Pour certains spectacles on aimerait, après le symbolique baisser de rideau, rester à sa place, sans bouger, pour s'empreigner, s'enivrer, se relâcher dans la plénitude des images, des sons, des mots.
A la fin du Miroir de Jade, dans son silence, nous restons encore dans l'émotion de ce mouvement de vie entre la désespérance et le combat le plus naturel, le plus vrai, sans échappatoire, celui du corps.
C'est au Théâtre du Rond-Point (à Paris) que Sandrine Bonnaire nous invite à une magnifique renaissance, une danse qui vient du plus profond de soi jusqu'à l'épanouissement, le plus beau sourire d'une actrice adressé au public à la fin, au moment où nous aussi redécouvrons vraiment son visage qui s'éclaire.
Une femme est dans le coma, dans la terrible nuit, dans quelque chose qui serait de l'au-delà et pourtant si proche de nous, dans cette proximité qu'un jour ou l'autre nous observons impuissants, autour de nous, ce lien que nous cherchons sans écho, ce désir de donner la main sans être pris, ces mots qui se disent que nous savons incompréhensibles et non "entendables".
Oui, nous la connaissons, l'apprécions, pour certains nous l'aimons, comme actrice de cinéma. Nous l'avons lu, Le soleil me trace la route (éd. Seuil 2010).[ici] Nous avons été touchés par le documentaire TV, en 2007, sur sa sœur, Elle s'appelle Sabine.
Et là, elle va encore plus loin. Elle nous offre par le combat de son corps, la brutalité dans la souffrance que nous ressentons présente, oppressante, douloureuse, une épreuve qui se conclue par une preuve de vie. L'éclatement de joie dans une enveloppante et puissante progression avec un accompagnement musical très ajusté à une sorte de remontée vers le jour, la lumière.
Ce spectacle, entre théâtre et danse, travail très personnel, très créatif, naissant d'une amitié dans la vie qui se complète sur scène. Pour le spectateur, une larme qui se faufile d'émotion, de joie et faite de renaissance!
* au Théâtre du Rond-Point (Paris) conception et interprétation Sandrine Bonnaire, conception, mise en scène et chorégraphie Raja Shakarna et avec Pauline Bayle, Elisa Gomez, création musicale et interprétation Gaguik Moradian (kamantcha) et Yi-Ping Yang (percussionniste). Jusqu'au 11 avril 2015.
* * http://2014-2015.theatredurondpoint.fr/saison/fiche_spectacle.cfm/183773-le_miroir_de_jade.html