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Billet de blog 28 décembre 2014

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Ouvert le dimanche, et les bibliothèques?

Au mois de décembre avec ses fériés et ses ponts, les marchés de Noël, voilà que le débat sur l'ouverture des magasins le dimanche «fait rage». En fonction des opportunités commerciales, pour ceux qui peuvent y avoir accès au fort de la consommation et ceux qui en ont besoin pour quelques euros de plus et travaillent ces dimanches justement pour les utiliser dans les fêtes de fin d'année. A ceci s'ajoute le projet de loi Macron, le bien-fortuné ministre de l'économie, qui prône l'ouverture des magasins le dimanche, pour les supposées retombées financières pour le commerce et pour l'emploi. Au PS il y en a ceux qui sont presque pour, ceux qui sont presque contre et la droite qui est pour à droite toute, c'est à dire au-delà même de Macron. Ce billet n'est pas une énième contribution au débat sur l'intérêt ou pas de l'ouverture des magasins le dimanche. Je ne vais pas non plus commenter la tirade de M.Vals à Londres «les commerces à Paris seront ouverts tous les dimanches», comme s'il était le Maire de la capitale, annonçant en Angleterre ce qui est bon pour les affaires.... GdB in gdblog.info

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Au mois de décembre avec ses fériés et ses ponts, les marchés de Noël, voilà que le débat sur l'ouverture des magasins le dimanche «fait rage».

En fonction des opportunités commerciales, pour ceux qui peuvent y avoir accès au fort de la consommation et ceux qui en ont besoin pour quelques euros de plus et travaillent ces dimanches justement pour les utiliser dans les fêtes de fin d'année. A ceci s'ajoute le projet de loi Macron, le bien-fortuné ministre de l'économie, qui prône l'ouverture des magasins le dimanche, pour les supposées retombées financières pour le commerce et pour l'emploi. Au PS il y en a ceux qui sont presque pour, ceux qui sont presque contre et la droite qui est pour à droite toute, c'est à dire au-delà même de Macron. Ce billet n'est pas une énième contribution au débat sur l'intérêt ou pas de l'ouverture des magasins le dimanche. Je ne vais pas non plus commenter la tirade de M.Vals à Londres «les commerces à Paris seront ouverts tous les dimanches», comme s'il était le Maire de la capitale, annonçant en Angleterre ce qui est bon pour les affaires....

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Bibliothèque tous les jours, même le dimanche!

Pour ma part, sachant que s'il y avait des retombées, elles ne seraient pas financières, je rappelle que les bibliothèques sont fermées les dimanches, les jours fériés et le soir. Du coup il serait légitime qu'à l'occasion de la réflexion sur les bienfaits de la consommation du 7ème jour et le repos dominical, le schéma d'ouverture de ce service public soit repensé, réétudié et adapté au contexte de vie actuelle.

En octobre dernier, Patrick Weil, Président de Bibliothèques sans frontières, dans une tribune publiée dans le Monde, soulignait "l'exception française" qui est la fermeture des bibliothèques: «En Europe, les bibliothèques des grandes villes ouvrent le dimanche et tous les jours de la semaine jusqu’à 22 heures. A Copenhague, elles ouvrent cent heures par semaine contre trente en moyenne en France, quarante heures dans nos plus grandes villes».

«D’ailleurs, quand, par exception, les bibliothèques municipales de Montpellier, Nancy ou Boulogne ouvrent le dimanche, leurs maires (gauche ou droite) peuvent en témoigner c’est ce jour-là que la fréquentation est la plus élevée, plébiscitée par les jeunes et les familles. Car une bibliothèque a bien plus à offrir qu’une collection de livres. Elle donne libre accès aux nouveaux instruments de l’éducation, de la culture et de l’information, aux technologies et à l’Internet».

