ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

855 Billets

2 Éditions

Billet de blog 29 octobre 2014

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Le Canard s'invite chez Lepaon!

Quand j'étais bien plus jeune, travaillant en usine, militant syndical, immigré de surcroît, les conditions étaient réunies pour qu'un stage de formation ouvrière me soit proposé fin des années 60. Entre autres interventions, celle de Henri Krasucki (dont je garde un souvenir ému) alors directeur de la Vie Ouvrière. Le thème, la presse de classe. Entre autres choses, il m'est resté un commentaire sur Le Canard Enchaîné, "journal que le patronat soutenait car il était anti-communiste et anti-ouvrier et que le pouvoir gaulliste tolérait".

ARTHUR PORTO (avatar)

ARTHUR PORTO

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand j'étais bien plus jeune, travaillant en usine, militant syndical, immigré de surcroît, les conditions étaient réunies pour qu'un stage de formation ouvrière me soit proposé fin des années 60. Entre autres interventions, celle de Henri Krasucki (dont je garde un souvenir ému) alors directeur de la Vie Ouvrière. Le thème, la presse de classe. Entre autres choses, il m'est resté un commentaire sur Le Canard Enchaîné, "journal que le patronat soutenait car il était anti-communiste et anti-ouvrier et que le pouvoir gaulliste tolérait".

Découvrant alors la presse française, ayant travaillé pour la presse dans mon pays d'origine y compris dans un petit journal qui se prétendait humoristique (ceci sous la censure d’État), j'étais curieux de tout papier imprimé et le Canard ne me semblait pas «un torchon patronal». Cinquante ans après, je me dis que la preuve m'est apportée qu'il est du côté du patronat en ayant  révélé ce jour que le camarade Lepaon bénéficierait, aux frais des camarades de la CGT,  d'un confortable 120m2 à l'orée du bois de Vincennes, dont les travaux de rénovation auraient côté environ 130.000 euros (ce qui est une économie par rapport au devis initial car il aurait finalement renoncé à sa cave à vin et à une salle dite "home-cinéma"). Le Canard, se déchaîne ainsi contre le chef de la classe ouvrière syndiquée, comme s'il n'avait pas le droit de se détendre dans un cadre plaisant et bien installé...!
* * *
Tout ceci serait dérisoire, et que M. Lepaon s’accorde des avantages en nature pour son logement de fonction, bien en deçà d'autres PDG, c'est son affaire et de ses compères. La question c'est que nous sommes dans une période dite de crises -multiples-, où d'un côté comme de l'autre ceux qui peu ou prou sont dans les sphères dirigeantes essaient de tirer à soi (et certains réussissent) la couverture des avantages. Des petits ou gros profits, bien ou mal acquis, mais qui viennent contribuer à ce climat des affaires au grand jour de la Sarkozie ou des affaires en catimini de l'Hollandie.
C'est la démocratie, qu'une fois encore est bien malmenée. Nous avons besoin de syndicats forts pour faire face à un patronat qui reste droit dans ses bottes de sa toute puissance, légitimée par une économie financière triomphante (grâce à la crise), mais là, les salariés de base se confrontent aux petits arrangements du camarade Thierry, qui est bien en désamour (qui veut sa peau?) au sein même de son organisation!
Et à propos du Canard, il fait partie de mon menu du mercredi. Parfois il m'agace, parfois il m'épate, son parti pris ou sa mauvaise foi me réjouissent ou m'indignent, mais il me semble toujours contribuer à une certaine salubrité de l'opinion publique;  à chacun de ses lecteurs de prendre ou laisser en lecteur adulte, critique et qui prend pour son argent.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.