkozy ‘‘le premier ministre est un collaborateur, le patron, c'est moi’’, a-t-il affirmé et complété ‘‘je suis payé pour décider, je décide.’’ Propos rapportés par Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Sud-Ouest, La Provence et La Nouvelle République, cités par Le Figaro 23/08/2007.

Macron n’est pas plus hautain envers Attal qu’il ne l’a été avec les prédécesseurs (ce n’est pas la même suffisance qu’avec le petit peuple... mais que de ressemblances dès lors qu’il soupçonne qu’on ose critiquer son pouvoir, une sorte de crime de lèse majesté). Les circonstances aujourd’hui font que ce jeune ex-école-Alsacienne joue dans la même catégorie prétentieuse que le président et lui fait savoir, ou en tout cas sentir, que son ‘‘petit frangin’’ ne lui obéit plus (lors de son déplacement au Mont Valérien, il a rencontré des écoliers dont un l'a interrogé en lui demandant si Gabriel Attal était "son petit frère". En souriant, le chef de l'État a répondu: "Non, mais ça pourrait être mon petit frère"...). Il paraît que le grand frère est en colère avec le petit.

Par ailleurs le grand-frère se réjoui des tirades, contradictoires à gauche... après l’étonnant et inconséquent discours d'opportunité, dans le poste, à 20h05 du second tour des législatives, en affirmant que ‘‘Le Nouveau Front populaire appliquera son programme, rien que son programme mais tout son programme’’! On comprend que Macron s’en réjouit de ce genre de pantalonnade qui ne permet ni le renforcement du résultat des législatives ni la compréhension par la majorité de la population du combat à mener par la gauche.

23 août une ‘‘pirouette’’ pour la galerie médiatique

La proposition de réunion pour le 23 août c’est encore une pirouette de Macron pour les grands moyens de communication, ‘‘vous voyez, je veux écouter tout le monde, pour décider’’, car il n’a pas su ni voulu écouter et reconnaître le vote des citoyens.

Pour quoi faire un premier-ministre sinon pour venir conforter ce président dans le jeu politique, avec une présidence de l’Assemblée dans ses cordes et le maintien au Sénat d’un président ‘‘critique bien poli’’.

La trêve olympique n’est pas complètement finie car les jeux paralympiques s’ouvrent dans une semaine. Par respect des athlètes et de la cause que le paralympique représente, nous serons encore une fois dans l’attente du bon vouloir macronien qui s’en sert ‘‘des jeux dans la cité’’ pour mieux asseoir son pouvoir!

Dans un fonctionnement démocratique, le premier-ministre exerce le pouvoir exécutif détient le pouvoir réglementaire, sous réserve de la signature des ordonnances et décrets délibérés en Conseil des ministres par le chef de l'État, assurant la coordination de l'action gouvernementale.

Dans le ‘‘septennat Macronien’’ c’est le président qui s’est approprié de ce pouvoir exécutif, le cumulant avec ses autres prérogatives liées au respect de la Constitution, assurant par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Faisant du premier-ministre son "sujet" aux ordres. Sa non-réponse à la proposition légitime du Nouveau Front Populaire signifie bien son refus à la fois de reconnaître sa défaite mais aussi de manœuvrer pour trouver ‘‘un-une premier ministre à sa botte-politique’’.

‘‘Dissoudre’’ Macron... une autre pirouette

Reste l’initiative ‘‘solitaire’’ de Mélenchon et ses soumis, à la veille d’un moment importante de confrontation avec ce président. L’alerte est opportune sur ce que l’article 68 de la Constitution permet, ouverture d’une procédure en vue de destituer le président de la République «en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat». Le fait de le rappeler haut et fort, d’une seule voix  au nom du Nouveau Front Populaire, me paraît important, pour une information large des électeurs.

En revanche, cette nouvelle invective d’un groupe, sans concertation avec les autres membres du Nouveau Front Populaire et sous le sceau de la menace, ne peut qu’arranger Macron et ses comparses, qui ne s’attendaient pas à tant de ‘‘sollicitude stratégique’’ à quelques jours du numéro-présidentiel prévu pour le vendredi 23 août. [https://www.latribune.fr/opinions/demettre-le-president-]

Comme si, finalement ce n’est pas le combat collectif pour imposer un/une premier-ministre sorti des urnes dont il s’agit, mais d’une entourloupe pour dire "c’est nous les meilleurs, la tête de l’opposition"... La démocratie et son renouveau dont le pays a besoin ne sort pas gagnante et le combat pour la gauche non plus!

Merci Chappatte pour ce dessin (in La Tribune 17/08/2024)

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