Il en rêve, Me.Metzner, avocat de l'entreprise Bouygues, de "tordre le cou au Canard". Dans l'édition de ce jour, l'hebdo du mercredi raconte la longue audience qui a eu lieu le 18 janvier devant la 17ème chambre du TGI de Paris.
J'en avais mis un mot dans mon précédent billet mais aujourd'hui nous apprenons un peu plus. Faute d'arguments plus construits, le redoutable défenseur du bétonneur, interroge le directeur du Canard "pouvez-vous nommer vos informateurs?".
C'est un boulot d'enquêteur, ou d'interrogateur qui cherche à découvrir "mais c'est qui?" espérant qu’il lui « balance un nom ». En fait Le Canard n'a accusé personne, mais simplement écrit "qu'une information judiciaire, ouverte par le Procureur Jean-Claude Marin, et confiée à deux juges financiers du pôle financier", concernant ce qu’on appelle parfois le « Pentagone-Bouygues ».
Ecrire ceci n'accuse personne, ne dévoile rien, confirme simplement que la « justice investigue de ce côté-là » ce qui n'est pas interdit et, en démocratie, permet aux citoyens de savoir qu'une presse libre est aux avant-postes de l'investigation qui concerne les deniers publiques (en l'occurrence le projet, quelque peu controversé notamment par le Maire de Paris, du Pentagone à la française voulu par le Président-candidat dont son copain Bouygues est la tête de pont...).
Un journaliste de l'agence Reuters, un autre de l'AFP, ainsi que deux du Canard et son directeur ont apporté les précisions nécessaires pour éclairer les Magistrats. Interventions suivies aussi avec beaucoup d'attention par quatre "envoyés spéciaux" de la Maison Bouygues qui notaient "frénétiquement sur leurs iPhone" le déroulement de l'audience.
Et Sorj Chalandon, termine ainsi son article «Le siège du ministère public est resté vide tout au long de l'audience. Dommage, quelques questions au procureur auraient été utiles. Dont une toute simple: avez-vous oui ou non, ouvert une information judiciaire sur les conditions d'attribution de ce marché? Me. Antoine Comte, [avocat du Canard] rappelle qu'à aucun moment le parquet n'a démenti les informations du Canard. "Alors? De quoi parle-t-on dans cet article si ce n'est de l'actualité judiciaire? plaide l'avocat. On veut nous faire taire. On veut que personne n'ait le droit de parler tant que la justice ne s'est pas prononcée. Sauf que la Cour européenne et notre Cour de cassation disent exactement le contraire". Avant de réclamer des dommages et intérêts pour "procédure abusive" : 1 euro, pas plus, pour ne pas compromettre l'avenir du groupe Bouygues et de ses 130 000 salariés ».
En attendant le 14 mars, date du jugement, continuons à fréquenter notre marchand de journaux préféré, le mercredi, jour du Canard, et contribuer avec notre 1€20. C'est ainsi un soutien sûr au palmipède mais aussi et surtout notre façon de faire en sorte que la liberté de la presse ne soit pas bafouée et qu’elle soit diffusée.
http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/291211/tordre-le-cou-au-canard