Le ballet ministériel du 9 septembre!
Un jour historique ce 9 septembre 2025. Le matin Bayrou présente sa démission au Président et fin d’après-midi Lecornu, ministre des armées démissionnaire depuis quelques heures, est nommé premier-ministre par Macron… Ça rappelle le ‘‘pousse-toi de là que je m'y mette’’.
Même pas le temps de respirer le Président, ni de réfléchir à ce que symboliquement représente ce jeu, en nommant un ministre-démissionnaire dont le gouvernement vient de perdre la confiance au parlement. En quelque sorte une façon de passer outre l’acte démocratique de l’Assemblée. Pas voté la confiance, c’est qu’il y a défiance, pas pour tout le monde et le Président lui donne sa confiance.
Sébastien Lecornu est surtout un fidèle et très proche compagnon de route depuis 2017. Il était le porte-parole de la campagne de Fillon, mais voilà que les révélations du Canard sur l’affaire Penelope changent la donne et il se rapproche en courant de Macron. Bien vu, dès le premier gouvernement il est nommé secrétaire d’État. Et sera ministre par la suite dans tous les gouvernements Macron.
Trois jours après sa nomination, il décide de descendre à Mâcon (est-ce dû à la proximité avec le nom de son patron...Mâc(r)on -un mot, deux mots-?). Il y va pour parler santé, sans qu’on sache comment en trois jours il a pu trouver des promesses à faire sur les ‘‘Maisons de Santé-France’’, lui qui étaient aux Armées.
Ce samedi matin, lors de son déplacement à Mâcon, il déclare que ‘‘l’hôpital de Mâcon était neuf’’… selon le Journal de Saône et Loire, c’est ‘‘loin d’être le cas malgré d’importants travaux de rénovation ces dernières années’’.
Pour l’opération médiatique Lecornu était accompagné de deux ministres-démissionnaires, Vautrin, la ministre-sortante du Travail, de la Santé, et du ministre-sortant de la Santé et de l’Accès aux soins Yannick Neuder. Et, pour s’informer en toute transparence, ‘‘Le Premier ministre a demandé aux journalistes de se retirer, le temps d’un échange loin des caméras pour pouvoir discuter librement avec les élus et responsables locaux des structures de soins’’.[in Ouest-France, Lucie Bras, 13/09/2025]
La rupture dans la continuité !
C’est une autre nouveauté, il se déplace sans gouvernement mais avec des ministres démissionnaires. Peut-être sont-ils assurés d’être repris dans leurs fonctions, en tout cas ils se comportent comme tel.
C'est ainsi le comportement de son ex-collègue et président des Républicains donne de la voix à tout moment, contre la gauche manifestante, contre les drapeaux palestiniens le jour où la France reconnaît la Palestine, et apporte "tout son soutien et toute son amitié dans l'épreuve traversée" à Nicolas Sarkozy.
Trop occupé, dit-on à l’Élysée, à recevoir les syndicats, les partis, les clubs, les personnalités... Lecornu est très pris et le prochain gouvernement se fait attendre. La rumeur se propage et il semblerait que les grosses pointures, police, justice, culture, travail, santé, éducation… ne bougeront pas et que finalement c’est la rupture dans la continuité !
On prend les mêmes (ou presque) et on recommence. Et en effet il n’y a pas de raison de respecter la démocratie aujourd’hui plus qu’on ne l’a pas fait hier. Par ailleurs la dette tant agitée par Bayrou (résultat tout de même de huit ans de politique économique de Macron-Le Maire) paraît moins volumineuse sous Lecornu, il a décidé de faire une "page blanche", et à la poubelle la suppression des deux jours fériés.
Pour le reste, la reforme des retraites on n’y touche pas et pas de taxe Zucman consistant à taxer à hauteur de 2 % par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros. 1.800 familles concernées, qui pourront dormir tranquilles et ne seront pas obligés de faire de l’exil-fiscal.
‘‘Ma méthode, un gouvernement quand je veux’’!
Vingt jours après sa nomination Lecornu n’a pas trouvé son gouvernement, est-ce qu’il a cherché ? Va-t-on savoir, il a beaucoup reçu, beaucoup entendu, pas beaucoup parlé et, pour le moment le résultat est nul.
Et finalement tout le monde s’accommode. Les médias ne sont pas très regardants et tout compte fait les ministres-démissionés font le job et le Président approuve «Il faut laisser le premier ministre faire ce travail», a insisté le chef de l’État, sur BFMTV.
Nous assistons encore à une utilisation de la démocratie de façon à justifier et conforter les choix d’un Président qui nomme un collaborateur pour mettre en place ses désideratas et les futurs-ministres à son goût.
La colère est grande (vu les 10 et 18 septembre) car la situation sociale et économique de la majorité de la population est précaire et va croissante. Le secteur public dans le cadre scolaire, celui de la santé, de la justice… sont démantelés progressivement et même celui de la protection de l’enfance est absorbé par des entreprises privées.
Et on constate la progression, telle une entreprise tentaculaire, de l’extrême-droite que les huit ans de Macronie ont contribué à nourrir leur objectif de prise du pouvoir.
C’est par la mobilisation collective, avec les associations, les organisations syndicales, les initiatives citoyennes, la rue, les médias indépendants… que nous pourrons y résister, en défendant des solidarités et une autre fraternité. Pendant ce temps-là, les groupes et mouvements politiques mesurent, se mesurent, pour savoir qui sera ‘‘plus à gôche que moi tu meurs’’ ou celui qui mettra la ‘‘censure’’ avant tout le monde, comme on met ‘‘la charrue avant les bœufs’’.
Nous avons, me semble-t-il besoin de beaucoup d’échanges, de concertation, de partage ouvert et de combat face à ce pouvoir destructeur du tissu social. Pour l’heure la justice prend sa part en cherchant à asseoir son indépendance mais l’exemple du récidiviste Sarkozy, démontre bien jusqu’où la corruption peut miner le droit et l’État.
La presse "officiel" des puissances de l'argent inondent les ondes et les réseaux sociaux d'une propagande mensongère et mortifère. Nous ne sommes pas encore là mais le nouveau pouvoir politique en Amérique, de plus en plus violente et anti-démocratique, est ‘‘observé et envié’’ avec sympathie voire adhésion par un nombre important de futurs candidats aux échéances électorales.
-l-inconnu-lecornu-mis-a-nu-et-a-dia
"L'inconnu Lecornu mis à nu et à dia"
Dans son édition du 17 septembre, une bonne demi-page nous dévoile et nous raconte Lecornu à la manière du Canard...