Il y a une multitude de raisons, bonnes ou mauvaises, pour expliquer (justifier disent certains) l'abstention. Entre autres on souligne parfois le désintérêt, l'incompréhension, le manque de visibilité, le ras-le-bol, le tous pourris... Il y a aussi celle de l'exemple, ce que l’exécutif en l'occurrence donne à voir, laisse transpercer, expose sans détours. La méthode Hollande en la matière est visible, assumée et nuisible pour la démocratie.
Quatre exemples, quatre cas d'école.
* A la suite des élections municipales, le chef du Parti majoritaire, au pouvoir, vue la déconfiture socialiste, est limogé par ses camarades et promu par le Président, sous-ministre chargé des Affaires Européennes. Peu importe qu'il ait été un des plus mauvaises élèves au Parlement Européen (en termes d'assiduité), peu importe que quelques semaines après les élections européennes aient lieu. Ce qui est important c'est de caser le «petit camarade», et l'Europe sert à ça...
* * Lors des élections municipales le ministre de l'économie et des finances, Pierre Moscovici, a été battu dans son fief à Valentigney (Doubs) n'ayant obtenu que 48,55 % des voix face au candidat divers droite. Aujourd'hui il est pressenti, c'est même la proposition du Président, pour qu'il devienne Commissaire à Bruxelles au nom de la France. Éconduit comme ministre de la République, battu dans la liste des municipales (figurait en troisième position), il va devenir représentant de la République à l'Union Européenne.
* * * Adeline Hazan, magistrate, ayant dirigé le Syndicat de la Magistrature pendant quatre ans (1986-90), a été battue aux élections municipales 2014 (même si elle n'a pas démérite, disent les commentateurs). Elle va être nommée par le Président de la République, Contrôleur général des lieux de privation de liberté en remplacement de Jean-Marie Delarue dont le mandat arrive à terme et n'est pas renouvelable. Mme Hazan a recueilli 53 suffrages favorables et 36 défavorables, au sein des commissions des Lois.
* * * * Le poste de Défenseur des droits, institué par la Sarkozie, tant décrié par l'opposition d'alors, va être pourvu par un chiraquien qu'on disait tendance Pasqua, plus tout jeune, avec des positions conservatrices notamment sur la dépénalisation de l’homosexualité et connu pour sa position d'une indépendance mesurée, voire limitée du Parquet. Malgré ses 73 ans, le Président a préféré ressusciter un ex-adversaire démontrant ainsi le peu de cas qu'il peut faire sur l'indépendance, l'intégrité politique, l'ouverture à l'évolution de la société. Son passage au Musée de l'Histoire de l'Immigration, dans la période controversée du ministère de l'identité de la Sarkozie, ne justifie en rien ce geste qui tient moins de la démocratie et davantage de l'effet du monarque républicain.
Alessandro Gatto, Italie, "Riches, pauvres et indignés" in PortoCartoon 2012
Pour le citoyen, au fait des débats contradictoires, des arguments et de la politique des Partis, des éditoriaux de la presse nationale, de l'engagement Républicain, cette façon de faire ne peut que soulever des objections sur le mépris affiché pour la chose publique, pour le respect des institutions, pour l'exercice de la démocratie.
Pour le citoyen, dont la source d'analyse politique est le journal de TF1, cette valse des «remerciés» d'un côté et «bien nommés» de l'autre, suscite les réactions propres au café du commerce. Pas bon pour le PS mais bons pour l'Europe. Pas à la hauteur pour les rémoises et les rémois, mais apte pour s'occuper des prisons. Au lieu d'une retraite de fonctionnaire, le Président « ressuscite » pour les besoins de la cause chiraquienne un ex-pourfendeur de l'indépendance de la Justice. Ils ne lâchant rien et utilisent la démocratie comme un bien privé pour leur clan! à quoi bon leur apporter un bulletin de vote aux élections qu'ils organisent pour leur légitimité?