Nous avons beaucoup échangé sur le vote utile… futile, le vote nécessaire, le vote blanc, le vote protestataire, bref sur la meilleure façon d’être présents le 22 avril au premier tour de la Présidentielle. Histoire de conjurer le 21 avril 2002. Et surtout de ne pas courir le risque d’une nouvelle séquence Sarkozy. Quelques uns «exigeait», sans ménagement, qu’on vote collectif pour le candidat de leur conviction ou de leur croyance.
Nous avions raison d’alerter, d’attirer l’attention de tous ceux qui s’aventuraient sur le terrain de «voter ça ne sert à rien»!
Et voilà qu’à vingt-heures de dimanche les estimations et ensuite les urnes ont confirmé que, dans cette première manche le président-sortant était battu «hip, hip, hip, hourra!». Euphorie de courte durée car derrière, un autre résultat se découvrait, celui de l’extrême-droite, avec 18,3% (en 2002 16,8%).
C’est à dire que dans ce pays il y a 6 millions trois cent mille personnes qui votent ouvertement extrême-droite et 9 millions trois cent mille qui votent pour le Président-sortant de droite dont certaines convictions et surtout certains de ses jeux tactiques sont proches du FN.
Certes ces nombreux électeurs « lepénistes » ne constituent pas un bloc homogène ni une adhésion partisane. Ce que les commentateurs appellent un « vote protestataire » mais dont il ne faut minimiser l’importance.
La question c’est qu’il s’agit bien d’une vague où l’extrême droite s’affiche sans complexe et, à mon avis, tant symboliquement que dans la réalité avec plus de force et de danger pour la démocratie qu’en 2002.
Quand je lis que c’est à « Hollande et aux "socialistes" de jouer. Ils sont confrontés directement à la colère sociale et, avec Sarkozy, ils sont les géniteurs de Le Pen », je pense qu’on ne rend pas service à la démocratie de lancer des anathèmes, «gratuitement blessants». C’est à nous tous de «jouer» ! La défense de la démocratie est aussi l’acceptation de nos différences et pas que dans le discours mais aussi dans nos actes.
La Sarkozie sait bien que «le vote leur sert, et leur donne la légitimité de poursuivre leur politique de démantèlement du service publique et de déconstruction de l’Etat». Je pense que nous devons l’affirmer car pour nous «le vote est important pour mettre en échec (renverser) leur politique et peser sur d’autres méthodes et d’autres projets».