Dans une vidéo publiée le 30 octobre par les trois grévistes de la faim à Calais, Philippe Demeestère a dit : « nous ne pouvons pas séparer leur histoire de la nôtre ». Cette phrase porte en elle toute l’ambition qui doit motiver nos engagements contre la misère où qu’elle soit.
Lier son histoire à celles des plus exclus permet de faire avancer toute la société. C’est le sens de ce que nous appelons l’alliance au sein de notre Mouvement ATD Quart Monde. Une alliance entre exclus et non-exclus qui créée une histoire commune, un combat commun pour la dignité.
Pour près de 1500 personnes exilées près de Calais, leur histoire est faite d’expulsions répétées, de violences, d’errance et de droits qui ne sont pas respectés.
Cette histoire s’inscrit dans l’histoire plus vaste de l’accueil des exilés dans notre pays. L’État y joue un rôle prépondérant en notre nom à tous. Personne ne souhaite que ces personnes survivent dans des conditions indignes. Et pourtant, les politiques mises en place sur le terrain ne font que dégrader et tendre la situation. De nombreux observateurs locaux, le Défenseur des droits, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), Human Rights Watch, ont largement documenté les violations des droits humains dont sont victimes les exilés.
Face à ce constat implacable, l’État doit sortir du déni et s’engager pleinement dans le respect des droits conformément à ses engagements internationaux et aux valeurs qui fondent notre société.
Au premier jour de la trêve hivernale, après 22 jours de grève de la faim, la médiation mise en place n’a toujours pas abouti malgré des revendications pourtant claires et légitimes dans un État de droits comme le nôtre : stop aux expulsions pendant la trêve hivernale, stop au racket des affaires des exilés et ouverture du dialogue entre les autorités et les associations non-mandatées.
Pire encore, l’État n’envoie aucun signal d’apaisement en continuant les expulsions aujourd’hui même comme le souligne les trois grévistes.

Si « nous ne pouvons pas séparer leur histoire de la nôtre », si le mot fraternité n’est pas un vain mot de notre devise républicaine, alors continuons à nous mobiliser.
Signez la pétition : http://t.co/6ZpcUSE0NU
Marie-Aleth Grard, présidente d'ATD Quart Monde