ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

839 Billets

2 Éditions

Billet de blog 23 février 2017

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Le Labo de Lisboa: espoir d'Hamon!

A quelques jours d'intervalle, Macron a visité l'Algérie, la candidate du FN, le Liban et le «petit Ben » le Portugal. Chacun à la recherche de notoriété internationale, d'idées, de soutiens. La visite d'Hamon à Lisbonne m'a fait penser au «rush de tourisme politique» vers la terre lusitanienne, lors de la révolution des œillets, en 1974. Socialistes, communistes, maoïstes, trotskistes, curieux...

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Certes ces trois voyages pré-présidentiels sont de nature différente. Macron a cherché à amadouer ses hôtes Algériens dans le sens du poil, avec une déclaration fracassante, reconnaissant les conséquences du colonialisme mais qui n'avait pas de pertinence dite par lui et dans ce contexte. La candidate du FN, faute d'interlocuteurs Présidentes ou assimilés "à l'internationale" s'est conformée à rendre visite à une connaissance de son Papa. Les Libanais auraient fait le Service minimum.

La virée du candidat des primaires du PS à Lisbonne se voulait studieuse. Benoît Hamon voulait comprendre comment un Parti Socialiste rassemble la gauche et gouverne seul. Avec le soutien du Parti Communiste, de l'extrême-gauche à la portugaise, le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche) bénéficiant de la bienveillance du Président de la République de droite et ayant face à lui une droite portugaise (comme on disait de la française «la plus bête de Lusitanie»). Une différence de taille cependant, l'extrême-droite portugaise existe aussi, mais depuis 1974 n'a pas d'expression politique organisée.

En se posant au Portugal, déjà avec du retard à cause de son avion, il n'était pas tout à fait disponible aux bienvenues portugaises. En sortant de l'aéroport de Lisbonne il a été perturbé par un coup de fil de Mélenchon, qui lui disait ne pas vouloir s'accrocher à un corbillard. Autrement dit ne pas vouloir du "croque-mort en chef"... une de ses tirades révélatrices d'un agitateur de masses épris du débat démocratique. Résultat, c'est avec retard que  Hamon est arrivé au Lycée français!

Mais la rencontre la plus «intéressante» et peut-être la plus difficile était avec Catarina Martins, la chef du Bloc de Gauche, (des trois anti, capitaliste, système et Europe). Ce sont des intentions car, jusqu'à maintenant avec beaucoup de conviction et de doigté Catarina Martins et son mouvement arrivent à négocier avec les socialistes et les communistes. Certes ils savent tous les trois que leur pouvoir ne peut tenir sans ce fragile équilibre de leurs accords ou de leurs compromis.

Outre le «discours de la méthode» dont  Benoît Hamon avait besoin de connaître l'articulation, il cherche à trouver des alliés pour un accord sur des investissements européens et sur les énergies renouvelables et sa fameuse proposition d'une assemblée de la zone euro. Il n'a pas trouvé des adeptes pour son idée, il faut peut-être du temps... Les autres rencontres ont sans doute été plus fructueuses et consensuelles. Avec le Maire de Lisbonne et ensuite avec Antonio Costa le premier-ministre, grand ordonnateur de la geringonça, mot un peu anecdotique pour définir cette alliance de gauche brinquebalante!

Du coup, et puisque qu'il est pour la dépénalisation du cannabis, Hamon a rencontré le professeur João Goulão, directeur de l'Institut des drogues et de la toxicomanie. C'est que le Portugal a dépénalisé l’usage de toutes les drogues depuis seize ans, et les résultats sont plutôt positifs.

Le voyage de Benoît Hamon a été l’œuvre de deux élus parisiens du 14ème arrondissement. L'ancien maire et aujourd'hui député, Pascal Cherki et un conseiller municipal d'origine portugaise, Hermano Sanches-Ruivo, dont le Canard Enchaîné du jour, parle du clan des Portugais.

Le voyage de  Benoît Hamon est pacifique et ça ne mange pas de pain, mais il est bien loin des préoccupations hexagonales. Ce n'est pas un hasard s'il a beaucoup parlé des enjeux de la politique française à Lisbonne. Pendant que les candidats potentiels avec un étendard de gauche se positionnent, chacun se trouvant «plus légitime» que l'autre, le peuple de gauche (il y a peut-être plusieurs) se désole de cette incapacité des candidats à regarder autrement l'enjeu présidentiel.

**  Geringonça, (voir dessin dans les commentaires, fait de bric et de broc...) =  brinquebalante!

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.