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Billet de blog 3 septembre 2020

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Les plus pauvres sacrifiés dans le plan de relance

Les personnes en situation de pauvreté sont celles qui bénéficieront le moins des mesures du plan de relance présenté aujourd'hui par le gouvernement.

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Mais où est passée l’ambition qu'à la crise du Covid 19 succède un « monde d'après », plus juste socialement et plus respectueux des équilibres naturels ? Alors que le gros de la crise économique et sociale est encore à venir et que les personnes en situation de pauvreté et de précarité sont déjà durement impactées, elles restent celles qui bénéficieront le moins des mesures du plan de relance présenté aujourd'hui par le gouvernement.

Le « soutien aux personnes précaires » ne représente que 800 millions d’euros, comprenant surtout la hausse de l’allocation de rentrée scolaire et le repas à 1 euro en resto universitaire (qui ne concerne que très peu de jeunes en situation de grande pauvreté). Alors que la paupérisation des 15-30 ans ne cesse d’augmenter, le plan de relance ne comporte aucune mesure qui garantisse un emploi et un revenu décents aux jeunes les plus exclus. La Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté annoncée en 2018 semble bel et bien oubliée.

« Quand Notre Dame a brûlé, dit une femme en grande précarité, on a trouvé de l’argent en un week-end. Quand une compagnie d’avion est en difficulté, on trouve de l’argent. » Quand des millions de personnes sont en manque d'emplois, de logements et de revenus décents, pourquoi n'y parvient-on pas ? On sait pourtant qu'en plus de redonner une place et et de permettre à chacun d’exercer sa dignité, les mesures de justice économique et sociale bénéficient par ricochet à toute la société.

Au contraire, alors qu'il faudrait d'abord soutenir les populations les plus précarisées, la transition écologique, le logement et l'emploi, l’essentiel des 100 milliards d’euros du plan de relance bénéficiera directement aux entreprises, sans contreparties écologiques ni de créations d'emplois, sous forme de réductions d'impôts et d'aide à la compétitivité. 100 milliards qui s'ajoutent aux 150 milliards de subventions diverses qu'elles perçoivent déjà chaque année.

Il y a aujourd'hui en France plus de 10 Millions de personnes sous le seuil de pauvreté, alors que la richesse de notre pays a augmenté de plus de 10 % depuis 2008. Les mesures budgétaires votées en 2018 et 2019 ont abaissé de 1 % le pouvoir d’achat des 9% les plus pauvres et ont augmenté de 6 % celui des 1% les plus riches.

Nul doute que ce plan de relance, qui n'a pas été réfléchi avec la société civile et les acteurs de terrain dont on a pourtant mesuré le rôle vital pendant la période de confinement, va encore amplifier ces inégalités. Nous demandons que son impact soit évalué à l'aune des 10 % les plus défavorisés de la population, comme devrait d'ailleurs l'être dorénavant toutes les lois soumises aux études d'impact.

C'est avec des politiques publiques pensées, mises en œuvre et évaluées avec tous, et avec des mesures qui s’inscrivent autant dans une approche globale des droits que dans une stratégie de transformations sociales et environnementales que la pauvreté pourra être éradiquée.
Marie-Aleth Grard, Présidente d'ATD Quart Monde

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