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Billet de blog 25 février 2014

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El camino de Sheen et Estevez … en passant par Apocalypse Now

Le film, the way – la route ensemble m'avait beaucoup intéressé. C'était en quelque sorte un voyage «initiatique» ou de réconciliation posthume entre un père et un fils. Mais aussi sur l'amitié, la spiritualité du chemin de St Jacques, le sens que chacun, pèlerin ou marcheur lui donne, que veut-on faire de son «chemin de vie»!

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Le film, the way – la route ensemble m'avait beaucoup intéressé. C'était en quelque sorte un voyage «initiatique» ou de réconciliation posthume entre un père et un fils. Mais aussi sur l'amitié, la spiritualité du chemin de St Jacques, le sens que chacun, pèlerin ou marcheur lui donne, que veut-on faire de son «chemin de vie»!

Martin Sheen et Emilio Estevez lors du tournage

 J'avais alors fait un billet, le chemin en famille [http://blogs.mediapart.fr/blog/arthur-porto/280913/way-el-camino-en-famille]. 

En effet, pour l'histoire il s'agit d'un père (Martin Sheen) qui décide sur un coup de tête de faire le chemin de St Jacques suite au décès de son fils sur ce même chemin dès son premier jour de marche dans les Pyrénées, et qui était parti en conflit avec son père. L'honorable médecin Américain, ophtalmo, grand bourgeois, va découvrir la signification de cette longue marche... la vraie signification étant celle que chacun lui donne.

Film bien construit, avec des magnifiques prises de vue, un montage très efficace, une photographie bien en harmonie avec le propos du film et des interprétations à la hauteur de la qualité technique, notamment celle de Martin Scheen, star aux Etats Unis dont on se souvient d'Apocalypse Now ou de la série télévision «Maison Blanche» où il joue le Président Américain. Et comme tous les films qui racontent une "traversée" celle ci est une image particulière de ce pèlerinage, à "l'américaine" pourrait on dire.

Martin Sheen, nom de cinéma, s'appelle Ramon Estevez et est le père du réalisateur Emilio Estevez qui dédie le film à son grand-père Francisco Estevez. Il avait quitté sa Galice natale en 1916 pour arriver aux Etats-Unis à Ohio en 1919. Taylor Estevez, un des inspirateurs du film, fils d'Emilio, s'étant installé en Espagne sur le chemin, après avoir trouvé l'amour avec une jeune espagnole, fille d'aubergistes lors de son premier «camino». Ce film est devenu ainsi une création familiale!

 Dans ce contexte et pendant qu'il travaillait sur le montage de son film, Emilio Estevez propose à son père d'écrire une autobiographie à deux, une sorte de mémoires père-fils.

 Publié chez Bayard, en octobre 2013, ce livre est venu à la fois compléter l'intention et la démarche de The Way mais surtout décrire, faire le récit, donner à voir et à connaître la vie des deux personnages à travers une période de la vie cinématographique américaine et singulièrement de deux protagonistes, connus et reconnus dans le monde du cinéma depuis les années 70 jusqu'à nos jours.

 Dans des chapitres qui s'intercalent, tantôt l'un tantôt l'autre, qui se questionnent, s'interpellent, parfois se répondent, les deux deux auteurs, le père et le fils, l'acteur et le réalisateur, nous font parcourir le chemin de chacun pour entrer dans le métier, pour intégrer le milieu du cinéma, avec ses inconnues, ses plaisirs et déplaisirs et des moments de grandes difficultés personnelles, notamment l'alcoolisme du père, les séparations conjugales du fils.

Nous suivons leur récit des plateaux de cinéma, croisons Marlon Brando ou Denis Hopper, nous installons aux Philippines où Apocalypse Now a été tourné. Comprenons que pour le père, chaque tournage correspondait au déménagement de la famille, comme un saltimbanque qui est toujours en famille et pour le fils, qui a bénéficié de ces découvertes,  tout en décrivant des moments d'incompréhension face aux exigences paternelles.

Ce qui m'a le plus touché dans ce livre et parfois ému, c'est cette forme de se raconter, où on sent "le vrai", sans arrangements comme s'ils n'avaient pas ou plus besoin d’embellir le propos ou les séquences pour donner la bonne image. Les quelques pages sur les difficultés relationnelles, parfois violentes entre le père et le fils ou les désaccords sur la croyance du père et le refus agnostique du fils,  dévoilent l’engagement professionnel et personnel de cette presque auto-analyse à quatre mains!

* Editions Bayard, 2013, 394 pgs. Titre original "Along the way - le long de la voie".

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