Durant son quinquennat, Emmanuel Macron a accru les injustices fiscales.
Il a supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour le transformer en maigre impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui exonère l’imposition des actifs financiers. Il a permis aux plus riches de voir leurs revenus financiers et leurs plus-values sur cession de titres financiers être imposés à un taux proportionnel avec le prélèvement forfaitaire unique (PFU), bien plus avantageux que le barème progressif de l’impôt sur le revenu. Ces deux mesures ont coûté la bagatelle de 5 milliards d’euros par an.
Emmanuel Macron a par ailleurs baissé le taux nominal de l’impôt sur les sociétés (IS) de 33,33 % à 25 % pour un coût budgétaire de 11 milliards d’euros, voire plus, en 2022. Il a accordé également 20 milliards d’euros de baisse des impôts locaux des entreprises baptisés « impôts de production ».
Par une opération de transfert de cotisations sociales sur la contribution sociale généralisée (CSG), il a voulu afficher une hausse du salaire net sans toutefois mener une véritable politique de revalorisation des salaires. A titre d’exemple, ce quinquennat est le premier au cours duquel la valeur du point d’indice des fonctionnaires n’aura pas été revalorisé.
Nul ne doute de sa candidature, comme nul ne doute qu’il poursuivra sur la même voie...
Pour certain·es candidat·es, cela ne suffirait cependant pas
Après avoir eu la peau de l’ISF, la droite souhaite accélérer et mène une nouvelle attaque brutale contre le système fiscal.Valérie Pécresse, Eric Zemmour et Marine Le Pen s’attaquent aux droits de donation et de succession, l’un des rares impôts progressifs. Fidèles aux conservateurs du XIXème siècle, leurs propositions, d’une part, provoqueraient un manque à gagner préjudiciable alors que les besoins sociaux, écologiques et économiques nécessitent des recettes publiques, et d’autre part, feraient exploser les inégalités.
Les mêmes proposent de baisser encore et toujours les impôts locaux des entreprises (notamment aux plus grandes). Et ce, au mépris du besoin de recettes publiques et des finances locales.
Les mêmes rivalisent de formules trompeuses sur le pouvoir d’achat en proposant que les particuliers s’autofinancent une maigre hausse du salaire net en contrepartie d’une baisse des recettes de la Sécurité sociale. Et ce, via la baisse de cotisations sociales salariales ou de la CSG selon les « formules ».
Les mêmes n'ont de cesse de minimiser l'importance de la fraude fiscale pourtant évaluée à 80 milliards d'euros pour mieux s'offusquer de la fraude aux prestations sociales, estimée à 3 milliards d'euros, et ce dans le seul but de discréditer la redistribution sociale et ses bénéficiaires. Le contrôle social plutôt que le contrôle fiscal en quelque sorte...
Les mêmes, enfin, n’évoquent la question de la dette publique que rarement, ou pour affirmer qu’il faudra la payer intégralement, par un système fiscal qu’ils auront abîmé et taillé sur mesure pour les plus riches et les grandes entreprises.
Fidèles aux positions des conservateurs du XIXème siècle, les néolibéraux d’aujourd’hui jouent donc la surenchère alors qu’Emmanuel Macron leur a pourtant donné satisfaction dans bien des domaines…
Face aux grands enjeux du moment, une réforme fiscale renforçant les impôts directs (seuls à même de tenir compte des « capacités contributives ») permettrait de dégager des recettes, de réduire les inégalités et de renforcer le consentement à l’impôt. Tout l’inverse de ce que proposent les tenants de l’idéologie néolibérale. Pour Attac, qui livre dans son Observatoire de la justice fiscale des réactions, analyses, explications pédagogiques et propositions, la justice fiscale, sociale et écologique n’est pas une option mais une urgence. Nous publierons prochainement un rapport sur ces « candidats des inégalités » qui proposent d'amplifier l'injustice fiscale.
Pour aller plus loin :
Rapprocher le salaire net du salaire brut : trompeur, pernicieux, dangereux, article du 17 décembre 2021.
Réhabiliter les droits de donation et de succession, note du 30 novembre 2021.
Macron : dépôt de bilan fiscal, note du 6 janvier 2022.
Les droits de donation et de succession dans le collimateur des néoconservateurs, article du 10 janvier 2022.
Inégalités, pauvreté, injustices fiscales : vers de tristes records, note du 20 janvier 2022.
Et toutes nos autres productions sur le site de l’Observatoire de la justice fiscale.