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J’ai eu la chance de participer pour ATD Quart Monde à l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens. Dans le prolongement de nombreuses initiatives citoyennes, cet événement biennal est un moment important de rencontres, de formation, de débats, de construction d’initiatives communes et d’actions concrètes, ainsi que des temps conviviaux et festifs.
« Il faut faire ensemble ! »
Ma dernière expérience avec une ambiance similaire a été le Forum Social Mondial qui s'est tenu à Salvador de Bahia au Brésil en mars 2018.
Je sais que, par ce genre d'événements, des sujets de fonds peuvent être abordés, comme par exemple la justice climatique, la criminalisation de la société civile, la place de l'homme dans les mouvements féministes, l’éducation, mais aussi et surtout le réseautage pour former ou renforcer de nouvelles alliances.
Arrivé sur place, ma première réaction a été : « mais en fait il n'y a pas que des jeunes ! », ma deuxième pensée a été : « heureusement, il faut que ces moments soient inter-generationnels, inter-culturels... sinon on se tire une balle dans le pied ! »
Il faut faire ensemble ! Mais laisser la place aux nouvelles générations. Chose qui n’est pas la plus aisée.
Personnellement, j'assiste à cette université d'été pour la première fois. Ma prochaine mission au sein d'ATD Quart Monde donnera une place centrale aux nouvelles formes d'engagements et au renforcement de nos groupes locaux en suscitant l'engagement des nouvelles générations. J'y vais donc avec cette attente de creuser ce sujet.
Mon premier atelier s’intitulait : « Quels espaces d'engagement politique pour la jeunesse dans les mouvements sociaux aujourd'hui ? »

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« Des jeunesses »
Soulignons-le tout de suite, il n'y a pas « une jeunesse » il y a « des jeunesses ». Alors, c’est vrai, les jeunes ne s’engagent plus pour la vie jusqu’à la mort, mais plutôt sur l’efficacité d’un engagement ponctuel pour des causes spécifiques.
Car oui 35 %* des 18-30 ans déclarent donner bénévolement de leur temps, quelques heures, à une association ou autre organisation au moins ponctuellement dans l’année.
Les jeunes Français présentent un taux de participation bénévole presque 2 fois plus important que le taux de participation mesuré au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne et en Italie. Loin être ridicule, les jeunes Français se classent deuxièmes derrière les Islandais.
J'ai 33 ans, je ne fais plus parti de cette catégorie de « jeunes » et pourtant je ne cesse d'être touché d'entendre « les jeunes ne s'engagent plus », « les jeunes sont devenus fainéants », « les jeunes sont devenus des assistés ». Cela me révolte, car dans les nouveaux combats gagnés il y a des « anciens », certes, mais les jeunes sont très présents. Prenons par exemple la ZAD de notre Dame Des Landes, le soutien aux migrants ou les actions contre l'évasion fiscale, les jeunes y ont une place centrale aux côtés des paysans, des chercheurs ou des marins.
Dans le monde actuel, les injustices qui appellent à l’action sont nombreuses : aux côtés des migrants, le réchauffement climatique, la grande pauvreté en bas de chez nous…
Car oui, un jeune de 20 ans va grandir dans un monde de plus en plus hostile, c’est pour cela que nous avons besoin de l’engagement des générations présentes et futures.
L’engagement bénévole varie en fonction de la situation des jeunes. Par rapport à leur situation vis-à-vis de l’emploi, de leur niveau de diplôme, de leur origine sociale ou de leur niveau de vie.
On observe des taux de participation bénévole plus faibles chez les jeunes parmi les moins favorisés. Cela s’explique par des vies de plus en plus difficiles, ayant eux-mêmes besoin d’être accompagnés.
Les plus engagés sont les étudiants (18-24 ans), et particulièrement ceux qui vivent chez leurs parents. Lorsqu’ils quittent le foyer familial, on observe un net recul de la participation associative.
Pour quoi les jeunes s’engagent ?
Les principales causes qui donnent envie aux jeunes de s'engager sont le sport, la santé, l'environnement, la jeunesse et l'éducation. Viennent ensuite le domaine social et la solidarité internationale.
Combien de jeunes portent les entraînements de foot de leur quartier ? Et ce jeune qui donne tout son temps libre pour soutenir sa famille car la mère est clouée au lit? Pour moi cela s’appelle aussi de l’engagement, un engagement du quotidien, invisible mais nécessaire.
Le jeune dispose de son temps selon ses priorités, et s’il ne lui en reste plus pour être aux côtés d’une organisation, cela ne fait pas de lui quelqu’un de désengagé.
Les jeunes que nous connaissons et qui ont accepté de participer à un sondage Européen en répondant à cette question : « A quoi rêves-tu ? » ont majoritairement répondu « Je rêve d’avoir une vie normale, d’avoir un travail ».
Alors oui les jeunes s'engagent si nous avons des propositions concrètes à leur faire. Pas pour une organisation, mais pour une cause juste et légitime et pour beaucoup, de manière ponctuelle.
Pour permettre leur engagement, il suffit de leur laisser de la place, de casser nos habitudes organisationnelles et surtout : de leur faire confiance.
La question à se poser reste : Comment transformer ces nouveaux jeunes bénévoles en alliés de demain ?

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Guillaume Amorotti, jeune volontaire permanent à ATD Quart Monde, a participé à l’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens qui s’est tenue à Grenoble du 22 au 26 août.
guillaume.amorotti@atd-quartmonde.org
* Source : Baromètre DJPEVA sur la jeunesse.