L'histoire se déroule dans une capitale d'un pays du sud. Lors des élections municipales, les électeurs n'ont pas trouvé dans les candidatures présentées de quoi les intéresser et voilà qu'une grande majorité, plus de soixante-dix pour cent du total, le fait savoir en votant blanc.
Voilà le point de départ du livre de José Saramago, La lucidité, (éditions du Seuil oct. 2006). C'est un roman, comme une fable (genre que l'auteur affectionne), comme un cri de colère contre l'état du système démocratique.
Et il s'explique, dans un entretien publié par Dider Jacob, "nouvel obs-rebuts de presse-" du 26 octobre 2006, «dans une élection, on peut choisir de voter pour un parti, on peut rester chez soi, on peut rayer son vote ou on peut voter blanc. L’abstention, c’est la solution la plus facile, mais ce n’est guère significatif. Tandis que les gens qui font l’effort d’aller voter peuvent, par le vote blanc, exprimer d’une manière claire un mécontentement.»
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L'idée de faire cette référence au « roman-fable » du seul écrivain portugais ayant reçu le prix Nobel de la littérature, m'est venue sur les fils de plusieurs billets, à propos de l'abstention qui semble se dessiner comme l'expression majoritaire du vote du 7 juin.
J'ai eu l'occasion, dans des commentaires d'écrire et contribuer ainsi au débat, sur l'importance qu'il me semble avoir le vote des citoyens. En matière européenne (pas seulement), la considération ou le respect du suffrage universel amène beaucoup d'entre nous et d'une façon plus large la population à s'éloigner et se désintéresser de cette échéance.
Dans un commentaire, Philosophe écrit, « Le 7 juin, on peut faire ce qu'on veut, on peut faire n'importe quoi : ça n'a strictement aucune importance » en y ajoutant le lien vers http://www.golias-editions.fr/spip.php?article2850, une « lucide » analyse sur la situation avec ce titre « Pour le 7 juin, un seul mot d'ordre : faites n'importe quoi ! »
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Il me semble que si on ne trouve pas dans les listes en présence celle qu'on veut soutenir, si on veut manifester son mécontentement face au déficit de démocratie en matière européenne, il est important de le faire savoir.
L'abstention ne le permet pas.
Certes le vote blanc est compté comme nul, mais s'il devenait important au soir du vote, il prendrait une signification qui elle, ne serait pas nulle.