La compagne d’André Escaro, un des dessinateurs historiques du Canard Enchaîné aurait été rémunérée depuis 1996, sans travail "spécifique" jouant le rôle d'assistante "épaulant" le travail de dessinateur d'Escaro. Au moment de sa retraite, ne pouvant pas cumuler avec un autre revenu, il aurait cédé à l'insistance de la direction du journal pour poursuivre sa collaboration. Il serait ainsi convenu entre les parties que sa compagne l'aiderait à récolter le matériel nécessaire et qu'elle serait payée pour ses dessins. C'est en tout cas ce qu'expliquent à la Une, ce mercredi, les administrateurs du Canard.
C'est Escaro qui a débusqué, par un hasard heureux, des faux-plombiers et des vrais-policiers qui installaient des micros dans la rédaction pour espionner le Canard. C'était en 1973, sous le ministre Marcellin. Par la suite, cette performance (agents de la DST déguisés en plombiers, une sorte de Canardgate) a fait passer, du ministère de l'intérieur à celui de l'agriculture, "de la matraque à la charrue", titrait alors le palmipède... qui avait vu ses ventes se multiplier joyeusement.
Or, depuis 24 ans, voilà que les vrais-dessins d'Escaro rapportaient de l'argent à une fausse-dessinatrice. Non, ce n'est pas de même nature la forfaiture. Autant une est grave en démocratie, autant l'autre pourrait prêter à sourire par une déviation du droit, "pas très catholique" (forcément il est athée) où le travail de l'un est empoché comme salaire par une autre, ici une porte-mine...
Ce qui aurait pu être le fait d'un arrangement de quelques semaines pour trouver une place méritée au retraité Escaro, devient un abus du droit du travail dont mon hebdo du mercredi a toujours été un pourfendeur et à juste titre.
Mercredi prochain j'irai encore chez mon marchand de journaux, chercher le Canard, mais un peu triste...
et un souvenir de Cabu...
* C'est Christophe Nobili, journaliste au Canard depuis une quinzaine d’années, qui a déposé une plainte contre X, le 10 mai, pour "abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux", quand il a découvert cette pratique où la compagne d’un des dessinateurs historiques du journal, et longtemps administrateur, aurait bénéficié d’un emploi fictif pendant environ vingt ans. C'est dans le cadre des "lanceurs d'alerte" que le journaliste a agi. En 2017, avec Isabelle Barré, et Hervé Liffran, Christophe Nobili avait participé à l'enquête sur l’emploi fictif de Penelope Fillon auprès de son mari, François Fillon, lorsqu’il était député. On sait le retentissement de cette révélation du Canard!