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Billet de blog 29 avr. 2015

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NON, tous les Portugais ne votent pas... Le Pen!

Pour contrer l'accusation du caractère raciste de son mouvement, Jean-Marie Le Pen a souvent mis à côté de lui des personnes de ce qu'on appelle les minorités visibles ou ayant un nom à consonance étrangère. Sa fille va au-delà de cette tactique et essaye d'enrôler dans les troupes du FN,  des immigrés (naturalisés français) mais surtout des enfants d'immigrés, deuxième et troisième génération. Une des nationalités « cibles » c'est la Portugaise.

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Pour contrer l'accusation du caractère raciste de son mouvement, Jean-Marie Le Pen a souvent mis à côté de lui des personnes de ce qu'on appelle les minorités visibles ou ayant un nom à consonance étrangère. Sa fille va au-delà de cette tactique et essaye d'enrôler dans les troupes du FN,  des immigrés (naturalisés français) mais surtout des enfants d'immigrés, deuxième et troisième génération. Une des nationalités « cibles » c'est la Portugaise.

On sait qu'après les Italiens et les Espagnols, c'est l’immigration portugaise qui est venue en grand nombre dans les années 60 et début des années 70 (considérée à un moment donnée comme la première nationalité des migrants, un million. Paris et la Région Parisienne étant alors considérées comme la deuxième ville du Portugal avec environ 300.000 ressortissants, plus que la ville de Porto à l'époque).

Après la réussite du Front National en 2002, on a vu des nouveaux militants arriver et, progressivement le nombre de ses candidats -vrais ou de complaisance- avec des noms étrangers est devenu une constante.

Et des noms d'origine lusitanienne sont apparus. En Île de France une vingtaine de citoyens luso-français figuraient dans les listes du FN notamment dans le Val-de-Marne, département où l'immigration portugaise des années 60 était nombreuse, bidonville de Champigny sur Marne ou Fontenay sur Bois. Dans la liste du numéro deux du FN, Louis Alliot, le compagnon de Marine Le Pen, une Portugaise et une Belge étaient candidates à Perpignan.

Une militante UMP, très active dans le 12ème, me disait que la gauche avait toujours favorisé le FN pour fragiliser la droite qu'elle appelle républicaine. Voisine de la Porte Dorée, farouche opposante de la Cité de l'Histoire de l'Immigration et défenseure du Ministère de l'Identité Nationale. Encore récemment elle m'a "servi l'argument qui tue"... D'ailleurs, affirmait-elle «les Portugais sont pour Le Pen, voyez chez Tonton à Nanterre, c'est un restaurant portugais que père et fille fréquentent et disent beaucoup de bien».

Le fait d'apprécier un restaurant n'est pas à proprement parler une identification partisane. Dans l'occurrence, ce bistrot-restau, situé rue des Suisses à Nanterre, là où se trouve le siège du Front National est devenu la cantine des troupes frontistes, où le patron, Manuel officie. Et il est tellement apprécié qu'en 2011 il a été invité par la famille Le Pen dans leur manoir de Montretout, pour les 83 ans du Chef. Dans une des photos, le patriarche (pas encore Président d'honneur comme aujourd'hui) est déguisé en pirate posant avec un bandeau sur l’œil (faisant penser à une époque où il apparaissait avec un bandeau noir sur l’œil, pas pour se déguiser...)

En février 1973

Manifeste contre l'extrême-droite

Au moment où le 25 avril, au Portugal et partout dans le monde commémorait la révolution des œillets, marquée cette année par les quarante ans de l'indépendance des colonies, en 1975, une initiative diffusée dans les réseaux sociaux est venue alerter la communauté portugaise en France.

C'est une universitaire qui a eu l'idée et pris la décision, d'abord en cercle restreint et ensuite plus largement, de diffuser un manifeste des «Citoyens portugais ou d’origine portugaise résidant en France» contre la monté de l’extrême droite en Europe, et en France.

Chercheuse en Philosophie Politique et Éthique, Enseignante universitaire, Luisa Semedo écrit ainsi que «Nous manifestons notre désaccord avec des propos, des idées ou des actions qui vont à l’encontre des valeurs de la République qui sont la liberté, l’égalité et la fraternité».

Dimanche dernier, avec Victor Pereira (Chercheur/ Historien à l'Université de Pau) un débat a eu lieu autour du fascisme où des migrants des années 60 mais aussi un jeune élu d'origine portugaise, ont rappelé l'origine sociologique de cette immigration, essentiellement rurale. Venus d'un pays de dictature, sans expérience démocratique et toujours pris par la peur du voisin, informateur potentiel de la police fasciste, ne s'autorisaient pas à exprimer une adhésion politique. Il a également été dit qu'en réalité cette population fait partie aujourd'hui des abstentionnistes l’effort de mobilisation étant, disait l'élu municipal de l'Oise, à développer des actions pour informer les jeunes issus de l'immigration.

C''est ainsi, que cette conférence-débat à Lusofolie's «lieu très investi par les lusophones de Paris et Région Parisienne, sur une base culturelle, conviviale et démocratique», a été comme le lancement public du manifeste qui a déjà recueilli plus de trois cents adhésions. Le patron du lieu, Joâo Heitor a souligné l'importance "historique" de ce manifeste d'une jeune issue de l'immigration. En quelque sorte, son initiative et son engagement rappellent aujourd'hui les combats démocratiques auxquels l'immigration portugaise a participé dans la vie politique et sociale en France depuis les années soixante.

https://www.change.org/p/citoyens-portugais-ou-d-origine-portugaise-en-france-unis-contre-l-extreme-droite?

Couverture du livre La Communauté Silencieuse, (Mémoires de l’immigration portugaise en France), sous la direction de Manuel Dias Vaz,

affiche du film de José Vieira

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