L'intérêt de cette question n'est pas un pendant ou un donnant-donnant à la fièvre des magasins du dimanche. Et ce n'est pas non plus parce qu'à l'étranger "c'est mieux" (même si parfois ça peut aider). Il s'agit de prendre conscience de l'importance de l'ouverture de ces lieux de loisirs, d'apprentissage, de culture, de découverte que la bibliothèque peut représenter. Offrir "gratuitement", alors que tous les divertissements et lieux de loisirs du dimanche sont payants, un lieu permettant aux jeunes et moins jeunes de diversifier leurs activités, comme par exemple, les émissions de dimanche après-midi de TF1...! Pour les lycéens ou les étudiants, pouvoir fréquenter la bibliothèque le dimanche leurs ouvre des possibilités d'étude, car souvent, les conditions de logement ne le permettent pas quand tout le monde est à la maison... Et cette réflexion pourrait s'étendre à l'ouverture le soir, voir l'ouverture pendant les vacances scolaires. Dans une grande ville, pendant les vacances scolaires les bibliothèques de la commune n'ouvrent que par roulement, pour que le personnel prenne ses congés.

Actuellement le manque de personnel se fait aussi sentir à Paris, certaines bibliothèques ont déjà supprimée une demi-journée, voir deux dans des réaménagements à venir en 2015. A Marseille, depuis septembre «les "petites" bibliothèques du Panier, des Cinq-Avenues et de Castellane ont perdu un jour entier d'ouverture au public. Au Panier, le lieu est donc fermé trois jours sur sept. Celle de Bonneveine a également perdu six heures d'ouverture au public. Cette logique restrictive touche également l'Alcazar. Depuis trois mois, le service Lire autrement destiné aux déficients visuels est fermé faute de personnel pour le faire vivre» (in billet de la rédaction de Mediapart, qui renvoi à Marsactu, répertorié plus bas).

La question qui brûle les lèvres est toujours posée: qui paie? Puisqu'il s'agit d'un service public, ce sont les contribuables, c'est à dire l'ensemble des citoyens. Il concerne donc l'affectation budgétaire d'une politique de la culture. Et ceci est aussi vrai pour l’État que pour les municipalités, le pouvoir local. Ce sont les Maires qui peuvent décider des horaires d'ouverture. La question est donc la volonté politique d'investissement dans la culture, l'apprentissage, le loisir de la connaissance, de la curiosité que les bibliothèques et les professionnels qui y travaillent peuvent susciter.

La pétition lancée il y a un an (janvier 2014) par Bibliothèques sans frontières pour l'ouverture des bibliothèques le dimanche avait recueilli plus de 10.000 signatures en trois mois (http://www.bibliosansfrontieres.org/)

«... Prévoir que, dans les villes de plus de 10.000 habitants, une bibliothèque de garde soit ouverte le dimanche, voire les soirs de la semaine. Des solutions existent, appliquées par des sites pionniers en France: décalage des horaires de travail, recours à des emplois étudiants pour épauler les bibliothécaires, ouverture partielle des surfaces d’accueil, aménagement de plages de récupération et compensations financières».

Et pour ce qui est des recettes, une idée simple: «Parce qu’il faut un peu plus de moyens pour assurer une ouverture de qualité, l’occasion en est donnée: pourquoi ne pas créer un fonds de soutien auquel serait affectée une partie des recettes fiscales produites par la consommation du dimanche?», écrivait Patrick Weil, dans son article.

L'ouverture des bibliothèques et des médiathèques le dimanche est bien plus complexe que les idées qui peuvent être lancées ou suggérées dans ce billet. En revanche la réflexion qui puisse être engagée avec les professionnels, les usagers, les élus, les associations de quartier, ouvrirait vraisemblablement à d'autres idées, d'autres perspectives pour que d'une part soit facilitée la fréquentation pour les collégiens-lycéens-étudiants, d'autre part que les nouvelles formes de diffusion de la culture, des connaissances et des loisirs, bénéficient de ces espaces, le jour où jeunes et adultes sont davantage disponibles.

Et les citoyens-électeurs ont, dans cette perspective, un outil que les élus affectionnent beaucoup (même s'il est bien insuffisant parfois).

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