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Billet de blog 7 avril 2020

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Œuvrer pour l'achèvement d'un cycle, par Jean-Claude Grosse.

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Le jour d'après sera un jour calendaire, un jour naturel après une nuit naturelle, selon le rythme nycthéméral, un jour humainement compté par les calendriers inventés par les hommes c'est-à-dire un jour daté.

Le jour d'après sera un jour daté, décrété, un jour officiel, un jour politique, un jour décidé par des autorités politiques et publiques, ayant décidé de nous sortir du confinement, ce jour-là.

Le jour d'après sera un jour où des hommes politiques s'appuyant sur des experts d'hommes et de virus auront décidé dans le confinement de leurs bureaux que la guerre est finie. La guerre contre le virus. Contre le virus nommé couronne, coronavirus 2019, COVID 19, chakra coronal, vide, 19.

Comme l'a remarqué le virus, le chiffre 19 tombe bien : CAC 40 – COP 21 = COVID 19.

19, m'a dit le virus, signifie que vous ne devez pas attendre d’aide de l’extérieur, mais commencer votre voyage par vous-même, et cela vous mènera à de la satisfaction. Votre attitude positive ne sera pas utile que pour vous, mais aussi pour les autres. 19 vous demande de servir l’humanité de toutes les manières possibles. Votre but dans la vie est plus élevé que ce que vous recherchez. En aidant les autres, vous compléterez votre mission d’âme.

Donc tous les confinés ont pris conscience de leur mission d'âme, œuvrer pour l'achèvement d'un cycle, ouvrant la voie à un nouveau cycle, indéfini, inconnu. Ils ont compris que le virus 19 comme le nombre 19, nombre d'abandon, sont un chiffre et un virus annonçant de bonnes nouvelles.

Au petit matin du jour d'après, je me suis réveillé comme d'habitude, sans réveil, normalement, naturellement, selon mon horloge biologique. Assis sur le rebord du lit, j'ai dit merci la nuit, à la prochaine nuit, bonjour le jour de maintenant.

Je n'ai pas fait de différence. J'ai pris mon petit-déjeuner habituel, j'ai humé la peau de la mandarine quotidienne qui m'évoque le soleil comme ce fameux 19, seul nombre divisible par lui-même et par 1, le 1 qui vibre d'unicité, d'indépendance, le 9 qui mène à l'illumination, à l'éveil, à l'inspiration. Dans la Kabbale, le 19 invite à reconnaître la beauté cachée des êtres ou des circonstances difficiles à accepter. Il est une aide précieuse pour voir et aimer le Divin en chacun et en Tout. Il est une puissance de purification, de transmutation. L'amour absolu. J'ai pensé au préfet Didier Lallement et j'ai ri. Une heure après, calmé, j'ai essayé de lui envoyer de l'amour inconditionnel depuis le cœur.

Ayant incorporé par méditation et respiration contrôlée et relâchée alternativement, étant là et à côté de moi, là et au-dessus de moi, là et en dessous de moi, étant moi et dissous de moi, ayant incorporé l'amour comme puissance, comme force, comme énergie universelle, je ne me suis pas posé de questions philosophiques ou existentielles. Très calme à l'intérieur de moi, très brûlant du regard, le cœur et les poumons regorgeant d'amour, rayonnant d'une aura portée comme couronne de feu solaire, j'ai laissé monter, j'ai laissé venir, j'ai laissé diffuser, immobile, yeux fermés, ouverts.

J'ai été traversé par les cris de joie, les désirs de vivre, de jouir, de faire la fête. J'ai été secoué par les cris de rage, les désirs de vengeance, de justice, de nouveau monde. J'ai vu le blanc, j'ai vu le noir, je n'ai pas vu la balance qui pèse, je n'ai pas vu l'épée qui tranche.

Je suis allé faire quelques courses au village, du pain, des légumes et des fruits. J'ai repris un café, dehors sous les platanes, comme avant. Poli comme avant, tout sourire comme avant, avec un signe ou un mot pour chacun rencontré, sans précipitation, donnant à chaque moment son temps, recevant sans commentaires ni jugements les rêves et espoirs des uns, les colères et peurs des autres.

À mon retour, deux heures après, sur le palier, en haut des 54 marches, j'ai regardé les falaises à pic du Mont Caume qui se jettent sur le village. J'ai fermé les yeux, j'ai dit : je te livre espoirs et craintes de mes frères et sœurs. Transmutons-les en nuages féconds. J'ai expiré, un expir prolongé, harmonieux. J'ai inspiré une longue goulée de prana.

Jean-Claude Grosse, 4 avril 2020, Le Revest-les-Eaux, Villa Joie.

Jean-Claude Grosse est éditeur des Cahiers de l’égaré.

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