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Billet de blog 21 janvier 2024

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Le Pen ‘‘maître des horloges’’... ?

Nous le savions, sa conférence de presse nous l’a confirmé... ‘‘il court, il court...’’ derrière les thèmes dont Le Pen & consorts font leur fond de commerce. Sécurité, autorité, immigration... et une école en uniforme, avec hymne national et un bon coup de pouce au privé ! Non, ce n’est pas la peste brune mais, comme l’écrit le Canard de la semaine ‘‘Marine et Jordan s’y voient déjà’’.

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C’est comme s’il y avait un passage de témoin, et qu’un pouvoir hautain, discriminatoire, autoritaire, de classe possédante, par sa façon manœuvrière de conduire la politique de communication, aspirait les thèmes les plus chers à l’extrême-droite en les prenant à son compte.

Et les troupes Lepenistes suivent, attendent, manipulent le jeu (médiatique, parlementaire, politique) sachant que, en quelque sorte, les effets de la Macronie servent à préparer la rampe de lancement. Pour eux, voter la loi-immigration, qui n’est pas complètement la leur, qui leur servira pour la retoquer quand ils y seront, car ils ‘‘s’y voient déjà’’.

Mais il n’y a pas que cette loi scélérate, la liste serait longue. Une école qui se prépare à porter l’uniforme (pour cacher les inégalités) et à chanter la Marseillaise, augmentation des heures d’enseignement civique (les profs se demandent quelle est l’heure de cours qui va sauter), faisant mine de ne pas y toucher mais l’école privée (à condition d’être bien de chez nous, blanche et chrétienne) a toujours sa bonne place (exit l’exigence de laïcité à Stanislas ou ailleurs). Et son discours sur l’oisiveté des jeunes de banlieue, sans école depuis le mois d’avril(du fait des réformes ministérielles) pour expliquer ainsi leur violence suite à la mort de Nahel, semblait plutôt à une causerie de comptoir, sans analyse et sans un mot sur la condition sociale, les inégalités flagrantes d’un nombre croissant d’élèves, ni sur la violence policière à l’origine de ce drame.

L’oisiveté des jeunes de banlieue... et le réarmement

Il paraît évident que le ‘‘réarmement’’ (la trouvaille guerrière de Macron) des jeunes exclus du système scolaire et du monde du travail ne passe pas par des promesses d’opérette comme ça été l’exercice que le président appelait de ‘‘rendez-vous avec la nation’’. Et pour cela ‘‘le service national universel connaîtra une impulsion importante dans les semaines à venir. C’est un impératif’’. L’espoir du bon petit soldat, obéissant... et au garde à vous.

Ajoutons les mesures pour relancer la natalité... cette marotte de l’extrême-droite. Lors du débat des retraites les parlementaires RN ainsi que Jordan Bardella, actuel président du parti, avaient repris le slogan bien de chez nous : ‘‘Les bébés de 2023 sont les cotisants de 2043’’ Comme un relent de ‘‘travail, famille, patrie’’. Et pour le travail, le président se réjouit d’avoir rendu la loi sur le chômage plus ‘‘exigente’’ (plus dure et difficile pour les précaires et les chômeurs, fini les assistés...). Et tout ceci s’accompagne de mesures facilitant et valorisant la compétition économique dont les bénéfices sont grassement distribués aux actionnaires.

La ‘‘préférence nationale’’ qui ne dit pas son nom

C’est dans ce contexte que la loi-immigration est le point culminant de cette dérive vers les thèses de l’extrême-droite. La préférence nationale, où les étrangers en situation régulière n’ont pas accès à tous les mêmes droits que les français, comme si les immigrés pesaient de trop sur les services sociaux (ce qui est contredit par nombreux rapports dont celui récent de l’OCDE, notant la contribution des immigrés sous la forme d’impôts et de cotisations est légèrement supérieure aux dépenses publiques consacrées à leur protection sociale, leur santé et leur éducation. Outre le fait que la majorité qui trouve un emploi, rentre directement dans le monde de travail, et n’a rien coûté en termes de santé, éducation, formation).

En assumant ces mesures le président s’inscrit dans le prolongement (en les toilettant) des déclarations de l’extrême-droite, dont ‘‘la France aux Français’’ de Jean-Marie Le Pen déteint sur le ‘‘que la France reste la France’’, de Macron.

Et la ‘‘victoire idéologique’’ dont le Front-Nationale-RN se gargarise correspond bien à l'analyse de Cécile Alduy, (prof à Stanford, Californie et chercheuse à Sciences Po) « Le Front national [FN] de Jean-Marie Le Pen portait un combat d’idées, le Rassemblement national de sa fille est dans la stratégie de communication et le calcul électoral, distingue Cécile Alduy. C’est devenu un parti qui mise sur l’image, la façade : un parti “concours de beauté” où il suffit de filer sur des vieux tubes – l’immigration, l’insécurité – sans rien dire de nouveau, et surtout sans choquer. » (in Le Monde 19 janv 2024)

Merci KAK pour ce dessin.

Non, pas encore ‘‘la maîtresse des horloges’’, mais...

...Marine Le Pen ‘‘sans rien dire de nouveau et surtout sans choquer’’ semble attendre son heure sachant que le pouvoir, d’une certaine manière, travaille pour elle.

Les médias de grande audience, propriétés et au service des Boloré, Arnault, groupe Dassault, modèlent, formatent, instruisent l’opinion publique, qui le leur rend bien à travers les sondages... ce qui fait dire à Dupont-Moretti ‘‘les Français ont envie de ce texte’’ !

Mes amis me disent qu’il ne faut pas trop noircir le tableau, sans doute, mais ‘‘Français de papier et réfugié d’un pays fasciste’’, l’ombre qui grandit chaque jour (ici et ailleurs) me suscite une exigence d’alerte et de défense de la démocratie face à ce dont le lepenisme est le nom, qui étend ses tentacules sournoisement et de même au pouvoir Macroniste et sa politique de com’ (qui coûte un pognon de dingue au profit de Mckinsey & consorts).

Macron s’approprie tout-puissant de la démocratie au point de faire voter une loi qu’il sait en partie inconstitutionnelle ou de nommer une ministre mise en examen ou une autre qui a ouvertement accointances avec l’enseignement privée. Les atteintes que subi la démocratie, qui est un des derniers remparts qui nous reste, me paraissent évidentes, et notre résistance est urgente.

Ce 21 janvier, dans le prolongement du 14, exprimons haut et fort, en battant le pavé, notre refus d’une loi inhumaine avec un seul mot d’ordre: «Marchons pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité».

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